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En plus de sa dimension humanitaire, la réinhumation des victimes enterrées à Stepanakert est une question de dignité nationale

Le Complexe commémoratif de Stepanakert

Vahram ATANESSIAN

1in am / Erevan le 11 juillet 2024

Une partie des victimes de l’offensive terroriste de septembre dernier ont été enterrées à Stepanakert. Aujourd’hui, leurs proches ont manifesté devant siège du gouvernement arménien pour exiger que l’on organise leur exhumation  et qu’on les enterre en Arménie. Leur demande est légitime et une solution doit être trouvée. Mais en réalité, le problème résulte de l’inaction des autorités de l’Artsakh. Les funérailles de ces victimes avaient été organisées non pas par la volonté des proches des défunts, mais sur la décision des autorités. Quelques heures après avoir enterrés leurs fils, ces citoyens de l’Artsakh étaient expulsés. 

Après le 20 septembre, les employés de la Protection civile de l’Artsakh étaient restés sur place pour participer à l’évacuation des blessés de l’explosion de la station-essence. Grâce à ces derniers, les corps des personnes tuées sur la ligne de front avaient également été retrouvés et leur transport vers l’Arménie avait été organisé.

Durant cette période de près de dix jours, le Président de l’Artsakh, le ministre de l’Intérieur, le Commandant de l’Armée de défense, les personnels du Service national de sécurité et des responsables des Services de Secours, ainsi que des dizaines de policiers, étaient encore présents dans la région.

On ignore pourquoi la question de l’organisation d’une exhumation n’a pas été évoquée. 

L’avait-on proposée à la partie azerbaïdjanaise ?  Cette hypothétique proposition avait-elle été refusée ? On l’ignore. Mais on sait qu’un ou deux mois plus tard, les proches des défunts ont été informés que ces corps seraient transférés à Erevan. Un groupe de parents s’était même rendus à Goris où ils étaient restés durant deux jours. On leur avait ensuite déclaré que « la partie azerbaïdjanaise n’était pas d’accord ».  

Ces gens vivent donc une double tragédie. 

Le gouvernement arménien doit assumer ses responsabilités et parvenir à une solution à ce problème purement humanitaire. Comment ? Ce n’est pas le problème des proches des victimes. Et si les moyens du gouvernement arménien sont limités, alors Stepanakert doit s’impliquer.

Le 3 octobre 2023, des gens avaient convenu avec des représentants du gouvernement azerbaïdjanais de haut rang de se déplacer en toute sécurité de Stepanakert à Erevan afin de mettre en œuvre ce qui avait été convenu grâce aux contacts établis. Le bureau du Comité International de la Croix Rouge à Erevan avait matière à intervenir. L’Église apostolique arménienne aurait aussi pu s’impliquer dans la résolution d’une question purement humanitaire. Nul n’a oublié qu’il y a dix ans, le corps du saboteur Mubariz Ibrahimov, qui était resté du côté arménien, avait été remis à la partie azerbaïdjanaise à la demande du Cheikh-ul Islam Pachazadé, le chef spirituel de l’Azerbaïdjan et avec la médiation du Catholicos de tous les Arméniens. Pachazadé est toujours là, le Catholicos de Tous les Arméniens n’a pas changé, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, alors médiateur entre les deux parties est aussi là.

En parallèle à l’ouverture d’un Bureau du diocèse d’Artsakh à Erevan, le Saint-Siège d’Etchmiadzine pourrait également faire appel au patriarche Cyrille de l’Église orthodoxe russe, au Patriarche-Catholicos Illia II de l’Église orthodoxe géorgienne et aux autorités spirituelles du monde islamique. 

En plus de sa dimension humanitaire, c’est aussi une question de dignité pour la solution de laquelle le gouvernement arménien, les autorités politiques de Stepanakert et l’Église apostolique arménienne doivent absolument œuvrer la main dans la main.

Traduction : Sahak SUKIASYAN