« Chers collègues,
Nous sommes à l’heure terrible des conséquences.
Et ces conséquences, elles sont payées par le peuple arménien aujourd’hui, qui, dans le Haut-Karabakh, est victime d’une opération militaire, parce que le silence de l’Europe et du monde occidental au cours des derniers mois, malgré toutes les transgressions de l’Azerbaïdjan, n’a fait qu’inciter Aliev à aller encore plus loin. Personne ne peut nier qu’aujourd’hui, ce qui est violé, c’est le droit international le plus élémentaire, le droit humanitaire.Personne ne peut faire comme si l’essentiel n’était pas en jeu.
Et maintenant, il est temps de sortir de cette passivité, quand l’Azerbaïdjan prétend mener une opération antiterroriste et est en réalité en train de tuer des enfants, des femmes, des civils innocents. Il est absolument nécessaire que nous passions des condamnations – unanimes ici, et c’est tant mieux – à l’action.
Il faut des sanctions contre le régime d’Aliev. Pas dans une semaine, pas dans quelques jours. Maintenant. Dans les heures qui viennent.
Il faut dénoncer le contrat gazier honteux qui nous lie à l’Azerbaïdjan. Pas dans quelques jours. Maintenant.
Et cela seul peut empêcher que le pire se présente à nous. Car le pire, c’est l’épuration ethnique qu’Aliev veut organiser, qu’il a dit vouloir organiser. Chers collègues, l’Union européenne est née sur l’expérience d’un génocide. Le peuple arménien a déjà subi un génocide. C’était en 1915 et aujourd’hui, ceux qui sont en train de s’attaquer au Haut-Karabakh ne mènent pas seulement une guerre territoriale : ils attaquent un peuple qu’ils veulent faire disparaître, qu’ils veulent rayer de l’histoire. Et pourquoi ? Parce que ce peuple est lié à la civilisation européenne, par son héritage, par sa culture.
Est-ce que nous allons rester silencieux ? Est-ce que nous nous contenterons de grandes déclarations ? Est-ce que nous allons voir, à nouveau, le Conseil et la Commission poursuivre une forme d’aveuglement volontaire, mettre les deux parties sur le même plan ? Si nous continuons ainsi, chers collègues, nous serons responsables devant l’histoire de ce que nous aurons laissé commettre.
Et ce sera la trahison la plus grave que l’Europe puisse faire contre elle-même. »
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