Le 18 août 1994, disparaissait le Catholicos Vazken 1er après un pontificat de près de 40 ans marqué par une véritable résurrection de l’Église arménienne après une longue période de persécutions qui l’avait menée au bord de l’anéantissement.
Le texte que nous publions à l’occasion du 30e anniversaire de sa mort est celui d’un entretien entre Sa Sainteté Vazken 1er et Madame Chouchane Ghazarian paru le 23 novembre 1990 dans la revue « Midk »[1].
Ce texte est naturellement daté et un certain nombre de propos, de considérations, de positions du Catholicos Vazken 1er peuvent apparaitre aujourd’hui dépassés, discutables, voire contestables. Mais dans sa globalité, il nous permet de nous remémorer cette période de notre histoire, de la genèse de l’indépendance et du mouvement en faveur de l’émancipation de l’Artsakh. Il nous permet également de nous souvenir de ce grand fils du peuple arménien, de l’un des plus grands catholicos de notre histoire.
Le 18 août 1994, nous perdions non seulement un grand Catholicos, mais également un authentique pédagogue, un intellectuel[2] et un véritable homme d’Etat[3].
Puisse l’exemple de la vie et de l’action de ce grand serviteur de la nation nous inspirer tous aujourd’hui.
Bénie soit sa mémoire !
Sahak SUKIASYAN
Chouchane Ghazarian :En octobre à Moscou, en faisant cesser la grève de la faim des députés arméniens à l’occasion de la question du Karabakh [4], vous avez déclaré que dès le début de ce mouvement, vous n’étiez pas optimiste et que c’était la raison pour laquelle vous affirmiez « ne pas désespérer » aujourd’hui. Comment se fait-il que vous ne désespériez pas pour le Karabakh et Chahoumian [5] en ces jours si difficiles ?
S.S. Vazken 1er : Compte tenu de la capacité de nos propres forces j’étais plutôt réservé sur l’opportunité de déclencher ce mouvement. Mais ceux qui ont lancé le « Mouvement du Karabakh » [6] l’ont fait dans un grand élan d’optimisme, mais sans plan précis, pensant que si nos revendications étaient justes, et elles l’étaient assurément, notre cause aboutirait forcément. J’ai même conseillé de bien réfléchir à la question dès les premiers jours du mouvement, d’être clairvoyant, de se poser la question des chances de succès de cette initiative compte-tenu de notre situation géographique et de nos forces. À cette époque, je pensais que l’Arménie devait se tenir aux côtés du Karabakh, pas directement ni ouvertement, mais par divers moyens. J’avais alors pris comme exemple la situation de l’Irlande du Nord. Une lutte sanglante pour l’unification y dure depuis vingt ans, mais la « Mère-patrie »[7] n’intervient pas directement et entretient, en apparence, des relations « normales » avec la Grande-Bretagne. Cependant, notre mouvement avait débuté et j’étais moi aussi très enthousiaste car dans de telles questions, on peut être d’une opinion, mais ne pas en être complètement sûr. Je ne suis toujours pas sûr aujourd’hui du bien fondé du déclenchement du mouvement, mais il est né sur la base d’une juste revendication et les sentiments patriotiques du peuple arménien se sont exprimés d’une façon magnifique. Maintenant que nous nous sommes lancés dans ce combat, nous devons poursuivre jusqu’au succès final. Il ne faut pas désespérer des difficultés qui se présentent et qui se présenteront encore à nous à l’avenir. Il ne faut pas non plus se précipiter. Nous sommes une nation vieille de trois mille ans et nous devrons sans doute continuer de lutter pendant disons encore dix ans. La solution doit être cherchée et trouvée dans la manière de défendre notre cause qui est légitime, quelles que soient les circonstances. Je veux souligner que dans le contexte actuel, nous devons poursuivre ce combat avec clairvoyance et prudence, avec de l’audace, mais aussi avec patience. Au siècle dernier, il y a eu une lutte âpre entre les Français et les Allemands sur la question de l’Alsace-Lorraine. Les Allemands avaient occupé cette région. Comme nous, les Français vivaient alors dans un état de grande révolte, de désespoir, lorsqu’un célèbre personnage français a lancé le message suivant : « Pensons-y toujours, mais n’en parlons jamais » [8]. Les Français gardèrent longtemps le silence. Le peuple français resta silencieux pendant près de cinquante ans, puis, en 1918, il reconquit ses terres. L’histoire nous donne parfois de vraies leçons…
Chouchane Ghazarian : Selon vous, quel rôle le Christianisme a-t-il joué dans la formation de notre identité ? Les leçons de l’histoire nous ont-elles enseigné quelque chose ? Sommes-nous vraiment un peuple qui vit conformément aux valeurs et aux enseignements du Christianisme ?
S.S. Vazken 1er : Ce n’est pas en tant que Catholicos que je m’exprime, mais je m’appuie sur les fondements de notre histoire. Le peuple arménien a officiellement adopté le christianisme au début du IV-ème siècle. Cette foi s’est alliée d’une telle manière à l’identité de notre nation que pendant 1 700 ans, on ne les a plus séparées. « L’Age d’Or »[9] de notre histoire est directement né du christianisme. Il est clair qu’au moment de la conversion de l’Arménie au Christianisme, le peuple arménien n’avait pas encore façonné de manière définitive son identité nationale et religieuse, mais qu’il était dans un processus de recherche continu bien qu’existant déjà en tant que peuple. Il aurait pu se tourner vers le paganisme perse, et il y avait d’ailleurs des pressions de la part des Perses dans ce sens. C’est à ce moment précis, que le Christianisme est apparu et, d’une certaine manière, il est devenu l’élément qui a finalement façonné l’identité de notre nation. Cela ne s’est pas produit avec d’autres nations. Par exemple, les Grecs ont connu leur « Age d’or » 500 ans avant le Christianisme. Sur le plan culturel, leur heure de gloire a donc eu lieu durant l’Antiquité. Ce fut ce que l’on a appelé « l’âge d’or de Périclès ». Les Français sont devenus chrétiens très tôt, et même si ils étaient déjà constitués en nation depuis fort longtemps, leur âge d’or culturel a eu lieu durant le règne de Louis XIV. La spiritualité de notre peuple s’est forgée et a rayonné environ un siècle après l’adoption du Christianisme, grâce à la traduction de la Sainte Bible par Saint Mesrob Machdots et à la création de la littérature arménienne qui a suivi. Plus tard, la guerre des Vartanides a constitué un véritable combat patriotique fondé sur la foi chrétienne. Il suffit pour s’en convaincre de lire l’ouvrage de l’historien Élysée[10] pour comprendre cette évidence. Ce fut la première guerre menée pour la liberté de conscience et de culte au niveau de l’histoire mondiale. Je veux le répéter, les valeurs fondamentales propres à notre nation se sont mêlées au christianisme, se sont fondues, se sont développées, et nous sont parvenues jusqu’à nos jours.
Chouchane Ghazarian: Le mensuel « Etchmiadzine » est publié depuis des années en tant qu’organe officiel du Saint-Siège. Ne serait-il pas possible de donner une place plus conséquente à notre grande culture chrétienne arménienne qui nous demeure largement inaccessible pour bien des raisons ? Présenter, par exemple, les Évangiles canoniques de Jérusalem qui sont totalement inconnus, la vie de Saint Mesrop Machdots, Mgr. Ormanian, Krikor Magistros, Nérsès Chnorhali, Krikor Tathevatsi, etc. Nous ne connaissons malheureusement qu’une petite partie de l’héritage de ces auteurs.
S.S. Vazken 1er : Au cours de ses quarante années d’existence, des articles et des écrits de ce type y ont été régulièrement publiés, mais pas suffisamment. J’en conviens.
Chouchane Ghazarian : Une autre question importante. L’Arménien d’aujourd’hui ignore en quoi l’Église apostolique diffère des autres Églises chrétiennes : orthodoxe, protestantes ou catholique. Il ne sait pas quelles différences théologiques et d’ordre rituel existent entre ces Églises. Ne serait-il pas possible de transmettre ces connaissances de base à nos fidèles grâce à des actions de notre Saint-Siège, de publier des manuels, des ouvrages, notamment grâce à la prestigieuse imprimerie d’Etchmiadzine ?
S.S. Vazken 1er : Je suis d’accord avec vous. Privé de toute vie spirituelle et coupé de l’Église durant des décennies, notre peuple n’est plus vraiment capable de distinguer les caractéristiques de l’Église apostolique arménienne de celles des autres confessions. Cela nous inquiète, évidemment, et nous travaillons dans cette direction autant que nos ressources nous le permettent. Il est prévu de réaliser plusieurs publications pour présenter notre Église, sa théologie si particulière, ses traditions religieuses et culturelles, sa structure et sa mission aujourd’hui. Mais vous n’êtes pas sans savoir que cela implique un travail de longue haleine, par étapes. Une action planifiée doit être entreprise pour atteindre cet objectif.
Chouchane Ghazarian : D’un point de vue linguistique, la traduction en arménien moderne de la Bible réalisée au siècle dernier était d’un qualité plutôt moindre et assez insatisfaisante. Je sais que Saint Etchmiadzine prépare actuellement une nouvelle traduction complète en arménien oriental. Différentes versions de la Bible ont également été publiées en Europe, dans différentes traductions. Dans la nouvelle traduction en cours de réalisation à Etchmiadzine, y a-t-il de nouvelles interprétations des différentes traductions modernes, avec de nouvelles perspectives, de nouvelles interprétations ?
S.S. Vazken 1er : Au siècle dernier, cette traduction a été faite par des Protestants. Mais elle n’était pas satisfaisante du point de vue de la langue et également pour d’autres raisons. Afin de remédier à ce manque, nous travaillons depuis sept ans à une nouvelle traduction en arménien littéraire moderne grâce au travail des savants du Madenataran et de certains membres de notre clergé. Elle est déjà prête. Des corrections éditoriales sont en cours. Je pense que c’est une bonne traduction et elle sera prête pour être imprimée dans l’année à venir. Sa publication sera réalisé à l’étranger. Heureusement, nous sommes aidés matériellement par la « Société biblique », une organisation religieuse internationale qui soutient la traduction de la Bible dans différentes langues au plan mondial.
Chouchane Ghazarian : Quels types de modifications d’ordre scientifique la nouvelle traduction a-t-elle connu ?
S. S. Vazken 1er : d’emblée je veux dire qu’il n’y aura pas de commentaires, seul les textes seront traduits. Concernant les traductions faites en Europe, elles sont très différentes les unes des autres. Il existe des traductions réalisées avec des approches modernistes, s’écartant parfois de l’original afin d’être plus compréhensibles et plus accessibles aux populations concernées. La mission de nos traducteurs était de rester fidèles à la traduction des Pères arméniens du Siècle d’Or, en tenant compte des originaux grecs et hébreux. À cet égard, des questions inattendues se sont posées et toutes ont été prises en compte autant que possible.
Chouchane Ghazarian : Le séminaire de Saint Etchmiadzine forme des théologiens. Quelles sont les relations entre l’Académie [des Sciences] et l’Église ?
S.S. Vazken 1er : Il existe une coopération étroite avec le Madenataran car les grandes œuvres de la littérature ancienne s’y trouvent et les étudiants utilisent ses fonds qui contiennent tous ces matériaux pour leurs études et pour la rédaction de leurs mémoires.
Chouchane Ghazarian :En tant que centre théologique à vocation scientifique, quelles nouvelles publications Etchmiadzine prépare-t-il pour ramener les gens vers l’Église apostolique arménienne ? Dans le contexte troublé de notre pays, de nombreux groupes sectaires sont apparus à Erevan [11]. Ne pensez-vous pas que leur prolifération est liée au manque d’éducation religieuse des gens ?
S.S Vazken 1er : Bien évidemment. Non seulement cela nous inquiète, mais nous sommes désolés de cette situation. Comme vous l’évoquez, afin de combattre ce phénomène, nos enseignements doivent tout d’abord être diffusés depuis les autels de nos églises, à la télévision… Et en matière de littérature, actuellement, nous ne pouvons tout simplement pas répondre à tous les besoins. Nous avons des difficultés en matière d’édition, mais nous devons œuvrer pour prévenir les divisions religieuses qui sont des phénomènes malsains. Le bon sens devrait inciter notre peuple à demeurer sur le « bon chemin », à rester fidèle à notre Église apostolique vieille de plusieurs siècles qui est notre authentique Église nationale depuis près de deux mille ans. La fidélité à notre Église apostolique n’est pas seulement une question de nature religieuse, mais également d’importance politique nationale. Les mouvements sectaires ne sont pas familiers à notre nation, ils sont exportés et financés de l’étranger. Selon moi, sur le plan religieux, notre peuple doit préserver son unité religieuse et nationale. Notre devise doit être : une nation, une Église, une Mère Arménie.
Chouchane Ghazarian : Il existe différents partis politiques en Arménie qui voient l’indépendance de l’Arménie de différentes manières. Cependant, la religion est la force unificatrice qui devrait unir le peuple arménien autour d’elle, quelle que soit son appartenance à un parti.
S.S. Vazken 1er : L’existence des partis est la pierre angulaire de la démocratie et je n’y vois aucun inconvénient, à condition que cela ne conduise pas à des positions extrêmes et que cela ne provoque pas de l’animosité entre les gens. Bien entendu, l’Église ne doit être ni en faveur d’aucun parti, ni contre aucun parti. Elle doit se tenir aux côtés de tous, consciente qu’au moins sur le plan spirituel, elle pourrait réaliser l’unité nationale, dans le respect des principes du multipartisme.
Chouchane Ghazarian : Dans ce domaine, l’Église apostolique arménienne a une expérience historique puisqu’en l’absence d’État, elle a préservé l’unité nationale.
S.S. Vazken 1er : Oui, en ce sens, notre Église a rempli sa mission historique, surtout après que les Arméniens aient perdu leur État, lorsque l’Arménie était divisée et dominée par différent États. Dans ce contexte, l’Église a su préserver l’unité spirituelle et l’indépendance de notre nation pour la faire perdurer jusqu’à nos jours.
Chouchane Ghazarian : Aujourd’hui, dans ce contexte dramatique et incertain concernant l’avenir de l’Union soviétique, je ne peux m’empêcher de vous poser cette question. Comment imaginez-vous les futures relations ou formes de coopérations entre l’Arménie et la Fédération Soviétique ?
S.S. Vazken 1er : Je suis fermement convaincu que la proclamation de l’indépendance et de la souveraineté de l’Arménie est juste et de circonstance . Mais en même temps, je suis convaincu que les intérêts de notre nation exigent que l’Union soit préservée sur la base de relations autonomes et souveraines au sein de la confédération des républiques souveraines.
Chouchane Ghazarian : Votre Sainteté, l’hebdomadaire « Mitk » est le nouveau périodique de l’Académie des Sciences. Nous espérons qu’il sera utile dans la large palette de la presse d’aujourd’hui.
S.S. Vazken 1er : Nos bénédictions à l’hebdomadaire « Mitk ». C’est un nom qui me parle car il renvoie au journal « Mitk », autrefois publié à Tiflis[12]. C’était un journal de très haut niveau. Mes bénédictions donc à votre journal, à votre rédaction, à vos collaborateurs et à tous vos lecteurs. Diffusez-le et illuminez le chemin de vie de notre peuple éclairés par une pensée juste et libre.
Traduction et notes : Sahak SUKIASYAN
Erquy, le 12 août 2024
[1] L’hebdomadaire « Mitk » (Pensée) de l’Académie des Sciences d’Arménie a eu une courte existence. Durant les années qui ont suivi l’indépendance, dans un contexte très difficile – Première guerre de l’Artsakh et blocus de l’Arménie – le budget de l’Académie a été drastiquement réduit et de ce fait, le journal a été rapidement fermé. Les archives du journal ont été détruites en raison des mauvaises conditions de conservation dans le bâtiment de l’Académie des Sciences. Plusieurs numéros de la revue ont cependant pu être conservés dans les archives personnelles de Madame Ghazarian, dont le numéro duquel est extrait ce texte.
[2] En 1991 Catholicos Vazken avait été élu de l’Académie des Sciences de la République d’Arménie.
[3] En 1994, par un décret du Président Ter-Petrossian, il avait été le premier à recevoir le titre de « héros national ».
[4] Le 9 septembre 1990, les députés au Soviet suprême de Moscou : Zori Balayan, Viktor Hambardzumyan, Sos Sarxyan, Henrik Igityan, Vachagan Grigoryan et le Président du Conseil régional du Haut-Karabakh, Semyon Babayan, avaient débuté une grève de la faim dans un hôtel de Moscou. Ils demandaient alors au Kremlin de rétablir les pouvoirs des autorités régionales de l’Artsakh. Le 10 septembre, Levon Ter-Petrossian leur rendait visite. Celle du Catholicos Vazken 1er le 30 septembre fut décisive. Pour les convaincre de mettre fin à leur grève de la faim, il avait alors déclaré « sans exagération, votre action a interpellé la conscience universelle… Si vous ne jugez pas utile d’écouter ma voix, alors je suis également prêt à me mettre en grève de la faim et à me tenir à vos côtés aussi longtemps qu’il le faudra. » Խորհրդային Հայաստան , [Quotidien Arménie soviétique] , n° 223, du 30 septembre 1990.
[5] Après une première agression des Azerbaïdjanais du village voisin de Kédachen, à partir du 9 janvier 1990, la région de Chahoumian située au nord-ouest de la région, devenait à son tour la cible des troupes azerbaïdjanaises.
[6] Le mot « Շարժում » [Mouvement] désigne jusqu’à nos jours l’ensemble des actions menées en Arménie et en Artsakh avec pour objectif l’émancipation de l’Artsakh [Ազատագրում] et sa réunification avec la République d’Arménie [Միացում].
[7] La République d’Irlande.
[8] Phrase extraite du célèbre discours du 16 novembre 1871 de Léon Gambetta (1838-1882) à Saint Quentin, dans le département de l’Aisne.
[9] Cette époque appelée « Ոսկէ դար » a pris place dans notre histoire eu V-ème siècle.
[10] Եղիշէ [Elysée] – (419- 475) – ecclésiastique, théologien et historien, auteur de l’ouvrage « De Vartan et de la guerre des Arméniens » qui relate la lutte des Arméniens conduits par Vartan Mamigonian contre les Perses pour refuser le Mazdéïsme.
[11] Profitant alors du climat de liberté apporté par la « Glasnost » et la « Perestroïka » de Gorbatchev, de très nombreux « missionnaires », de tous types : Témoins de Jéhovah, Mormons, membres de la secte « Parole de vie » parcouraient alors les rues d’Erevan et des villes et villages d’Arménie.
[12] Publié à Tiflis, pendant un an en 1908 par Archag Yétigarian.
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