COMMUNAUTÉS – Une communauté bien implantée à Lyon / Décines : Les Kharpértsis

La section libanaise de l’Union compatriotique de Kharpèrt a édité cette année son calendrier en l’illustrant par trois portraits de personnages ayant contribué à faire connaître aux générations à venir la mémoire, l’histoire et la culture de cette région arménienne en langues anglaise, arménienne et française. La volonté de la responsable à Beyrouth, Mme Ani Boudjikanian était de signaler à ses adhérents la possibilité de pouvoir accéder à cette connaissance dans la langue de leur choix pour ne pas oublier ce passé historique, dont étaient issus nos parents et grand-parents, attachés à cette province plusieurs fois millénaires sous différentes appellations.

La volonté de se retrouver

C’est dans cet esprit qu’il y a tout juste un quart de siècle, le 20 mai 2000, a été mise en application la volonté de relancer une Amicale des Arméniens originaires de Kharpèrt dans le Lyonnais, suite à l’enthousiasme créé par un certain nombre d’entre eux, présents au 70e anniversaire de Nor-Kharpèrt en Arménie, fêté le 28 septembre 1999. La création d’une section, sous la dénomination d’Union générale de Kharpèrt du Grand Lyon, rattachée à Valence, a été effective après deux ou trois réunions au terme desquelles un bureau fut élu avec à sa tête Mihran Kaloustian de Lyon, et ayant pour siège la Maison de la culture arménienne de Décines.

L’équipe dirigeante de Kharpèrt en 2003

Elle a organisé entre février 2001 et mars 2013 douze repas communautaires (la première en présence de FR3 à la MCAD) avec une ambiance musicale, puis toutes les fois suivantes dans la salle annexe de l’Église arménienne de Lyon, toujours avec un orchestre, un chanteur ou un DJ. Les bénéfices de ces rencontres annuelles ont servi à acquérir en 2006 du matériel et des fournitures scolaires aux deux écoles de Nor-Kharpèrt et à la restauration du Centre culturel de Nor-Kharpèrt, qui a déclaré l’association lyonnaise meilleure donatrice pour l’année 2012. L’association a cependant cessé ses activités, après avoir été déclaré dissous en préfecture du Rhône le 11 mars 2014.

Repas de Kharpèrt en 2005

Pèlerinage sur notre patrimoine historique

Un second événement a marqué les esprits de ses adhérents, avec l’organisation d’un voyage exceptionnel en 2005 dans le district de Kharpèrt en Arménie historique et des déplacements spécifiques dans chaque village d’où était originaire chacun des 18 participants. Pèlerinage historique et éducatif, ce séjour a constitué pour certains l’occasion de découvrir des familiers restés sur place, d’autres leur maison où leurs ancêtres avaient vécu jadis. Logé dans un hôtel de grand luxe à Elazig (Mézré) pendant une dizaine de jours, le groupe a connu des surprises agréables pour avoir été invité à des festivités ou à des mariages organisés dans une ambiance de véritables fêtes champêtres.

Le groupe en direction de Kharpèrt en 2005 

Recomposer des familles dispersées

L’histoire de l’association en France remonte aux années 1924-1925 avec l’arrivée des premiers Arméniens en France, où le nombre des originaires de la région de Kharpèrt était important. Ils se sont regroupés alors par affinités selon les districts ou les villages dont ils étaient originaires, mais la durée d’existence de ces groupuscules a été éphémère et leurs activités restreintes, tournées essentiellement sur la volonté de recomposer les familles dispersées suite à l’exil et la déportation de 1915-1920. C’est donc en 1933 que ceux-ci décident de s’organiser sous le label plus général d’Union pan-Kharpèrtsi, dont la première section voit le jour à Lyon en juin de cette même année, avec la participation d’une quarantaine de membres. Décines, Vienne, Chasse-sur-Rhône et Valence en font de même. La première assemblée générale France se tient dans la capitale des Gaules en novembre 1935 avec aussi la présence des Marseillais. Un bureau central de cinq membres est élu et Valence est désignée pour en être le siège.

Lyon est choisi comme centre national lors de l’assemblée générale du 13 novembre 1937 et conservera ce privilège jusqu’en 1939, avant que l’association, comme toutes les autres, suspende se activités pendant toute la durée de l’Occupation. Lyon est reconduite pour être le siège social lors d’une réunion en été 1946, date à laquelle il est décidé également de publier annuellement un calendrier. En août 1947, la VIIe assemblée générale élit un bureau central de neuf membres en choisissant comme siège Marseille (jusque dans les années 1980) avec un effectif de 350 adhérents. C’est à cette époque que sont organisées des campagnes pour encourager les Arméniens de la diaspora à immigrer vers la « Mère-patrie » ; de France 106 familles originaires de Kharpèrt, soit 384 personnes, suivent le mot d’ordre, soutenu par le Bureau mondial des Kharpértsis, siégeant aux États-Unis d’Amérique, qui avait déjà entrepris la création du hameau de Nor-Kharpèrt dans les environs de Erevan pour les accueillir.

La section de Décines a été constituée le 12 novembre 1929 ; une Amicale du Haut-Hayk le 23 mars 1930, celle de l’ancien village de Vartatil le 29 avril 1930, etc. Elle a eu le privilège d’accueillir par deux fois (le 13 août 1966 et le 15 juillet 1972) au café Sévan de Jean Torossian les délégués des huit villes en assemblée générale, suivie d’une fête champêtre dans les jardins situés à l’arrière du restaurant, face à l’usine de Soie artificielle.

E.M.