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Période d’attente

Le 18 octobre, la rencontre selon le format 3+3 des ministres des Affaires étrangères de la Turquie, de l’Iran, de la Russie, de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan et de la Géorgie (mais cette dernière n’a pas participé) s’est tenue à Istanbul. Au cours de cette rencontre s’est tenue une réunion bilatérale des ministres des Affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Selon le communiqué publié, « Mirzoyan et Bayramov ont convenu de poursuivre leurs efforts pour finaliser le traité de paix et le conclure dans un court laps de temps ».

À cette occasion, le ministre russe des Affaires étrangères, Lavrov, a annoncé que Moscou, Ankara et Téhéran avaient proposé à Erevan et à Bakou d’envisager le format 3+3 comme la plate-forme pour poursuivre et conclure le « traité de paix ». Il est clair que l’intention des trois puissances régionales Russie-Iran-Turquie est de tenir l’Occident à l’écart du Caucase du Sud. Lavrov n’hésite pas à affirmer, une fois de plus, que la plus grande menace pour le Caucase du Sud-Est est l’implication de puissances extra-régionales, faisant naturellement référence aux États-Unis et, en particulier, à la mission d’observation de l’UE qui opère en Arménie.

Contrairement aux attentes pessimistes, la déclaration finale de la plate-forme 3+3 d’Istanbul est en apparence un appel très positif et plutôt encourageant en direction du respect du droit international. Elle va dans le sens de la prise de position du gouvernement arménien. La déclaration souligne « l’importance du règlement pacifique des différends, les ministres ayant réaffirmé leur fidélité aux principes de souveraineté, d’intégrité territoriale, de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, l’interdiction de la menace ou le recours à la force et le respect des droits de l’homme. Il a été souligné que les relations de bon voisinage résultent d’efforts communs pour réaliser des intérêts mutuels ». Les ministres ont également souligné « le rôle positif de la coopération économique régionale dans le renforcement de la confiance, de la prospérité et de la stabilité. »

Cette déclaration énumère tous les principes qui ont été systématiquement violés par tous les participants – à l’exception de l’Arménie –  aussi bien en politique intérieure qu’à travers la  politique belliqueuse qu’ils mènent vis-à-vis de leurs voisins.

Au-delà des principes, cette déclaration contredit complètement la déclaration du ministre des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, Bayramov, lequel, une fois de plus, avait insisté sur l’amendement de la Constitution arménienne comme condition pour conclure un accord de paix avec l’Arménie. Et que dire de la Turquie, qui conditionne encore l’ouverture de la frontière avec l’Arménie à l’alliance de paix Arménie-Azerbaïdjan ?

Michael Carpenter, directeur du Bureau de la Sécurité nationale Europe du président américain, a remis  les lettres personnelles de Joe Biden adressées avant la fin de son mandat au président de l’Azerbaïdjan et au Premier ministre de l’Arménie, dans lesquelles il souligne la « volonté des États-Unis d’assurer la paix et la stabilité dans la région ».

Du côté occidental, la dernière rencontre entre Mirzoyan et Bayramov a eu lieu le 26 septembre, à l’initiative du secrétaire d’État américain Blinken, à New York. Le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, avait déclaré que la signature du traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan n’avait jamais été liée au sommet sur le climat de novembre. Et il avait souligné que les signataires de l’accord sont l’Arménie et l’Azerbaïdjan, et non pas Washington.

En un mot, aucun des acteurs régionaux et globaux, n’a la volonté, ni l’intention de freiner ou de punir l’Azerbaïdjan pour son attitude agressive. Ce dernier, par la bouche de son ministre de la Défense, a ordonné à l’armée d’être prête à faire face aux attaques des « revanchards arméniens ».

L’élection présidentielle américaine et le déroulement anormal du sommet climatique COP29 peuvent changer la situation, tout comme une attaque israélienne à grande échelle contre l’Iran. Autrement, une situation qui ne relève ni de la guerre ni de la paix pourrait perdurer pendant un certain temps.

J. Tch.

Éditorial