Lycée français Pierre-Loti d’Istanbul, à Tarabya, sur les rives du Bosphore
La Turquie a opté, une fois de plus, de recourir à des moyens radicaux pour imposer sa volonté.
En effet, Ankara ne voyant pas se concrétiser sa demande de pouvoir ouvrir en France des écoles turques reconnues par l’Etat français, a déclaré que si une solution n’était pas trouvée rapidement, deux établissements scolaires français seraient interdits aux élèves turcs. Il s’agit des lycées Charles-de-Gaulle, à Ankara, et Pierre-Loti, à Istanbul, dont les jeunes turcs constituent l’écrasante majorité des élèves. Ces deux établissent accueillent au total plus de 2 400 élèves.
Dans un courrier adressé vendredi 12 juillet aux parents d’élèves, l’Ambassade de France à Ankara les a informé du risque de voir, dès l’année scolaire 2024-2025, les élèves turcs privés de scolarité dans ces établissements français.
La Turquie a en effet haussé le ton, samedi 13 juillet, dans un litige qui l’oppose à la France sur le statut des écoles françaises en Turquie. Lors d’un déplacement à Erzurum, dans l’est du pays, le ministre de l’Éducation, Yusuf Tekin, a dénoncé en termes virulents « l’arrogance » de Paris :
« Nous ne sommes pas comme les pays que vous avez colonisés. Nous sommes un Etat souverain. Vous devez donc agir selon nos conditions si vous voulez enseigner ici », a déclaré le ministre, avant de poursuivre : « qu’on donne un statut légitime à ces écoles françaises. En contrepartie, nous aurons certaines demandes pour les citoyens turcs en France. (…) Mais les autorités françaises bloquent les demandes de nos citoyens en France concernant les cours de langue et de civilisation turques, tandis qu’ici elles agissent à leur guise (…). Si elles acceptent nos conditions, alors elles pourront continuer. Sinon, c’est à elles de voir », a-t-il mis en garde, en concluant : « Les négociations, engagées depuis le début de l’année, sont toujours en cours, mais, faute d’accord d’ici à la rentrée scolaire, ces écoles ne pourront plus accepter de nouveaux élèves turcs, même si ceux qui y sont déjà inscrits pourront continuer leur scolarité. A terme, l’interdiction d’admettre des citoyens turcs réduirait drastiquement le nombre d’élèves de ces établissements et les mettrait en péril. »
En résumé, par cette démarche, Ankara tente de mettre la pression sur Paris pour faire valoir le principe de « réciprocité », espérant obtenir une réponse favorable à sa demande d’ouvrir en France des écoles turques reconnues par l’Etat français.
Alors que les programmes scolaires turcs sont de plus en plus contestés par l’opposition du pays, le gouvernement d’Ankara a demandé aux établissements français de « se rapprocher » davantage de ceux suivis dans les écoles turques.
Erdogan, a présenté début juin un nouveau programme scolaire vantant la famille et l’ordre moral, malgré la contestation des syndicats d’enseignants, qui lui reprochent d’islamiser l’éducation.
Des cours en option « sur le Saint Coran, la vie du Prophète », ainsi que d’autres cours sur l’Islam seront aussi proposés, a-t-il dit, provoquant la fureur des syndicats d’enseignants qui dénoncent un programme « réactionnaire » et « contraire à la laïcité, la science et l’enseignement démocratique ».
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