La nomination par l’Arménie d’un nouvel ambassadeur en France, a beaucoup surpris, tant Hasmik Tolmajian était appréciée par les politiques français et dans les cercles arméniens. Sous son mandat, les relations inter-étatiques ont été marquées par une coopération politique étroite et stratégique. Le soutien de la France s’est avéré essentiel pour défendre les intérêts de l’Arménie face aux intérêts de l’alliance tripartite azérie, turque et russe, au sein des instances internationales, comme le Conseil de sécurité de l’ONU, la Cour européenne des droits de l’homme, le Sommet des communautés politiques européennes, le Parlement européen… La France est devenue un partenaire incontournable de l’Arménie. Outre l’appui politique, l’aide économique, la vente de matériel militaire et la coopération sur le plan éducatif, culturel et institutionnel ont été substantiels, tout comme la mise en place de la mission civile d’observation européenne contre la volonté d’Aliev et de Poutine et les nombreuses visites en Arménie des ministres français, des parlementaires et des élus locaux. L’appui de la France était tangible lors de l’exclusion de l’Azerbaïdjan de l’Assemblée parlementaire du Conseil européen ainsi que lors de l’appel au boycott de la COP 29 du Parlement européen.
Hasmik Tolmajian, nommée ambassadeur à la veille de la révolution de velours, a bénéficié du vent démocratique qui a animé l’Arménie et qui a renforcé l’amitié et la coopération entre les deux États. Un événement qui du côté russe a été perçu comme une révolution orange, malgré les assurances répétées du Premier ministre Pachinian, selon lequel la révolution n’entraverait pas les relations russo-arméniennes. La guerre de 44 jours de 2020, le blocus de l’Artsakh et le nettoyage de la population s’en sont suivi sans que la Russie, partenaire stratégique de l’Arménie ne la défende.
Les précédents ambassadeurs d’Arménie étaient des diplomates de l’école soviétique, et Madame Tolmajian incarnait la nouvelle génération de l’Arménie indépendante. Elle a parfait ses études supérieures en France, avant d’être nommée ambassadeur de l’ Arménie en Suisse où elle a travaillé avec Charles Aznavour diplomate, qui avait un carnet d’adresses bien garni des personnalités politiques et artistiques.
Mme Tolmajian a pris ses fonctions pendant une période turbulente des relations Arménie – Diaspora en France. Elle a tenu un profil bas afin de ne pas nuire à son travail diplomatique. Elle n’a pas voulu envenimer les relations de l’Ambassade avec certaines instances dirigeantes de la Communauté. Enfin, l’existence de la communauté arménienne en France constituait une plateforme importante pour établir des liens politiques directs avec les milieux politiques français. Cependant, certaines structures communautaires influentes, prenant position contre le gouvernement arménien, entravaient le travail diplomatique de l’ambassadeur, comme par exemple la manifestation de jeunes affiliés à la FRA Dachnakstoutioun contre l’arrivée du Premier ministre Pachinian, lors de sa visite à Paris, qui lançaient des tomates et des œufs sur le cortège du Premier ministre. Tout comme l’échange mal à propos en présence du Président Macron lors du dîner suite à la cérémonie de la panthéonisatoin des Manouchian ou encore le comportement irrespectueux envers le Haut-commissaire de la Diaspora à la veille du dîner du CCAF.
Ainsi, Hasmik Tolmajian a réussi à éviter les discordes, et elle a conquis le cœur de la communauté arménienne. Elle a honoré par sa présence les soirées artistiques, les a sponsorisées souvent. Au cours de son mandat, l’ambassade a acquis un nouveau bâtiment prestigieux, ce qui créera des opportunités pour élargir la mission diplomatique de l’Arménie. Reste à espérer que son remplaçant poursuive l’œuvre de Mme Tolmajian, tout en redynamisant les relations économiques entre la France et l’Arménie, qui restent le point le plus faible entre les deux pays amis et sachant que les intérêts économiques restent le plus important des gages d’amitié. Tout en sachant que la coopération économique n’est guère possible sans la participation des structures communautaires, ainsi que la coopération bilatérale Diaspora-Arménie.
J. Tch. ■
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