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Moscou rend un criminel de guerre azerbaïdjanais à Aliev

A la suite d’un mandat de recherche émis par l’Arménie, la police russe a brièvement détenu le 21 février un Azerbaïdjanais accusé d’avoir commis des crimes de guerre pendant la guerre de 2020 au Haut-Karabakh[1]. L’individu qui s’appelle Kyamil Zeynalli a été appréhendé à l’aéroport international Domodedovo de Moscou tôt dans la matinée alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Bakou. Mais il a été relâché le soir même. Ci-dessous, deux échos de cet événement.

Post paru sur « DZEN », un réseau social russe

Le criminel de guerre azerbaïdjanais Kyamil Zeynalli a été renvoyé à Bakou aujourd’hui

Comme on pouvait s’y attendre, le « psychopathe du Karabakh » Kyamil Zeynalli qui avait sauvagement ôté la vie à un vieil  arménien en Artsakh en direct à la télévision, a été libéré par les autorités russes et il a été reçu avec les honneurs à Bakou. Tout comme un autre « boucher »  du nom de Ramil Safarov qui avait décapité Gourguen Margarian à Budapest avait à l’époque été amnistié par la Hongrie, puis reçu en héros en Azerbaïdjan.

D’après moi, il s’agit d’un résultat remarquable, car le but de la demande d’arrestation était précisément celui-ci : démasquer les alliés d’Aliev comme étant corrompus et non crédibles. 

Je suis certain que personne n’attendait sérieusement le tueur à Erevan car je crois que les procureurs arméniens ne sont pas plus stupides que vous et moi. Mais cela nous permettra également de présenter sous un jour négatif les autres alliés d’Aliev: le Kazakhstan, la Biélorussie, l’Ouzbékistan. N’hésitons donc pas à leur adresser nos demandes d’extraditions. Mais si j’étais le Bureau du Procureur général d’Arménie, je rendrais la vie plus difficile aux voyous azerbaïdjanais qui passent leurs  vacances en dehors de la CEI.  Les demandes via Interpol sont bien plus efficaces et il ne sera pas facile pour le clan des Aliev d’obtenir le retour d’autres tueurs depuis Paris, Dubaï, Charm El-Cheikh ou les Maldives. 

Un conseil : les meurtriers et les sadiques à la soldes des Aliev devraient à l’avenir exclusivement passer leurs vacances au « Mahmed Resort » à Naftalan (ville touristique d’Azerbaïdjan).

 

Le billet de Vahram Atanesyan sur le site 1 In.am

L’entraîneur de fitness et blogueur, Kyamil Zeynalli, arrêté hier à Moscou, a été libéré le même soir et s’est envolé pour Bakou depuis l’aéroport « Vnukovo » de Moscou.

Vers 02h00 du matin, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’Azerbaïdjan en Russie, Polad Bulbulogli, en a informé le site « Haqqin.az », en précisant qu’il « avait réussi à convaincre la partie russe que les accusations présentées par l’Arménie étaient sans fondement ». Ce qui s’est passé en réalité peut être la résultante de la combinaison de la déclaration faite la veille par l’ambassadeur d’Azerbaïdjan et de la libération de Zeynalli à minuit.

Bulbulogli a déclaré hier aux mêmes médias de Bakou que le bureau du procureur du district de Domodedovo avait soumis le cas de Zeynalli au tribunal et qu’il devait comparaître devant le tribunal aujourd’hui. L’ambassadeur d’Azerbaïdjan à Moscou a également informé que les forces de l’ordre russes attendaient des « justifications supplémentaires » de la part de l’Arménie. Il était également convaincu que la situation n’impliquait pas que Zeynalli « soit immédiatement mis dans un avion et transféré en Arménie et que nous avions affaire à un processus à long terme ».

Bulbulogli s’attribue personnellement le fruit d’un « travail acharné » accompli par la mission diplomatique de l’Azerbaïdjan à Moscou. « Nous sommes restés sans sommeil pendant tout une journée », a-t-il déclaré aux médias azerbaïdjanais d’une « voix fatiguée », ce qui laisse entendre qu’une décision extrajudiciaire, c’est-à-dire exclusivement politique, a été prise à l’encontre de Zeynalli. 

Les négociations russo-azerbaïdjanaises de ces 24 heures ont-elles atteint le niveau de la conversation téléphonique Aliev-Poutine ? On l’ignore, mais ce n’est pas non plus exclu.

Il est évident que l’affaire Zeynalli n’a pas été portée devant les tribunaux. L’accusation portée contre lui par l’Arménie a été reconnue « sans fondement » par décision du parquet de la région de Domodedovo. Bien évidemment, Moscou peut répondre que la Russie est un « un état de droit ». Mais pourquoi alors la procédure habituelle n’a-t-elle pas été suivie ? Après tout, l’ambassade d’Azerbaïdjan avait engagé plusieurs avocats pour défendre Zeynalli et ils ont été capable de dissiper « l’accusation sans fondement » de l’Arménie lors de l’audience du tribunal.

Il y a visiblement eu un accord politique entre Moscou et Bakou qui avait été précédé d’une « légère émotion ». Le Kremlin a clairement fait comprendre à Aliev que les meurtriers azerbaïdjanais ne devraient pas se sentir totalement à l’aise en Russie. Les forces de l’ordre russes ont arrêté plusieurs azerbaïdjanais accusés de violences contre la population dans diverses villes, notamment à Saint-Pétersbourg. Mais ce n’est sans doute pas fondamental.

Le « cas » de Zeynalli peut avoir des causes beaucoup plus profondes. Et ici, il est extrêmement important d’évaluer objectivement si l’impulsion a également été adressée à Erevan. Si les forces de l’ordre arméniennes ont été impliquées dans « l’enquête sur le cas » de Zeynalli. Moscou y a-t-il fait référence ?  Il est très intéressant de savoir si les Azerbaïdjanais ont communiqué à la Russie les noms d’Arméniens recherchés par eux. Même si ce n’est pas le cas, il faudra s’attendre à ce qu’ils le fassent. Des problèmes pourraient ensuite survenir en Russie, notamment pour des arméniens expulsées d’Artsakh.

Zeynalli a déclaré qu’après la « Guerre des quarante-quatre jours », il s’était rendu à Moscou à plusieurs reprises et qu’il n’avait jamais été inquiété. Pourquoi a-t-il été nécessaire d’arrêter Zeynalii, surtout après la Conférence de Munich sur la sécurité, puis de le libérer au motif que l’accusation de l’Arménie était « sans fondement » ? Ne s’agit-il pas d’une « opération conjointe » russo-azerbaïdjanaise ? Et si oui, devons-nous nous attendre à une suite ?

 

Traduction : Sahak Sukiasyan

[1] Le 7 décembre 2020, les chaînes gérées par l’Azerbaïdjan sur l’application de messagerie « Telegram » ont mis en ligne des séquences vidéo de l’exécution en direct d’un civil arménien de 82 ans. Dans la vidéo, la victime est coincée par un soldat portant l’uniforme de l’armée azerbaïdjanaise et le casque distinctif des forces spéciales azerbaïdjanaises. Le soldat porte un drapeau azerbaïdjanais sur l’épaule droite et un brassard rouge sur sa gauche. La victime implore sa clémence en répétant à plusieurs reprises  « Je vous en supplie, pour l’amour de Dieu » dans la langue même du meurtrier. L’autre soldat tend un couteau à l’agresseur qui l’utilise pour trancher sauvagement la gorge du vieil homme avant que la vidéo ne se termine brusquement.