L’intérêt d’un site, d’un monument et même d’une rue donne parfois une certaine connaissance de sa ville. La démarche de Hrant Norsen est encore plus subtile, avec la publication * récente de son livre « Les Arméniens en terre de France », en présentant dans chaque commune tous les lieux publics à consonance arménienne, afin d’éclairer ses lecteurs sur les liens qui unissent ces apatrides ayant fui le génocide de 1915 et leur nouveau pays d’accueil, et plus particulièrement la commune dans laquelle ils se sont établis.
Avec sa rigueur exemplaire, l’auteur nous livre d’une manière exhaustive une documentation quasi complète de toutes les dénominations arméniennes des voies communales, des bâtiments publics au nom d’une personnalité emblématique de notre communauté, des espaces, des jumelages, des plaques-souvenirs, etc. et même ce village arménien situé en Auvergne. Cette nomenclature s’étale sur près de 400 pages, hormis un index biographique, avec des informations plus enrichies que dans le premier ouvrage, édité une dizaine d’années plus tôt. Cette évolution extraordinaire montre que les rapports entre la France, l’Arménie et notre communauté se sont davantage resserrés en signe de reconnaissance pour les acteurs ayant contribué à faire développer leur ville sur le plan économique, culturel ou social et encore aussi pour avoir participé à la Libération du pays à l’époque de l’occupation nazie.
Ce travail colossal répond désormais aux questionnements que chacun pouvait se poser sur le nombre d’Arméniens dont le nom a été attribué dans les communes en France, faisant bien sûr notre fierté mais aussi une gratitude partagée entre ces citoyens vertueux et intègres d’une part, et les pouvoirs publics qui ont su reconnaître les vertus de leurs administrés d’autre part. A la lueur des délibérations municipales, il apparaît que le choix ou la réflexion sur les noms à donner aux voies de communication ne constituent certes pas une priorité, mais il est indéniable qu’un certain nombre de nos concitoyens ont été oubliés, bien que leur comportement et leur engagement mériteraient d’être immortalisés par une « plaque bleue ».
Après la Libération, les communes avaient tenu à honorer leurs héros de la Résistance, sans oublier peut-être un jour, dans ce Panthéon à ciel ouvert, de mentionner d’autres femmes et hommes de la diversité des cultures ayant contribué à enrichir leurs cités et leur pays d’accueil. Ce livre de Hrant Norsen demeure indispensable pour chacun d’entre nous, comme un véritable Guide qu’on ne devrait se séparer rarement pour aller découvrir des lieux communs qui nous rassemblent.
Édouard Mardirossian
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