Des milliers de Russes, dont beaucoup de professionnels des technologies de l’information, ont émigré en Arménie depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine et le durcissement des sanctions occidentales contre Moscou.
L’afflux sans précédent est particulièrement visible dans le centre d’Erevan où l’on peut désormais voir de jeunes Russes marcher dans les rues et dîner dans des restaurants, mais aussi faire la queue dans les banques locales ou devant les distributeurs automatiques de billets.
Pratiquement tous les migrants interrogés étaient des spécialistes des technologies de l’information ou des finances. La plupart d’entre eux ont donné des raisons économiques à leur décision de quitter la Russie. Certains ont déclaré avoir décidé de quitter le pays pour protester contre l’assaut militaire russe ordonné par le président Vladimir Poutine.
Andranik Haroutiounian, un agent immobilier, a estimé que les loyers des appartements à Erevan ont augmenté de 20 à 30 % au cours de la semaine dernière. « La demande [de logements] est très forte », a-t-il déclaré.
Alors que 33 pays, dont les 27 États membres de l’Union européenne, ont fermé leur espace aérien aux transporteurs russes à la fin du mois dernier, l’Arménie est devenue l’une des rares destinations encore accessibles aux Russes désireux de voyager à l’étranger. L’État du Caucase du Sud est le principal allié régional de la Russie et la majorité de ses citoyens parlent russe.
Les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne comprennent des mesures visant à restreindre l’accès de la Russie à la haute technologie et à compliquer les transactions financières des entreprises russes à l’étranger.
Le ministre arménien de l’Economie, Vahan Kerobian, a affirmé le 1er mars que les entreprises technologiques russes déplaçaient déjà leurs opérations en Arménie pour échapper aux sanctions occidentales. Mais il n’a pas divulgué leurs noms ni donné d’autres détails.
Le gouvernement arménien semble saluer l’arrivée d’ingénieurs en informatique et d’autres travailleurs qualifiés de Russie. Le ministère de l’Economie a mis en place la semaine dernière un groupe de travail chargé de les aider à s’installer dans le pays.
Le gouvernement n’a pas encore déterminé le nombre total de Russes qui sont entrés en Arménie depuis que Moscou a lancé son « opération militaire spéciale » en Ukraine le 24 février.
« Nous pourrons parler de chiffres dans environ une semaine lorsque les choses se calmeront, mais à partir de maintenant, nous pouvons dire que certains professionnels de Russie ont déjà obtenu des emplois en Arménie », a déclaré Hayk Tchobanian, directeur exécutif de l’Union arménienne des entreprises de technologie avancée.
L’Arménie possède une industrie informatique dynamique qui s’est développée rapidement pendant près de deux décennies. Selon les estimations d’experts, il y avait au moins 2 000 postes vacants dans le secteur avant la pandémie de coronavirus.