Courte et précise, la déclaration du ministre de la Défense de la République d’Arménie, Suren Papikian, résume bien l’année 2024 et décrit le défi le plus important de 2025 : « Notre plus grande réussite a été de maintenir la paix. Oui, la paix reste le principal défi. Un défi aussi important pour l’Arménie que pour nos compatriotes du Moyen-Orient, ainsi que pour l’humanité ».
La paix, oui, mais à quelles conditions ? C’est la question que chacun se pose. Les dérèglements des relations internationales éloignent les perspectives de paix dans les zones de conflits. La communauté internationale n’assure pas la paix. Celle-ci s’impose par les forces armées si un pays en a la capacité. Entre des pays comme l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en conflit depuis plus de trois décennies, la paix n’est pas une mince affaire. À cet égard, le président de la République d’Arménie met, à juste titre, l’accent sur le renforcement de la sécurité nationale : « À ce tournant de notre histoire, où les défis internes et externes sont nombreux, le renforcement cohérent du système de sécurité nationale est plus impératif que jamais ».
Dans son discours, le Premier ministre arménien a souligné que la formulation « Arménie réelle » en tant que concept idéologique est important pour parvenir à la paix. « L’Arménie réelle est la base conceptuelle et idéologique et le fondement de notre programme de paix, et je tiens à dire directement que sans l’idéologie de la véritable Arménie réelle, la mise en œuvre du programme de paix est impossible.»
Dans les vœux du Nouvel An de Sa Sainteté la Grande Maison de Cilicie, on retrouve la même préoccupation face aux menaces qui pèsent sur l’Arménie et les communautés du Moyen-Orient : «Nous vivrons des temps dangereux dans notre histoire moderne. Nous sommes entourés de terribles dangers.
« Les relations de l’Arménie avec des pays non-amis et les accords connexes conclus ou à conclure, ainsi que leurs exigences unilatérales peuvent menacer l’intégrité, l’indépendance et la sécurité de l’Arménie.
« Le changement rapide et radical des conditions géopolitiques au Moyen-Orient pourrait avoir des conséquences négatives à la fois pour l’Arménie et pour nos communautés de la région.
« Ce que nous vivons est loin des impulsions qui renforcent l’unité interne. La continuation de la situation présente peut conduire notre peuple vers de nouvelles polarisations. »
Dans cette situation difficile, où le droit international, la moralité et les valeurs humaines sont quotidiennement violés, malheureusement, la seule instance, ignorant les nouveaux défis et dangers régionaux, restée au niveau du règlement de vieux comptes avec les autorités arméniennes est le Catholicos de tous les Arméniens, navigant sur les relents de la « Lutte sacrée » de l’archevêque Bagrat : «Maintenant, face aux difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans nos vies, il est nécessaire de rester indomptable et de ne pas chercher une solution aux défis existants et aux exigences impératives par des concessions nuisibles au pays, en renonçant à nos valeurs sacrées et traditionnelles.»
Il faut évaluer le danger la tête froide. Après l’indépendance, trois questions nationales clairement définies, unissaient les Arméniens : le renforcement de l’indépendance de l’Arménie, la lutte du peuple d’Artsakh pour sa survie et la reconnaissance du génocide. Avec la guerre de 2020, les trois pôles ont périclité. Aujourd’hui, la question n’est pas le renforcement de l’indépendance de l’Arménie mais sa sécurité, sa survie, c’est l’existence des Arméniens sur les terres historiques de leurs ancêtres. Existence dans des conditions pacifiques, et non dans des conditions guerrières et incertaines comme celles des trente-quatre dernières années. Et la paix ne pourrait être acquise, que grâce aux capacités d’autodéfense du pays. Et la plus grande crainte d’Aliev est justement le réarmement de l’Arménie, le renforcement de sa capacité de combat. Au soir du Nouvel An il déclare : « «Si nous parlons du moment le plus alarmant pour nous cette année, c’est bien sûr l’armement de l’Arménie. Cela n’a aucune explication logique. Je les ai avertis à plusieurs reprises, tant dans mes déclarations officielles que lors de nos négociations avec la partie arménienne, d’éviter cette voie dangereuse. L’armement à grande échelle et accéléré de l’Arménie, en lui fournissant des armes meurtrières, peut perturber cette paix, une paix qui est possible ». Bien sûr, il a ajouté qu’aucune puissance de la région ne peut rivaliser avec l’Azerbaïdjan dans le domaine militaire.
J. Tch. ■
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