Lors d’une conférence de presse tenue lundi soir, le Premier ministre Nikol Pachinian a critiqué l’Azerbaïdjan et la Turquie pour l’absence d’avancée dans les efforts en cours pour normaliser les relations, ajoutant que l’Azerbaïdjan « essaie de renforcer la légitimité d’une nouvelle guerre » en blâmant l’Arménie.
Plus particulièrement, Pachinian a accusé Bakou d’avoir annulé une réunion, apparemment prévue lundi à Bruxelles, entre le chef du Conseil de sécurité arménien Armen Grigoryan et Hikmet Hajiyev, le conseiller en politique étrangère du président azerbaïdjanais. La perspective d’une rencontre entre les deux responsables n’avait jusqu’alors pas été évoquée.
Pachinian a ajouté que l’Azerbaïdjan n’avait pas respecté sa promesse de restituer les prisonniers de guerre arméniens toujours détenus dans le pays, rejeté une proposition arménienne d’organiser une réunion des ministres des Affaires étrangères des deux pays et refusé d’examiner un projet de plan de réouverture d’un chemin de fer régional.
Le Premier ministre arménien a également condamné l’insistance apparente de la Turquie pour que tout accord de normalisation soit lié à un accord similaire entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qualifiant la position d’Ankara d’« inutile ».
Pourtant, Pachinian a doublé la position de son gouvernement selon laquelle il n’y a pas d’autre voie pour l’Arménie que la paix, affirmant que « l’agenda de la paix n’a pas d’alternative », tout en insistant sur le fait « qu’il ne peut pas être unilatéral ».
« Nous avons fait et faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour ouvrir une ère de développement pacifique pour notre région. L’alternative a cela serait une nouvelle guerre », a-t-il averti.
Pachinian a également évoqué le sort encore incertain des villages arméniens d’Aghavno et de Sus au Karabakh, confirmant qu’« en cas de changement de route, ils passeront sous le contrôle de l’Azerbaïdjan ». Ces deux villages se trouvent dans le corridor de Latchine.
Selon l’accord qui a mis fin à la guerre de 2020, l’Azerbaïdjan devrait construire une nouvelle route reliant l’Arménie et le Karabakh qui contourne Aghavno et Sus. Une fois cette route terminée, l’Azerbaïdjan est censé prendre le contrôle des deux villages et les soldats de la paix russes sont censés se déplacer vers la nouvelle route.
Cependant, Pachinian a refusé d’entrer dans les détails de ce que ce transfert signifierait dans la pratique, disant seulement que les « problèmes seront résolus avec l’aide du gouvernement d’Artsakh ».
La conférence de presse de ce lundi était la première de Pachinian depuis janvier. Elle s’est tenu en ligne, comme c’est la pratique courante pour le Premier ministre depuis le début de la pandémie de coronavirus.
Dimanche, un groupe de médias arméniens, dont CivilNet, a publié une déclaration appelant Pachinian à revenir à « la pratique de la communication ouverte avec les médias », craignant que le format d’une conférence de presse en direct ne limite leur capacité à poser librement des questions.
Un groupe différent de près de trente médias a publié une déclaration distincte au cours du week-end s’engageant à boycotter entièrement la conférence de presse du Premier ministre et l’appelant à reprendre les conférences de presse en présentiel.
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