Dans son discours lors de la réunion annuelle des ambassadeurs de France, Emmanuel Macron a cité le cas de l’Arménie sur fond de violations du droit international : premièrement, de la part de l’Azerbaïdjan, par ses actions anti-françaises en Nouvelle Calédonie et ailleurs, en réponse au soutien de la France à l’Arménie, et deuxièmement, de la part de la Russie, qui s’est alliée à l’Azerbaïdjan au détriment de l’Arménie, en raison de la décision audacieuse du Premier ministre Pashinian de lui tenir tête.
Il convient de souligner, dans ce long discours consacré à la stratégie géopolitique de la France, la référence aux écarts idéologiques entre les deux principaux partenaires de l’Occident, particulièrement après la réélection du président Trump, concernant les violations du droit international et l’attitude des Etats-Unis à propos de l’aide à apporter pour la défense de l’Ukraine. La violation du droit international est un phénomène nouveau, notamment en raison de l’ingérence subie dans la vie politique intérieure d’un certain nombre de pays européens, comme l’Allemagne et l’Angleterre. En effet, le milliardaire, Elon Musk, collaborateur et futur ministre dans l’administration du président-élu Trump n’hésite pas à soutenir les forces d’extrême droite de ces pays. Étant propriétaire de la plateforme sociale X (ancien Twitter), les ingérences d’Elon Musk ouvrent naturellement la porte à des inquiétudes justifiées auprès des acteurs politiques. Ingérences répréhensibles aussi graves sinon plus que celles de la Russie dans la politique intérieure des États-Unis et des pays européens. Cette posture politique de l’homme le plus riche de la planète, en l’occurrence par celui qui occupera un poste ministériel au sein de l’administration de la plus grande puissance démocratique du monde pose de sérieux soucis cybersécuritaires aux démocraties européennes.
Dans la vision stratégique du président français concernant la régulation des relations internationales au Moyen-Orient et dans le Caucase du Sud, de très grands risques surgissent pour la sécurité de l’Arménie, celle-ci se trouvant à l’intersection de deux plaques géopolitiques très importantes. La première est constituée par l’ensemble Iran-Russie-Chine, suite aux mesures punitives et dissuasives que prendrait la France ou l’Europe contre l’Iran, afin de mettre un terme à sa capacité à acquérir des armes nucléaires et à sa capacité à produire des missiles supersoniques et des drones modernes. Ce qui, naturellement renforcerait l’option d’une alliance stratégique de l’Iran avec la Russie et avec la Chine, créant une instabilité géopolitique régionale très inopportune pour l’Arménie. La même préoccupation existe à propos du bloc Azerbaïdjan-Turquie-Russie, qui risque de se constituer comme le but ultime de la Turquie, c’est la neutralisation des forces démocratiques kurdes de Syrie, qui elles, sont soutenues par les puissances européennes et occidentales, dont Israël. Dans ce cas de figure, l’Azerbaïdjan tente de jouer le rôle de médiateur entre Israël et la Turquie, ce qui en cas de succès pourrait conduire à l’abandon des Kurdes par les Occidentaux face à la Turquie. Les Occidentaux ne pourront s’opposer à un accord qui a reçu l’aval d’Israël. Cette situation est déjà arrivée lors du précédent mandat de Trump. Le partenariat Azerbaïdjan-Turquie-Israël est aussi une alliance dangereuse pour l’Arménie, une alliance qui rappelle celle créée lors de la guerre de 2020.
Compte tenu des options stratégiques de politique étrangère du président français, qui représente une des principales forces motrices de l’Union européenne, de sérieuses menaces et des défis géopolitiques se dressent face à l’Arménie, qui lui demandent de mettre en œuvre toutes les ressources politiques et diplomatiques pour leur faire face.
J. Tch. ■
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