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Le sport comme expression transnationale en diaspora

Du 28 mars au 1er avril, les 24e Jeux euro-arméniens de Barcelone ont réuni 600 participants, venus de 16 pays européens. La petite communauté arménienne de Barcelone est jeune, dynamique et proactive. C’est la deuxième fois qu’elle organise les Jeux euro-arméniens, qui ont été interrompus après l’épidémie du coronavirus. Elle fait partie de la communauté arménienne espagnole, composée en grande partie d’Arméniens émigrés d’Arménie, qui compte environ 4 000 âmes.

Dans l’histoire des Arméniens de la diaspora, le sport et les jeux sportifs, en tant qu’expression de l’arménité de la diaspora, n’ont pas été suffisamment étudiés. Il s’avère être un moyen privilégié pour connecter, attirer, rassembler les jeunes. La langue, l’école, l’église, la culture, la commémoration du génocide et les récents conflits politiques de l’Arménie occupent toujours une place de choix.

600 participants, répartis en 31 délégations, qui représentent des clubs, des maisons de la culture, des écoles, des associations, grandes et petites… Parmi les plus grandes, on retrouve l’UGAB (ՀԲԸՄ), le Homenetmen (ՀՄԸՄ), qui ont plusieurs branches dans différents pays, et parmi les plus petites, l’Amicale arménienne de Montpellier, en France… Les participations individuelles sont également admises, car le programme prévoit aussi certaines disciplines sportives individuelles.

Les jeux sportifs occupent apparemment la première place dans les relations inter-diasporas; aucun autre événement de la diaspora n’a obtenu une participation aussi importante. Il s’agit d’un phénomène transnational exceptionnel. C’est bien ce besoin d’arménité qui pousse ces jeunes à se rassembler. C’est remarquable, ce creuset de langues, de cultures, de coutumes et d’époques qui est réuni là, dans une ville européenne, naturellement, pour passer des moments collectifs ensemble pendant deux-trois jours. Lors de cette réunion, les jeux sportifs occupent naturellement une place prépondérante en tant que stimulant, mais les événements culturels en sont indissociables. Les soirées sont des moments attendus et animés par les chants et les danses traditionnelles.

Les surprises aussi ne manquent pas. Comme celle que les Arméniens de Belgique ont créée, le premier soir en préparant le « tchikeufté » (un repas à la viande crue mélangée de blé concassé) pour environ 100 personnes. Ils ont  mis l’ambiance dans la soirée, avec des tambours et des chants jusqu’à tard dans la nuit.

Même les congrès Arménie-Diaspora n’offrent guère le même niveau de participation. Peut-être que la seule initiative qui les surpasse sont bien les Jeux sportifs pan-arméniens d’été, qui ont lieu tous les quatre ans à Erevan, et qui  sont également du domaine des jeux et des sports. Les Jeux pan-arméniens de 2023 ont rassemblé 7 000 participants de 41 pays et de 181 villes. En comptant  la participation des clubs d’Arménie, la participation atteint environ les 10 000. Le comité d’organisation des Jeux euro-arméniens fait partie du comité d’organisation des Jeux pan-arménien d’Arménie.

Les Jeux euro-arméniens sont un indicateur intéressant de la capacité organisationnelle de la diaspora arménienne, qui, au fil des années, a été promue et acceptée par presque toutes les organisations politiques et non-politiques des différents pays. Son comité d’organisation est indépendante, car financièrement autosuffisant : les participants assurant eux-mêmes leurs dépenses de voyage et de séjour.

Les jeux sportifs sont une culture issue des profondeurs des siècles.  Aujourd’hui encore, à l’ère d’Internet et des réseaux sociaux, ils représentent une activité attractive pour les jeunes. C’est un moyen qui crée l’amitié, un bon indicateur de santé, d’expression de la volonté, de force et d’adresse, un symbole de beauté physique, d’attractivité, de dépassement de soi, de championnat. De nos jours, peut-être plus qu’aux temps anciens, le sport devient un élément équilibrant l’attrait du numérique, du virtuel, il attire et crée sans cesse les nouveaux champions, les dieux des stades.

J. Tch.