Dans une interview accordée le 9 janvier 2024 à l’agence officielle azerbaïdjanaise d’information « AZERTAC », Robert Mobili (1) qui se présente comme le « Président de la communauté chrétienne des Oudis », affirme que la dernière la déclaration du Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, concernant « les restrictions de la liberté de croyance en Azerbaïdjan n’ont pas pour cause des préoccupations religieuses, mais des considérations d’ordre politiques ». Son propos vise le document publié le 4 janvier dernier par le Département d’État (MAE des États-Unis) qui indique que cette administration « a fait inscrire l’Algérie, l’Azerbaïdjan, la République centrafricaine, les Comores et le Viêt Nam sur la liste des pays faisant l’objet d’une surveillance spéciale pour avoir commis ou toléré de graves violations de la liberté de religion » (2).
Visiblement, A. Blinken et ses collaborateurs ont « appuyé où ça pouvait faire mal » et ainsi écorné sévèrement l’un des mythes azerbaïdjanais, celui d’un pays respectueux des religions et des cultures. Mais la réalité est toute autre.
Depuis qu’il est au pouvoir, Ilham Aliev consacre d’énormes moyens financiers à la promotion de l’image d’un « Azerbaïdjan terre de tolérance » où cohabiteraient harmonieusement les cultures et les religions. Le photographe Reza, la journaliste azéro-russe Anastasia Lavrina et un certain nombre de relais à l’étranger participent activement à cette entreprise (3). Le problème est qu’Aliev n’apprécie que les peuples, les cultures et les religions en voie de disparition. L’érosion démographique des peuples autonomes anciens est tel que l’Azerbaïdjan qui ne cesse dans le même temps de présenter l’Arménie comme un pays « mono-ethnique » et « mono-religieux » est aujourd’hui peuplé à 91, 6 % d’Azéris, Musulmans chiites à 97,5 %. Le tableau est à cet égard édifiant. Entre 1991, date de l’indépendance du pays, et 2009, date du dernier recensement informant du nombre des membres des minorités ethniques, la part des peuples autochtones et des Russes dans ce pays est passée de 27,3 % à 8,4 %. Comment expliquer ce grand amenuisement des « minorités » d’un pays aussi tolérant, ouvert et démocratique ? Sans doute faudrait-il consulter les démographes et les sociologues azerbaïdjanais pour obtenir quelques explications sur cette « hémorragie » qui touche non seulement les Arméniens et d’autres peuples indigènes comme les Talyches, les Avars, les Tsakurs, les Tates et les Oudis, mais également les trois composantes de la communauté juive (4), alors que M. Aliev est un grand ami et allié d’Israël et qu’il se présente comme un grand « philosémite ». Le 8 février dernier, Zamir Isaëv, rabbin de la communauté des Juifs géorgiens de Bakou dans une interview accordée au média azerbaïdjanais « Azvision » (5), dans un style flagorneur qui n’a rien à envier à ceux des pires propagandistes de l’Allemagne hitlérienne, de l’Italie mussolinienne ou des régimes communistes soviétique, chinois ou coréen déclarait : « L’Azerbaïdjan fait historiquement
partie d’une poignée de pays où diverses religions et nationalités coexistent dans la fraternité et l’unité. Le peuple azerbaïdjanais est un modèle de tolérance pour le monde entier. L’éminent dirigeant Heydar Aliev a accordé une attention particulière à cette tradition au cours de son mandat, créant les conditions nécessaires à la pratique de toutes les religions et garantissant l’égalité des droits pour tous, quelle que soit leur origine ethnique ou leur foi. Le président Ilham Aliev continue sur ses traces, en développant et en renforçant la tolérance religieuse et les liens interethniques ».
Cette relation plus qu’ambigüe entre Aliev et le monde juif se retrouve également dans les déclarations d’Aliev et de ses collaborateurs qui accusent régulièrement l’Arménie et les Arméniens d’avoir été du côté de l’Allemagne nazie durant la Seconde guerre mondiale (6). Ils tentent ainsi de faire oublier que Nouri Pacha (7) qui a exterminé entre 1918 et 1920 les populations autochtones du nord de l’Azerbaïdjan (Arméniens et Oudis), mais aussi près de 25 000 Arméniens de la ville de Bakou (8), qui est présenté jusqu’à ce jour comme le « libérateur de Bakou », a été le fondateur de la sinistre division « Turkestan » de la Wehrmacht. On se souviendra que dans le même temps le seul Karabakh a connu un nombre impressionnant de « Héros de l’Union soviétique » décorés pour leur contribution à l’écrasement de l’Allemagne nazie, dont le célèbre maréchal Hovhannès Baghramyan.
Otages du pouvoir azerbaïdjanais ou collaborateurs conscients et désinhibés, tous les responsables religieux d’Azerbaïdjan sans exception, le Chef spirituel des Musulmans, Mgr Wladimir Fekete, l’évêque catholique et l’archimandrite Alexis Nikonorov, Chancelier du diocèse orthodoxe russe (9), les pasteurs des Églises protestantes, apportent régulièrement leur concours à cette propagande mensongère, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Par le biais d’un « kit » réunissant tous ces responsables religieux imaginé par la propagande aliévienne, le « Centre international du multiculturalisme de Bakou » (10) soutenu financièrement par la « Fondation Aliev » organise régulièrement des rencontres aux quatre coins du monde afin de promouvoir ce mythe fallacieux. Oudi d’origine, issu d’une famille du village arméno-oudi de Nij (11), dans le nord du pays, Robert Mobili (12) est l’un des acteurs les plus zélés de ce « kit ». Il est « l’oudi multifonctions», le factotum d’Ilham Aliev.
Nadya Qafarova : Dans sa récente déclaration, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a mentionné l’Azerbaïdjan dans la liste des pays où les libertés religieuses seraient violées.
Robert Mobili : Les représentants des confessions religieuses de notre pays ont déjà fait des déclarations pertinentes. L’administration américaine est pratiquement devenue prisonnière de ses propres ambitions politiques et des projets du lobby arménien, ce qui la place dans une situation clairement absurde… Il est regrettable que l’Azerbaïdjan ait été ajouté à la liste des pays nécessitant un contrôle sur les violations potentielles de la liberté religieuse. C’est parfaitement injuste, partial et évidemment motivé politiquement.
L’Azerbaïdjan est connu pour ses traditions séculaires (14) de multiculturalisme. Dans notre pays, les représentants de diverses confessions religieuses vivent dans la paix et la sérénité et accomplissent librement leurs rituels religieux. Quiconque a déjà visité notre pays peut le confirmer. Je dois noter que j’ai personnellement participé aux discussions de la commission américaine sur la liberté religieuse internationale, j’y ai parlé de la liberté de conscience en Azerbaïdjan et j’ai invité les membres de la commission à venir dans notre pays et à prendre connaissance de la situation sur place. Autrement dit, le rapport doit être rédigé au regard des faits, et non de fictions produites par un individu. Il est évident que les accusations américaines sont politiquement motivées. Non seulement le lobby arménien, mais aussi d’autres cercles anti-azerbaïdjanais sont derrière cette initiative. L’Azerbaïdjan est un pays multiconfessionnel où la religion et la culture ont toujours été respectées. Il y a des mosquées, des synagogues, des églises dans notre pays et il y a une église arménienne en plein centre de Bakou (15). À mon avis, la déclaration du secrétaire d’État américain concernant la restriction de la liberté de croyance religieuse en Azerbaïdjan n’est qu’une spéculation politique, et c’est de l’hypocrisie, non pas une préoccupation religieuse, mais un objectif politique.
NQ : Les accusations des Etats-Unis d’Amérique soulèvent involontairement la question : « Que dire de ceux qui se posent en juges ? » Il serait faux de qualifier les États-Unis « d’exemple de tolérance religieuse ». J’aimerais connaître votre opinion à ce sujet.
RM : De mon point de vue, l’Amérique essaie de régler ses comptes avec ses adversaires géopolitiques et cherche un prétexte pour s’immiscer dans ses affaires intérieures lorsqu’elle crée de toutes pièces des accusations d’intolérance religieuse et de violation des droits religieux des individus. Tout le monde se souvient qu’au début des années 2000 c’est la Turquie qui a été la cible principale. Des enquêtes sociologiques menées aux États-Unis montrent des faits indéniables sur l’existence de discriminations fondées sur des motifs religieux, notamment l’islamophobie. Si vous vous en souvenez, à l’époque de Trump, les citoyens de sept pays musulmans ont été interdits d’entrée aux États-Unis. Biden a assoupli cette politique, mais les faits de discrimination religieuse aux États-Unis augmentent chaque année. De tels cas existent également en Europe. Prenons le cas de la France. J’ai moi-même constaté qu’il fallait emprunter une file d’attente pour se rendre à la synagogue, alors que c’est un sanctuaire. En Azerbaïdjan, les mosquées, les églises et les synagogues sont toujours ouvertes et leur accès est totalement gratuit. C’est pour cette raison qu’il est très incompréhensible d’entendre des accusations contre l’Azerbaïdjan tolérant de la part de pays où de tels cas insultent la dignité des religieux.
NQ : Dites-moi, s’il vous plait, dans quel état se trouvaient les monuments religieux de l’Azerbaïdjan que vous avez vus dans les territoires libérés?
R M : C’est une question très pertinente dont je dirais qu’elle est d’actualité. Notre communauté a visité ces monuments. L’héritage islamique a pratiquement disparu de la surface de ces terres. Les monuments culturels albanais sont également dans un état déplorable et beaucoup ont été détruits. Les Arméniens élevaient du bétail dans les mosquées et les sanctuaires albanais (16). Ils les utilisaient comme étables et certains autres monuments religieux en tant qu’armureries (17). Un certain nombre de monuments albanais – le complexe monastique de Khudaveng (18) à Kalbajar [Karvadjar], ainsi que les monuments de Hadrout et de Latchine – ont été vandalisés. Leur aspect a été modifié et ils ont été arménisés, je veux parler des croix dans, et à l’extérieur, des églises. À ce propos, je dois mentionner un fait important qui démontre clairement l’attitude de l’État azerbaïdjanais à l’égard des monuments religieux. Pendant la guerre patriotique, l’église Sainte-Marie du village de Nij (19) a été réouverte au culte après d’importants travaux de restauration. Le Président azerbaïdjanais Ilham Aliev et la première Vice-présidente, Mehriban Alieva, ont pris part à son inauguration. L’église a été restaurée par la « Fondation Heydar Aliev ». N’est-ce pas une expression claire du respect et de l’attention de l’État azerbaïdjanais pour les valeurs religieuses ? Je pense que la réponse est évidente!
NQ : Une dernière question. Il y a déjà eu des tentatives pour transformer ces questions politiques en une confrontation interreligieuse. Heureusement, grâce aux mesures sages et réfléchies des dirigeants azerbaïdjanais, cela a été évité. Quelle est le danger potentiel de ces tentatives ? Il est possible que davantage de travail de sensibilisation soit fait dans ce sens…
RM : Oui, vous avez tout à fait raison, des tentatives de ce genre ont déjà été faites. Leur objectif est d’influer sur les sentiments du peuple, donner un contenu religieux aux processus politiques et ainsi enflammer le désir de revanche du peuple. La raison pour laquelle les autorités américaines ont fait de telles déclarations est claire pour tout le monde alors que l’Azerbaïdjan et l’Arménie sont sur le point de signer un accord de paix. Washington et la France veulent revenir à la mission de médiation (20), mais ils se sont déjà discrédités et il est peu probable que ces accusations ridicules contribuent à instaurer la confiance. On constate l’existence de spéculations religieuses et de tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Azerbaïdjan. Je voudrais préciser une fois de plus que l’Azerbaïdjan est un pays tolérant et multiculturel, où l’État en général et chaque citoyen respectent toutes les religions.
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Robert Mobili n’est pas le seul responsable chrétien du pays à critiquer le rapport publié par le MAE des États-Unis. Le 5 janvier, le lendemain même de la publication du document, répondant à un journaliste du site « Azernews », l’archimandrite Alexey Nikoronov, Chancelier du diocèse d’Azerbaïdjan de l’Église orthodoxe russe déclarait (21) : « Il est évident que les succès de l’Azerbaïdjan, le rétablissement total de l’intégrité territoriale, l’unité de la société et d’autres facteurs positifs ne laissent pas de repos à nos ennemis qui cherchent à affaiblir la position politique de notre pays et son rôle évident de leader dans le Caucase du Sud. Ils tentent de présenter le succès de l’Azerbaïdjan dans la libération de son territoire de l’occupation comme une lutte entre les Chrétiens et les forces panturquistes. Ce n’est un secret pour personne que par chrétiens nous entendons les dividendes enregistrés par des forces politiques sur le dos des « réfugiés » arméniens réinstallés de la région du Karabakh vers la république voisine. la position exprimée par Antoni Blinken qui semble tout à fait plausible est biaisée. Je suis convaincu que cela n’empêchera pas l’Azerbaïdjan d’avancer, de renforcer sa puissance politique et économique grâce à la consolidation complète des institutions publiques et civiles, et de continuer à montrer l’exemple des relations interreligieuses et interethniques. »
Hasard de calendrier ou volonté de démontrer une certaine « neutralité », le Synode de l’Église orthodoxe russe et le Patriarche Cyrille viennent de nommer de manière pratiquement concomitante deux évêques dans la région. L’un pour le « Diocèse orthodoxe russe de Bakou et d’Azerbaïdjan » et l’autre comme administrateur provisoire du « Diocèse des Arméniens d’Erevan » (22). L’archevêque Aksiy qui succède à l’archevêque Leonid Klinsky a été reçu le 10 février par le Catholicos Karékine II auquel « il a transmis les salutations fraternelles et les prières du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie ». L’administrateur provisoire du diocèse d’Erevan a assuré le Patriarche de tous les Arméniens « qu’il mettra tout en œuvre pour répondre aux besoins spirituels de la communauté russe et resserrer les relations entre les deux nations et les deux Églises ».
Nous espérons qu’il aura également à cœur de défendre avec la même conviction et la même énergie que son confrère de Bakou ses frères d’Arménie et d’Artsakh.
Sahak SUKIASYA
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(1) Robert Pagradovitch Mobili, (Mobyan) est né en 1954 dans une famille oudie du village de Nij. Géologue de formation, il est chercheur et enseignant de la Faculté de Géologie de l’Université d’État de Bakou. Depuis 2003, il est le chef auto-proclamé de la « Communauté chrétienne Albano-Udi d’Azerbaïdjan » qu’il a fondée avec le soutien des autorités.
(2) https://www.state.gov/translations/french/le-secretaire-detat-antony-j-blinken-et-lambassadeur-itinerant-pour-la-liberte-de-religion-dans-le-monde-rashad-hussain-a-propos-du-rapport-2021-sur-la-liberte-de-religion-dans-l/
(3) En France, les sites « Musulmans en France » https://musulmansenfrance.fr/azerbaidjan-il-y-a-3-ans-se-terminait-la-guerre-de-44-jours/ et « La Gazette du Caucase » https://www.lagazetteaz.fr/news/france/14876.html livrent quotidiennement la doxa de Bakou en fonction de l’actualité et de la commande des autorités azerbaïdjanaises.
(4) Le pays compterait actuellement 7 000 Juifs contre plus de 41 000 en 1989. Ils se répartissent en trois groupes distincts: les « Juifs des montagnes », le groupe le plus important et le plus ancien, les « Juifs ashkénazes » installés dans la région durant la Seconde guerre mondiale et les « Juifs géorgiens » qui se sont installés principalement à Bakou au début du 20e siècle. https://www.worldjewishcongress.org/en/about/communities/AZ. Paradoxalement, alors que de très nombreux juifs ont préféré quitter ce pays, certains d’entre eux participent activement à cette propagande depuis Israël ou depuis les pays où ils se sont installés après avoir quitté l’Azerbaïdjan.
(5) A tous les amateurs du genre, mais aussi à tous nos concitoyens de confession juive de notre pays épris des idéaux de la République, je me permets de conseiller la lecture intégrale de cet interview :
https://fr.azvision.az/news/130385/news.html
(6) A plusieurs reprises, Aliev s’est déclaré inquiet du fait que « La glorification du nazisme [était] est une politique d’État de l’Arménie ». https://fr.azvision.az/news/97321/«la-glorification-du-nazisme-est-une-politique-détat-de-larménie»–président-azerbaïdjanais–.html
(7) Nouri Pacha, également connu sous le nom de Nouri Killigil (1889-1949), général de l’armée ottomane durant la Première guerre mondiale, frère du ministre ottoman de la Guerre, Enver Pacha, l’un des membres du triumvirat du parti Union et Progrès [Jeunes Turcs], responsables du Génocide des Arméniens. Il a eu un rôle décisif lors de la « Bataille de Bakou » en août-septembre 1918 et chassé les Soviéto-Britanniques hors de la ville. En 1941, il rencontre Franz Von Papen, l’ambassadeur de l’Allemagne nazie à Ankara, dans le but de demander le soutien allemand à la cause panturquiste. En 1943, il contribue à la création de la « Légion du Turkestan » au sein de la Wehrmacht. Il œuvra activement pour obtenir la reconnaissance de l’indépendance de l’Azerbaïdjan de la part de l’Allemagne nazie. En mars 1949, il meurt dans des conditions mystérieuses en Turquie, tué dans son usine par une explosion criminelle.
(8) Soit un quart de la population arménienne de la ville.
(9) Le 27 décembre dernier, après une vacance de plus de deux ans, un nouvel évêque a été nommé en la personne de l’archimandrite Philarète Tikhonov. Il ne fait aucun doute que celui-ci imitera son prédécesseur, l’archevêque Alexandre Ishchein, nommé Primat du diocèse de Baku en 1999 et mort de la Covid en 2021. L’archevêque Alexandre a été un serviteur zélé de la propagande d’Aliev et un grand adversaire des Arméniens. Cf. l’article ci-dessous :
https://armenianweekly.com/2021/02/08/russian-archbishop-of-azerbaijan-makes-anti-armenian-remarks-to-please-aliyev/
Durant cette vacance du siège épiscopal, l’archimandrite Alexis Nikoronov s’est également comporté comme un excellent propagandiste du pouvoir Alievien. Il a en particulier participé à divers colloques organisés par les autorités de Bakou (Autriche et États-Unis) et publié en russe un ouvrage consacré à « l’Histoire de l’Église albanaise du Caucase selon Moïse Kaghankatvatsi » qui constitue un apport important à la littérature révisionniste azerbaïdjanaise.
(10) http://multikulturalizm.gov.az/en
(11) Jusqu’au début des années 1990, lors de la 1ère Guerre du Karabakh, les Oudis et les Arméniens qui peuplaient depuis des siècles le village de Vartachen de la région de Qabala furent obligés de quitter cette localité. De ce fait, Nij resta la seule localité de la région où vivaient encore de manière groupée des populations oudies. En 2003, à l’initiative d’un certain Robert Mobili, un petit groupe de ces Oudis s’organise en une « Communauté chrétienne Albano-oudie » qui constitue depuis l’un des relais les plus actifs de la propagande azerbaïdjanaise. Ce groupuscule se présente comme l’héritier légitime de « l’Église apostolique d’Albanie du Caucase ». C’est à ce titre qu’il revendique tous les monuments arméniens d’Azerbaïdjan, d’Artsakh, ceux de la République d’Arménie actuelle et jusqu’à Saint Thadée en Iran du Nord et à Akhtamar.
(12) Robert Bagratovich Mobili, (Mobyan) est né en 1954. Issu d’une famille oudie du village de Nij, géologue de formation, il est chercheur au laboratoire de recherches « Prévision, Recherche et Exploration des Gisements d’Or » de la Faculté de Géologie de l’Université d’État de Bakou. Depuis 2003, il est le chef auto-proclamé de la « Communauté chrétienne Albano-oudie d’Azerbaïdjan » qu’il a fondée avec le soutien des autorités.
(13) https://azertag.az/xeber/robert_mobili_blinkenin_beyanati_siyasi_mohtekirlikden_basqa_bir_sey_deyil-2877127
Hasard ou « lapsus freudien », le nom de cette agence d’information officielle d’État peut se lire en russe « Azertass », ce qui ferait de manière subliminale de cet organe une héritière de la célèbre Agence-Tass.
(14) « Séculaires » semble pour le moins excessif pour un État qui va fêter le 106e anniversaire de sa première création en mai 2024.
(15) R. Mobili aurait dû préciser qu’il ne subsiste plus aujourd’hui à Bakou que l’une des cinq sanctuaires arméniens de la ville, l’église Saint Grégoire l’Illuminateur. Celle-ci a été transformée en « bibliothèque » après avoir été profanée, pillée et incendiée à plusieurs reprises lors des pogroms anti-arméniens des années 90. D’après certaines informations, cette « bibliothèque » ne serait qu’une sorte de dépôt renfermant les livres, et peut-être les archives, appartenant à l’évêché arménien de Bakou.
(16) Nous avons ici un exemple de ce que les spécialistes de la propagande nomment « réponse en miroir ». Lors d’une visite pastorale en Artsakh en 1957, le Catholicos Vazken 1er avait demandé « qu’avec l’aide des autorités locales la cathédrale de Chouchi soit nettoyée de ses immondices, que l’on répare ses portes et ses fenêtres pour empêcher les troupeaux d’y pénétrer ». Un an plus tard, il adressait une lettre de protestation au Président du Conseil des affaires de l’Église arménienne auprès du gouvernement de la RSSA. Évoquant sa visite à Chouchi, le Catholicos Vazken 1er écrivait : « Nous avons y été témoin avec amertume d’une scène indescriptible. En plus du dôme effondré, toutes les portes et fenêtres de l’église ont été détruites. Ce vénérable lieu de prière a tout simplement été transformé en étable. Avec mes compagnons j’ai pu voir vu deux vaches ruminant sur l’autel et tout le sol de l’église était jonché de déjections animales ». Հ. ՄԿՐՏՉՅԱՆ՝ “Վազգեն Ա կաթողիկոսի մասին”, in MediaMall. am, 31 mars 2013. https://blog.mediamall.am/?id=7072
(17) On se souviendra de l’exemple de la cathédrale du Saint-Sauveur de tous de Chouchi en 1991-92 que l’armée azerbaïdjanaise avait transformé en dépôt de roquettes. Les Azéris étaient convaincus que les Arméniens ne bombarderaient pas ce sanctuaire et qu’ils pourraient ainsi protéger leur arsenal.
(18) Le monastère de Dadivank.
(19) Il s’agit en réalité de l’une des trois églises arméniennes de ce village. Celle dédiée à la Sainte Mère de Dieu. Après avoir méthodiquement détruits tous les éléments décoratifs (fresques) et inscriptions en langue arménienne de l’édifice, ce sanctuaire a été « restauré » par le biais de la « Fondation Aliev » et confiée au groupuscule des Oudis. Cet édifice est devenue « LA vitrine » de la tolérance religieuse de l’Azerbaïdjan.
(20) Sans doute fait-il allusion au format du « Groupe de Minsk »
(21) https://www.azernews.az/nation/219949.html
(22) Malgré une présence de près de 200 ans en Arménie, l’Église russe n’y possédait pas de structure diocésaine canonique. Le 15 octobre 2021, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe décide de dissoudre le « Doyenné patriarcal des églises russes en Arménie » et adopte une décision portant création d’un diocèse. Très curieusement, l’évêque de ce diocèse porte le titre d’« évêque d’Erevan et des Arméniens ». Son siège est installé à Erevan.
http://www.patriarchia.ru/db/text/5853045.html
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