La COP 29 de Bakou, qui s’est tenue du 11 au 22 novembre, a réuni plus de 200 pays. L’Azerbaïdjan, pays hôte, a des ambitions climatiques limitées, visant une réduction de ses émissions de 40 % d’ici 2050, sous réserve de soutien international.
En comparaison, des pays voisins riches en hydrocarbures comme le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et la Russie ont fixé des objectifs de neutralité carbone d’ici 2050. Cette approche reflète la forte dépendance de l’Azerbaïdjan aux hydrocarbures, qui représentent une part majeure de son économie, analyse Sami Ramdani, chercheur à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) sur les questions énergétiques.
Le secteur énergétique de l’Azerbaïdjan est responsable de 75 % de ses émissions de gaz à effet de serre. Le pétrole et le gaz constituent 45 % du PIB du pays, plus de la moitié des recettes fiscales et au moins 85 % de ses exportations. L’Azerbaïdjan ne prévoit pas de réduire sa dépendance aux combustibles fossiles, mais cherche plutôt à stabiliser sa production pétrolière.
D’ici 2033, il prévoit d’augmenter sa production de gaz de 33 %, atteignant 49 milliards de m3, contre 37 milliards de m3 en 2024, souligne Sami Ramdani.
En 2022, le gaz naturel représentait 93 % de la production d’électricité en Azerbaïdjan, tandis que les énergies renouvelables n’en constituaient que 6 %.
En utilisant des sources renouvelables pour la consommation locale, le pays peut exporter davantage de gaz, notamment vers l’Europe, où il génère des revenus importants. Cette approche permet à l’Azerbaïdjan de profiter des ventes de gaz.
L’Azerbaïdjan est un petit producteur d’hydrocarbures à l’échelle mondiale, représentant environ 3 % des importations de gaz de l’UE, où il occupe la quatrième place après la Norvège, l’Algérie et la Russie. Bien que sa part sur le marché européen soit modeste, elle possède un poids géopolitique important, notamment pour la sécurité énergétique des pays d’Europe centrale et orientale, historiquement dépendants du gaz russe.
L’UE et l’Azerbaïdjan ont signé un protocole d’accord le 18 juillet 2022, visant à doubler la capacité du corridor gazier sud-européen pour atteindre au moins 20 milliards de m³ par an d’ici 2027, rappelle Sami Ramdani.
Elnur Soltanov, vice-ministre azerbaïdjanais de l’énergie, a déclaré que l’Accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C (idéalement 1,5°C), ne nécessite pas nécessairement une réduction de la production de combustibles fossiles. Il soutient plutôt l’utilisation généralisée du captage du carbone. Cette approche techno-solutionniste se poursuit après la COP 28 de Dubaï.
Les Européens espéraient un suivi annuel des efforts de transition énergétique, mais cela n’a pas été mis en place. Cependant, l’Azerbaïdjan a lancé le Climate Finance Action Fund, un fonds destiné à investir dans des projets de réduction des émissions dans les pays en développement, financé volontairement par les producteurs de combustibles fossiles. L’objectif est de lever au moins 1 milliard de dollars.
La COP 29 a débuté avec un discours du président azerbaïdjanais Ilham Aliev qualifiant les énergies fossiles de “don de Dieu”. Cependant, l’expansion des capacités gazières de l’Azerbaïdjan présente des risques importants. La demande de gaz dans l’UE diminue depuis 2022, en raison de la baisse de la consommation industrielle, des gains d’efficacité et des énergies renouvelables.
De plus, le droit de l’UE limite les contrats d’approvisionnement en fossiles au-delà de 2049, compliquant les accords à long terme avec l’Azerbaïdjan. L’UE privilégie également le gaz naturel liquéfié (GNL). Bien que les énergies fossiles aient été ignorées dans les discussions de Bakou, Laurence Tubiana, de la Fondation européenne pour le climat, estime que la question n’est que “repoussée” et devrait être revisitée lors de la réunion pré-COP en 2025.
Source: IRIS ■
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