Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

« Gardman- Chirvan-Nakhitchévan » continuera à se battre pour le rétablissement des droits des réfugiés arméniens 

 

Entretien avec Vilen Gabrielian

Vilen Gabrielian, chef de l’Union panarménienne « Gardman- Chirvan-Nakhitchévan » a évoqué les activités de l’Union en 2024, les problèmes des réfugiés arméniens et les projets à venir dans une interview accordée à Armenpress.

– M. Gabrielian, au cours de l’année écoulée, le problème des réfugiés a continué à faire partie intégrante de l’agenda politique mondial actuel en raison de l’émergence de nouvelles masses de réfugiés dans le monde. Dans ce contexte, quelle est votre opinion sur le problème des réfugiés dans le passé et dans le présent ? 

– Oui, le monde continue de connaître une crise des réfugiés, comme en témoigne le nombre considérable de personnes déplacées en raison des guerres, des hostilités et des affrontements civils. Et si les pays d’accueil, sur la base de l’humanisme et des obligations internationales, n’ont d’autre choix que de veiller à la sécurité et à la protection des droits des personnes déplacées, la concrétisation de la responsabilité de la communauté internationale et de l’arbitrage international reste un problème très important aujourd’hui.

– Bien qu’au milieu du siècle dernier, le droit international ait été en mesure d’adopter des documents aussi importants que, par exemple, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et la Déclaration universelle des droits de l’homme, la prévention des génocides et la protection des droits de l’homme fondamentaux restent des problèmes vulnérables en raison de l’imperfection des mécanismes de contrôle. Quelle est l’approche de l’Union que vous dirigez à cet égard ? 

– Le problème des réfugiés arméniens n’est pas nouveau dans notre région. Depuis le début du siècle dernier, diverses masses d’Arméniens ont été constamment et progressivement confrontées au phénomène du déplacement et du nettoyage ethnique, ce qui a eu pour effet de réduire constamment la zone des Arméniens et de détruire l’environnement culturel arménien dans les localités perdues. Dès 1905-1906, les Arméniens des provinces caucasiennes de l’ancien Empire russe ont été la cible du nouveau nationalisme tatar, ce qui s’est traduit par de nombreux villages et quartiers incendiés, dépeuplés et pillés, ainsi que par la profanation de complexes religieux et d’églises. Ces actions sont devenues encore plus « institutionalisées » en 1918-1920, lorsque nous n’avons plus été confrontés à des attaques de bandits, mais à des politiques d’État visant des actions à plus grande échelle, telles que le massacre de 30 000 Arméniens à Bakou en 1918, le massacre d’Arméniens à Chouchi en 1920 et la désarménisation du Nakhitchévan en 1918-1920. Cependant, si l’on parle des réalités de la première moitié du vingtième siècle, il est difficile de formuler de grandes attentes, compte tenu du système juridique sous-développé de l’époque. Mais, en ce qui concerne les événements de 1988 à 1992, en particulier les massacres des Arméniens à Gardman, Chirvan et Nakhitchévan historiques, ainsi que le nettoyage ethnique, les déplacements forcés et l’ethnocide, il est important de souligner que des documents internationaux relatifs aux droits de l’homme avaient déjà été adoptés. Sur cette base, on peut affirmer avec certitude que les massacres de Soumgaït en 1988, de Bakou en 1990, de Maragha en 1992, ainsi que ceux perpétrés dans d’autres régions arméniennes ou à population arménienne, doivent être qualifiés de génocide délibéré et dirigé, marqué par les plus hautes manifestations de racisme et de xénophobie.

– Quelles mesures ont été prises dans ce sens au cours de l’année écoulée ? 

– L’année écoulée a été marquée par une activité accrue de notre Union, tant sur la scène internationale, avec des partenaires étrangers, qu’en Arménie. En tant que président de l’Union panarménienne « Gardman-Chirvan-Nakhitchévan », j’ai participé aux conférences sur la dimension humaine II, III et IV organisées par le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme de l’OSCE. Lors de la IVe conférence, un événement parallèle consacré aux droits des réfugiés et aux problématiques actuelles a été co-organisé par notre Union.

Trois lettres émises par notre Union, exprimant les revendications des réfugiés arméniens, ont été publiées comme documents officiels de l’ONU. L’Union a également co-organisé et participé activement à des événements et conférences organisés par l’Université d’État d’Erevan (UEA), l’Académie nationale des sciences, le Musée-Institut du génocide arménien et le Musée d’histoire de l’Arménie, avec des rapports thématiques approfondis.

Par ailleurs, nos préoccupations ont été portées à l’attention du Sommet arménien mondial. Nous avons rencontré Mme Eliza von Yoden-Forge, directrice exécutive de l’Institut américain de prévention du génocide Lemkin, pour discuter de possibilités de coopération. Dans le cadre d’événements scientifiques, des liens ont également été établis avec plusieurs instituts géorgiens.

En Arménie, nous avons eu des réunions avec des responsables de la République d’Arménie, notamment le président Vahagn Khachaturian et le Défenseur des droits de l’homme, Anahit Manassian.

Enfin, le lancement du site internet http://armrefugees.am, dédié aux activités de notre organisme, constitue une étape importante. L’Union panarménienne « Gardman- Chirvan-Nakhitchévan » a régulièrement publié des déclarations et des appels. Des essais historiques ont également été diffusés, mettant en lumière le vandalisme azerbaïdjanais ainsi que l’histoire des villages arméniens aujourd’hui dépeuplés, notamment à travers leurs monuments et leur environnement culturel.

– Après de tels travaux, quelles seront les orientations des activités de l’Union panarménienne en 2025 ?

– Notre Union restera bien entendu fidèle à la mission pour laquelle elle a été créée : contribuer à la lutte pour le rétablissement des droits des Arméniens de Gardman, Chirvan et Nakhitchévan, sensibiliser la communauté internationale à ces enjeux et exiger des solutions justes.

Au cours de l’année 2025, nous prévoyons d’élargir la portée de nos activités à l’étranger en renforçant notre coopération avec les communautés arméniennes et en créant de nouvelles plateformes susceptibles de mobiliser un soutien international.

Nous mettrons l’accent sur le renforcement de nos relations avec des structures mondiales influentes, ainsi qu’avec des organisations spécialisées dans les droits de l’homme et la protection des minorités. Une attention particulière sera accordée à la sphère médiatique internationale, avec pour objectif de présenter nos défis historiques et actuels à travers des documents objectifs et étayés par des faits concrets.

Par ailleurs, nous envisageons d’organiser des conférences et des forums internationaux qui aborderont non seulement le passé des Arméniens, mais aussi les défis contemporains auxquels ils sont confrontés, dans le but d’inscrire ces questions à l’agenda international.

Enfin, l’Union panarménienne attachera une importance particulière à l’engagement de la jeune génération arménienne à l’étranger, afin de préparer les futurs leaders de la diaspora et de les sensibiliser à ces problématiques. ■