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L’avenir du patrimoine culturel de la diaspora

Une partie de l’héritage artistique du peintre Zareh Mutafian a été transférée en Arménie. À l’occasion de la visite du président de la République d’Arménie Vahakn Khachatourian en France et à l’initiative de l’ambassadeur d’Arménie Hasmik Tolmajian, le fils de l’artiste et historien franco-arménien Claude-Armen Mutafian, a décidé de remettre l’œuvre de son père, Zareh Mutafian, soixante-cinq tableaux appartenant à différentes époques, à la Galerie nationale d’Arménie.

Zareh Mutafian est chanceux qu’une partie de son héritage créatif trouve enfin une place pour être correctement préservée, observée et appréciée. Vahram Dumanian, ancien ministre de l’Éducation et conseiller de l’actuel président, a fait cette déclaration remarquable concernant le transfert des œuvres de Mutafian en Arménie : «C’est un très bon message pour tous ceux de nos compatriotes qui réfléchissent au sort du patrimoine culturel leur appartenant au lieu où il doit être préservé pour qu’il soit sûr et remplisse son objectif. C’est un très bon exemple. Chacun peut coopérer avec les autorités arméniennes afin que les valeurs culturelles des artistes arméniens soient préservées et qu’elles soient au centre de l’attention du peuple arménien».

Ce message, adressé depuis l’Arménie, est clair. Du moment où l’artiste ou ses héritiers acceptent de remettre leur patrimoine artistique personnel ou familial aux structures de préservation des valeurs culturelles, les autorités arméniennes soutiennent une telle initiative. L’avenir montrera à quel point cet appel devient un véritable engagement solennel du gouvernement arménien. Le transfert d’œuvres d’art d’un pays à un autre représente une lourde charge financière dont la mise en œuvre, si elle n’est pas entreprise par un État ou une organisation caritative, devient souvent la raison de l’échec de telles initiatives. Il en va de même pour les réglementations douanières et administratives à l’entrée du pays.

Il n’y a pas de plus grande satisfaction pour un artiste que l’appréciation et la valorisation de son œuvre par le public. Il en va de même pour un artiste, un scientifique, un acteur de théâtre, un scientifique, un enseignant, et même un artisan… La valorisation se manifeste sous diverses formes, la plus évidente étant la perception du marché, l’achat de l’œuvre par un musée et l’acquisition des œuvres de l’artiste par des particuliers et des collectionneurs.

Il serait normal que les œuvres d’art créées dans la diaspora connaissent leur diffusion naturelle dans leur environnement local ou international. Mais les artistes en savent quelque chose : préserver le patrimoine culturel de la diaspora est un véritable cauchemar. De plus, au niveau communautaire, aucune organisation de la diaspora n’est sérieusement engagée dans la préservation du patrimoine culturel de ses artistes. Il existe des bibliothèques, des musées du génocide, des chaires d’arménologie universitaires… Il existe également des maisons-musées pour certains artistes de renommée nationale ou internationale, créées grâce aux efforts des familles ou des collectivités, mais il n’existe pas de musées des beaux-arts consacrés aux œuvres d’artistes, ni de centre de conservation des archives de la Diaspora, en général. Personne ne se soucie du sort du « Musée Arménien de France Fondation Nourhan Fringhian » qui occupait une salle adjacente au Musée Guimet à Paris.

Ils sont malheureux ces artistes qui sont abandonnés, dont les œuvres, malgré leur valeur, restent délaissées, ignorées. Il existe de nombreux exemples. Et que dire des grandes bibliothèques de certains intellectuels, artistes ou libraires, comme celle de la Librairie Samuelian. Jusqu’à nouvel ordre, tant que les règlements sur le transfert et la protection des valeurs artistiques et du patrimoine culturel sont respectés, le message de l’Arménie à travers de telles opérations est salutaire. 

J. Tch.