Nous avons appris avec une immense tristesse que notre amie Alice Mavian s’est éteinte le 6 décembre, après un long combat contre la maladie.
Par ses multiples activités, Alice était connue dans de nombreux cercles français ou arméniens.
Elle a grandi dans une famille rescapée du génocide et très jeune, elle a vu ses parents militer au parti communiste et au HOG. Fidèle à l’engagement de ses parents pendant la Seconde Guerre mondiale pour défendre la justice et la liberté, elle a elle-même continué à porter ces valeurs en s’investissant dans le travail de mémoire en direction des plus jeunes.
Alice a traduit les mémoires de déportation de Mihran Mavian, Par-delà les ténèbres, édité en 2010. La traduction de ce récit poignant de la déportation de son père interné au camp de Royallieu à Compiègne, déporté du
« convoi des Tatoués » et rescapé des camps d’Auschwitz, et de Flossenburg avait été une épreuve qui ne l’avait pas laissée indemne.
Comme beaucoup de femmes, Alice a dû se battre avec courage tout au long de sa vie pour mener en même temps sa carrière d’enseignante, au cours de laquelle elle a eu à cœur d’apprendre autant que de transmettre, sa vie familiale auprès de sa mère, de son fils et de son petit-fils et la vie associative où elle s’est beaucoup investie.
Passionnée de culture et d’art, Alice était toujours prête à encourager un artiste ou tenter de comprendre le monde de la création. Elle était une personnalité reconnue au sein de l’UCFAF et des autres associations de la communauté arménienne. Ses propositions étaient toujours novatrices et pertinentes.
Nous nous sommes connues en collaborant aux pages culturelles d’Achkhar. Lorsque nous avons dû arrêter sa publication, nous étions quelques-uns à refuser la perte d’un titre de presse arménienne. Alice a alors été l’une des fondatrices de la revue Alakyaz qui s’était donné pour objectif la diffusion de notre riche culture qui continue à s’épanouir de par le monde. En tant que rédactrice en chef, elle y a mis toute son énergie et sa ténacité pour rendre la revue la plus attractive possible. Rigoureuse, exigeante, elle tenait à ce qu’Alakyaz parvienne tous les 15 du mois chez les lecteurs. Jusqu’au dernier numéro, alors qu’elle était hospitalisée, elle a voulu participer à son contenu, par la relecture, par l’apport de textes ou par le choix de photographies.
Aujourd’hui, nous sommes dans la douleur d’avoir perdu notre amie avec qui nous avons échangé, discuté pendant de si longues années, parfois en désaccord, mais toujours avec l’idée d’améliorer ce que nous écrivions. Nous présentons nos plus sincères condoléances à Thierry, son fils et à Blaise, son petit-fils, ainsi qu’ à toute sa famille et à ses proches.
Anahid SAMIKYAN
la rédaction d’Alakyaz
le Comité National de l’UCFAF ■
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