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Regard sur la première année de la perte de l’Artsakh

Les passions azerbaïdjanaises se sont à nouveau enflammées après les déclarations pacifistes et conciliantes du Premier ministre Pachinian lors de la conférence de presse du 31 août. On pourrait dire la même chose du ministère des Affaires étrangères de la Russie. Plus le Premier ministre arménien avance des thèses pacifistes, plus la partie adverse s’agite et tente de justifier ses positions et ses exigences hostiles. Parfois même, de nouvelles exigences sont exprimées : la dernière en date étant la déclaration du conseiller d’Aliev, Hikmet Hadjiev, demandant d’imposer des restrictions sur l’acquisition de certains types d’armement par l’Arménie : comme la communauté internationale avait adopté une politique similaire contre l’Irak après l’invasion du Koweït.

Les propositions arméniennes ne manquent pourtant pas pour ouvrir une ère de paix avec l’Azerbaïdjan. Plus la partie azérie accroît ses exigences et ses menaces, plus l’Arménie répond par diverses propositions de paix, telles que le « Carrefour de la paix », l’« Alliance pour la paix », la libéralisation des frontières comme moyen de réduire les tensions frontalières, la création d’une commission bilatérale chargée d’enquêter sur les incidents frontaliers, la réduction des négociations bilatérales sur les armements. Cette stratégie de paix a porté ses premiers fruits après les négociations des commissions de démarcation des frontières entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, avec la publication, le 1er septembre, du règlement de la démarcation, où pour la première fois, la Déclaration d’Alma-Ata de 1991 est officiellement mentionnée comme document de base pour la mise en œuvre de la démarcation interétatique.

Malgré les déclarations belliqueuses de l’Azerbaïdjan, une paix relative règne depuis un an à la frontière, grâce  notamment à la présence d’observateurs de l’Union européenne. Cependant, cette situation pourrait changer soudainement, surtout après la tenue de la COP29 en novembre 2024, et si les conditions internationales subissent un changement radical, comme la victoire de Trump aux élections américaines ou la victoire de la Russie sur le front ukrainien.

Avec la Russie, c’est une autre paire de manche. La demande insistante du ministère russe des Affaires étrangères de mettre en œuvre l’article 9 de l’accord de cessez-le-feu tripartite du 9 novembre s’oppose au projet « Carrefour de la paix » du gouvernement arménien. La Russie craint que la restauration des moyens de communication se réalise sans sa médiation. Sur ce point, elle bénéficie du soutien de l’Azerbaïdjan, dont le ministère des Affaires étrangères a annoncé, à l’occasion de la visite de Poutine à Bakou, que la plate-forme moscovite de négociations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan était pour lui acceptable. Et pour l’Arménie, la plateforme russe reste déraisonnable, car elle comporte de nombreux échecs et des déceptions infligés de la part de la Russie concernant les engagements non respectés des 8 premiers points de l’accord du 9 novembre, notamment celui des prisonniers de guerre et les dirigeants artsakhiotes enlevés par Bakou.

Ces événements, qui ont eu lieu à la veille de l’indépendance de l’Artsakh, montrent que l’épée de Damoclès est suspendue au-dessus de la tête de l’Arménie, en cas d’un faux pas, cela peut immédiatement se transformer en une reprise d’hostilité. Cette situation n’émeut guère l’opposition parlementaire, qui totalement indifférente aux menaces auxquelles l’Arménie est confrontée, continue de soutenir le héros de la soi-disant « Lutte sainte ». Et les relations entre les dirigeants d’Arménie et  ceux d’Artsakh restent tendues, même si le 2 septembre, la déclaration du dernier président de l’Artsakh, Chahramanian, tristement célèbre, pourrait ouvrir la porte à une détente : « Après l’expulsion, les autorités d’Artsakh ont adopté une politique visant à ne pas porter atteinte à la sécurité de l’Arménie. La sécurité de l’Arménie est une priorité pour nous. Elle est aussi notre patrie. Nous devons tout faire pour ne pas mettre en danger les processus menés par les autorités arméniennes et ne pas nuire au système de sécurité. »

J. Tch.