Situation au Karabakh, par un témoin direct, qui souhaite rester anonyme. Version originale chez Zara Nazarian : 

« Rapidement sur la situation. Chronique de l’apocalypse en cours. Je vais essayer de le faire sans émotion. 23 septembre 2023. 

1. Personne ne sait rien. Nous ne savons pas si nous avons un pouvoir en place. Il n’y a pas d’électricité, pour la majorité d’entre nous nos appareils sont morts [c’est-à-dire en substance pas de portables], nous sommes informés par des témoins directs ou le téléphone arabe

2. On dit que nous avons beaucoup de morts, en particulier chez les populations civiles de la campagne, c’était un jour travaillé, les enfants étaient dans les écoles, nos tolérants voisins [ironie à propos des Azéris] mentent quand ils disent qu’ils n’ont pas visé des sites civils et tué la population civile, car le nombre de disparus sans nouvelles dont les gens parlent témoigne du contraire

3. Stepanakert [capitale du Karabakh] ressemble à une grande ruche. La plupart des réfugiés proviennent de la campagne, je ne sais pas où ils dorment, mais j’ai l’impression que les plus pauvres dorment dans la rue. Personne ne s’occupe d’eux, je n’ai pas connaissance de points de distribution de nourriture chaude, à part le restaurant “Guinou Toun” [La maison du vin]

4. Il y a partout des feux improvisés, sur lesquels les gens essaient de cuire quelque chose, il n’y a ni gaz ni électricité, ils mentent quotidiennement lorsqu’ils annoncent qu’”aujourd’hui, cela va être rétabli”, car rien n’est rétabli. Certaines boulangeries au feu de bois ont été ouvertes, mais il n’y a pratiquement pas de pain nulle part. Partout des tas d’ordures, notre ville autrefois idéalement propre sombre dans la saleté. Il n’y a ni vols, ni cambriolages. 

5. On apprend par des connaissances et des proches qui se trouvent près de l’aéroport où se trouve la base des forces [russes] de maintien de la paix qu’ils vivent dans des tentes, que les enfants sont presque tous malades, que les conditions sont très mauvaises et qu’il y a peu de nourriture. La situation sanitaire sera vite hors de contrôle. On a menti aux gens que l’on a attiré vers l’aéroport en leur promettant de les évacuer, ensuite des bruits ont couru que l’Arménie ne nous accueillerait pas. 

6. Pour l’instant aucune nouvelle du corridor humanitaire. Des bruits circulent, très exagérés, que l’on ne nous laisserait pas passer, ou qu’on ne laisserait passer que les femmes et les enfants et que l’on tuerait les hommes désarmés. Que tous ceux que l’on laisssera partir devront signer un document attestant qu’ils n’ont aucune prétention à l’égard de l’Azerbaïdjan. Pour l’instant c’est tout. »