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Luis Moreno Ocampo : « Il est inacceptable que la COP29 ait lieu à Bakou tant que les prisonniers arméniens restent emprisonnés »

L’ancien procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, dans une interview accordée à « Armenpress », a évoqué son initiative visant à appeler les Arméniens du monde à s’unir et à lancer une campagne médiatique contre la 29e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29),  qui se tiendra à Bakou en novembre 2024, en exigeant la libération des prisonniers arméniens détenus en Azerbaïdjan.

Il a affirmé que le président azerbaïdjanais Ilham Aliev tente de redorer le prestige de son pays à travers la COP29. « Il est étrange qu’Aliev tente de présenter cela comme une conférence de paix, alors que des prisonniers arméniens, parmi lesquels d’anciens dirigeants militaires et politiques du Haut-Karabakh, sont toujours détenus dans les prisons de Bakou », a déclaré Ocampo.

Selon lui, « l’arrestation des prisonniers était un message adressé aux Arméniens de l’Artsakh : “ Si vous retournez au Haut-Karabakh, vous souffrirez, vous serez emprisonnés ou  tués ”. Il convient de noter qu՛au-delà des considérations géopolitiques, l’Azerbaïdjan réussit à empêcher l’Europe et les États-Unis de dire quoi que ce soit. Les Etats gardent le silence, puis ils essaient d’oublier », a souligné l’ancien procureur général.

Soulignant que l’Azerbaïdjan a commis un génocide en Artsakh, Ocampo a déclaré que « le corridor de Latchine était la seule route reliant les habitants du Haut-Karabakh au monde, et en le bloquant, la population artsakhiote a été isolée et forcée de se soumettre, et avant cela Bakou avait répété à plusieurs reprises, qu’il s’apprêtait à les détruire. De tout cela, il ressort clairement que ce qui s’est passé était un génocide, sachant que le déplacement forcé de personnes est également un type de génocide et qu’il est légalement défini par l’Accord sur le génocide ».

Selon Ocampo, il est nécessaire de constamment élever la voix et d’agir sur ce qui s’est passé, et non de rester silencieux. « Le principal acteur pour ce faire est l’Arménie, et en premier lieu les Arméniens de la diaspora », a-t-il souligné, ajoutant que c’est un grand honneur pour lui de pouvoir aider les Arméniens dans ce contexte de crise mondiale. “Nous voulons utiliser les possibilités des réseaux sociaux pour atteindre notre objectif », a-t-il déclaré.

(…)

« Nous ne pouvons pas laisser les prisonniers arméniens dans les prisons de Bakou et nous devons les protéger. Après la COP29, si Aliev réussit à mettre en œuvre son plan visant à paraître pacifiste, il n’y aura peut-être plus aucune chance de sauver ces personnes. Nous ne pouvons pas permettre que la COP29 ait lieu à Bakou tant que 23 prisonniers arméniens restent en prison », a déclaré Ocampo, soulignant qu’il est évident qu’il n’y a pas de système judiciaire indépendant dans l’Azerbaïdjan dictatorial, et qu’il est donc difficile d’espérer que la justice puisse prendre des décisions justes concernant les prisonniers arméniens et leur libération.

L’ancien procureur a souligné que « les Arméniens emprisonnés à Bakou ne sont pas des prisonniers de guerre, mais des victimes du génocide, qui ont été arrêtés alors qu’ils voulaient quitter le Haut-Karabakh, et en Azerbaïdjan ils sont accusés d’avoir commis des crimes de guerre. Et toutes ces procédures judiciaires sont absurdes et ne valent même pas la peine d’être discutées, car il n’y a pas de juges indépendants en Azerbaïdjan. »

Et en conclusion  : « Notre message est de ne jamais abandonner. Dès que vous abandonnez, vous perdez. Je ne sais pas à quel résultat cela mènera, mais ce que nous faisons est un travail qui en vaut la peine. »