Le 27 juin, lors d’une rencontre avec les représentants de la communauté arménienne à Marseille, en présence de la députée des Bouches-du-Rhône Sabrina Agresti-Roubache, le Président français aurait déclaré : « C’est moi qui ai mis le plus de pression sur Aliev et je mettrai davantage de pression sur lui que Pachinian lui-même. Le problème, c’est Pachinian. Je suis le seul à avoir une position et un message clairs sur la question de l’Artsakh.»
Aucune vidéo n’a été diffusée confirmant les propos du président Macron lors de cette rencontre. Parallèlement à la déclaration, une photo a été publiée, où l’on voit le président avec Mme Agresti-Roubache et un certain nombre de représentants de la communauté arménienne. Mme Agresti-Roubache a publié sur sa page Twitter, le message suivant concernant cette rencontre : «… L’Artsakh est assiégé depuis 200 jours. N’oublions pas les 120 000 Arméniens qui y vivent. Le président de la République E. Macron l’a mentionné hier, lors de notre conversation avec les représentants de la communauté arménienne de ma circonscription. “ Leur sécurité est notre priorité ” ». Il n’y a pas une seule référence au Premier ministre d’Arménie, ni à l’Arménie. Au lieu de cela, il y a une prise de position claire concernant la sécurité de l’Artsakh.
Aucune déclaration officielle de ce type n’a été publiée par l’Elysée. Que le président français fasse une telle déclaration est pour le moins inhabituel, car celle-ci ne sert ni les intérêts de l’Arménie ni ceux de la France. Par contre, cela versera certainement de l’eau au moulin de l’Azerbaïdjan et du front pro-russe en Arménie., ainsi qu’à celui du front pro-russe en Arménie. Ce qui est surprenant, c’est que la nouvelle a été diffusée par la presse de la FRA Dachnaktsoutioun. Et l’Azerbaïdjan n’a pas manqué l’occasion d’exploiter la nouvelle. Le ministère des Affaires étrangères d’Azerbaïdjan a immédiatement publié un message exprimant son mécontentement, puis l’ambassadeur de France a été appelé au ministère pour s’expliquer à ce sujet. Dans la presse azérie et les réseaux sociaux, la France est considérée comme un médiateur peu fiable dans les négociations en raison de sa position pro-arménienne. Bakou est mécontent, car le Président français aurait une fois de plus exprimé son soutien indéfectible à l’Arménie dans le dossier de l’Artsakh, soulignant qu’il est resté déterminé à cet égard.
Il est clair qu’une telle déclaration purement anti-Pachinian est destinée à la politique intérieure de l’Arménie. Cependant, de telles déclarations ont des conséquences négatives sur le terrain diplomatique, en particulier dans le contexte d’une guerre hybride que l’Azerbaïdjan mène contre l’Arménie et l’Artsakh, au 205e jour du siège de l’Artsakh et des efforts de médiation de l’Occident, en faveur desquels la France joue un rôle essentiel. Il faut aussi dire que cette déclaration est également inappropriée pour la communauté franco-arménienne, car mettre indûment des mots dans la bouche du président français, elle complique les relations de l’Elysée avec la communauté arménienne. Une déclaration qu’aucune source officielle ne confirme.
La « plateforme de vérification des faits » arménienne (FIP.am) rapporte que « la déclaration attribuée à Macron n’est pas officielle ». Cette plateforme a fait une demande écrite à l’ambassade de France en Arménie et au bureau du Président français pour connaître l’authenticité de l’information. « Dès que nous aurons la réponse, nous la publierons », est-il mentionné dans leur publication.
En tout cas, Erevan s’inquiète de la manière dont la nouvelle a été diffusée. Ani Badalian, attachée de presse du ministère arménien des Affaires étrangères, a déclaré le 29 juin : « Pour ce sujet, nous sommes en contact avec la partie française depuis hier. »
Par ailleurs, des rumeurs sur la détérioration des relations Arménie-Artsakh sont souvent diffusées par l’opposition arménienne. Lors d’une réunion au Parlement de l’Artsakh, le président Araïk Haroutiunian a réagi contre ces rumeurs, déclarant qu’il était en dialogue quotidien avec le Premier ministre arménien.
J. Tch.