Au soir du 16 août, le Conseil de sécurité de l’ONU, après deux heures de discussions sur l’agenda de la crise d’Artsakh, ne sait toujours pas s’il adoptera ou non une résolution ou une déclaration. Cependant, l’écrasante majorité des représentants des 15 pays du Conseil ont convenu que les questions humanitaires ne pouvaient pas être utilisées comme une arme pour entraver les droits de 120 000 personnes. La plupart des diplomates ont clairement souligné que le corridor de Berdzor devrait être ouvert, tandis que d’autres ont evoqué la possibilité de l’ouverture d’autres routes.

Dans son discours, le ministre des Affaires étrangères d’Arménie, Ararat Mirzoyan, a souligné les attentes avec lesquelles la partie arménienne avait convoqué cette réunion aussi urgemment.

« Nous attendons de ce Conseil qu’il condamne la mise en œuvre de la famine contre les civils en tant que pratique militaire, nous appelons au rétablissement immédiat de la liberté et de la sécurité de la circulation des personnes, des moyens de transport et des marchandises à travers le corridor de Latchine, conformément aux accords établis, d’envoyer une mission inépendante pour évaluer les besoins du Haut-Karabakh et de fournir une aide humanitaire à la population touchée », a déclaré Mirzoyan en soulignant :

« Prévenir une telle catastrophe est le devoir principal de l’ONU et de ce Conseil. Je pense vraiment que cette structure remarquable, malgré les désaccords géopolitiques, peut être considérée comme celle de la prévention d’un génocide, et non comme celle de commémoration d’un génocide, lorsqu’il sera déjà trop tard. »

La représentante de la France, Nathalie Estival-Broadhurst, a déclaré que la fermeture du corridor de Berdzor par l’Azerbaïdjan continue d’isoler du monde la population de l’Artsakh, sans aucune raison valable justifiant cette situation, et que cette mesure est contraire aux principes du droit international humanitaire.

« Cette situation, outre les coupures de gaz et d’électricité, l’assèchement des ressources en eau, les difficultés rencontrées par la population pour trouver des semences…, s’est déjà transformée en crise humanitaire.

La France condamne l’interdiction par l’Azerbaïdjan de l’acheminement de l’aide humanitaire envoyée par les autorités arméniennes pour atténuer les conséquences de cette situation », a déclaré la diplomate française.

« Nous exhortons le gouvernement azerbaïdjanais à rétablir la libre circulation dans le couloir de Latchine afin que les véhicules humanitaires et civils puissent atteindre le Haut-Karabakh. Nous soulignons également l’importance de parvenir à un compromis sur la question des itinéraires supplémentaires pour l’aide humanitaire », a déclaré l’ambassadeur américain qui présidait la session.

Le représentant de la Russie a affirmé que Moscou avait déjà proposé des solutions de compromis réalistes aux parties pour apaiser la tension. « Nous parlons d’ouvrir simultanément les couloirs d’Aghdam et de Latchine pour le transport de civils et de marchandises non militaires. »

« L’aggravation de la situation humanitaire au Haut-Karabakh nuit au processus de paix », a affirmé, quant à lui, l’ambassadeur de l’Union européenne, notant que la mission d’observation de l’UE a enregistré un certain nombre de violations du cessez-le-feu à la frontière arméno-azerbaïdjanaise ces derniers mois.

Cependant, le représentant de Bakou a catégoriquement démenti toutes les accusations : « Les allégations de famine et de génocide sont fausses et fictives », a déclaré Yasar Aliev.

« L’Azerbaïdjan mène une politique de réintégration des Arméniens de la région d’Artsakh, les considérant comme des citoyens égaux, en leur garantissant tous les droits et libertés prévus par la Constitution de l’Azerbaïdjan. Nous sommes déterminés à protéger notre souveraineté et notre intégrité territoriale », a-t-il déclaré.