L’administration Trump et l’Arménie

Donald Trump a prêté serment en tant que président, confirmant son retour triomphal à la Maison-Blanche, malgré les accusations de tentative de coup d’État liées à sa défaite aux élections de 2020 : destin extraordinaire d’un homme, malgré deux procédures de destitution, des accusations de crimes, des tentatives d’assassinat… Oui, le destin d’un homme qui avait tous les facteurs en sa défaveur pour finir en prison, mais qui a lutté, a surmonté des épreuves et, surtout, a mené une campagne qui a touché le cœur de la majorité des classes populaires américaines.

 Pendant sa campagne électorale pour son deuxième mandat, il a bénéficié du soutien d’un personnage ingénieux, qui plus est le plus riche du monde, Elon Musk, qui a ouvert la voie au soutien des membres du club très fermé des personnes les plus riches de la planète au président américain le plus controversé.

 Avant de quitter le pouvoir, le président Biden a fait une déclaration significative qui pourrait marquer les pages de l’histoire de cette période : «Une oligarchie est en train de se former en Amérique, composée de personnes ayant une richesse, un pouvoir et une influence extrêmes, qui menace déjà notre démocratie, nos droits fondamentaux, nos libertés et la possibilité pour chacun de subvenir à ses besoins ». Il est évident que ces propos visent l’oligarchie de milliardaires composée d’Elon Musk, propriétaire de X, Tesla et SpaceX, de Mark Zuckerberg de Meta, de Jeff Bezos d’Amazon, de Bill Gates de Microsoft…

Les dirigeants européens partagent une grande inquiétude, en premier lieu le président Macron, qui n’a pas caché son mécontentement envers Elon Musk, qui s’était ouvertement immiscé dans la vie politique intérieure des pays européens pendant les campagnes électorales. Une attitude qui rappelle celle des dirigeants de certains pays autoritaires, comme Erdogan, Poutine, Aliev…

Trump et Musk, main dans la main, sont en train de renier sans complexe les acquis démocratiques du monde occidental. À cet égard, les déclarations de Trump sur la reconquête du Canada, du Groenland et du Panama mettent en cause le principe de l’intégrité territoriale. Son soutien inconditionnel à Israël, remet en cause le principe de la création d’un Etat palestinien.

La violation des valeurs démocratiques et des règles morales par la plus grande puissance mondiale inquiète les alliés américano-européens, tout comme l’Arménie, qui a signé un nouvel accord de partenariat stratégique avec l’administration américaine sortante. Dans quelle mesure Trump respectera-t-il un accord signé sous la précédente administration ? Alors que l’Arménie ne présente aucun intérêt économique pour les États-Unis ?

La classe politique attend avec impatience les décisions surprises de Trump. Dans le temps, sous son premier mandat, l’Arménie avait déjà été déçue et avait subi de grandes pertes, particulièrement pendant la guerre de 2020. Sous l’administration Biden, on ne peut pas dire que l’Arménie ait été plus chanceuse. La perte de l’Artsakh, l’exode des Artsakhiotes, l’occupation du territoire souverain de l’Arménie par l’Azerbaïdjan, la destruction des monuments culturels, la capture des dirigeants de l’Artsakh, n’ont pas suscité de réaction indignées, ni de sanctions. Ainsi, il ne faut pas non plus avoir de grands espoirs quant à la nouvelle administration Trump. L’Arménie devrait se considérer chanceuse si les États-Unis maintiennent ne serait-ce qu’une politique équilibrée. L’absence de réaction de la nouvelle administration américaine au début des procès des prisonniers arméniens détenus à Bakou est déjà un premier signal de l’attitude politique envers l’Arménie.

J. Tch.