Le 19 octobre, sous la conduite de l’évêque des Arméniens catholiques de France, Monseigneur Elie Yéghiayan, une trentaine de personnes ont participé au pèlerinage organisé par l’Eparchie catholique arménienne de France au Vatican, pour assister à la cérémonie de canonisation de l’archevêque Ignace Maloyan, évêque catholique martyrisé à Mardin en 1915. Le pèlerinage de cinq jours fut riche en visites d’églises au Vatican, à Rome et dans la ville et les environs d’Assise, en moments de prière, de méditation et de chant, en participation à la messe et à diverses cérémonies religieuses.
Sur la façade de la basilique Saint-Pierre, exactement au milieu des six autres bienheureux, le portrait de Mgr Ignace Maloyan imposait respect et vénération. Le martyr du génocide des Arméniens, par sa vie et son martyre, incarnait le calvaire vécu par les Arméniens ; désormais, par son intercession, il fortifiera et guidera vers le salut les fidèles qui se tourneront vers lui.


En effet, le dimanche 19 octobre, environ 1500 pèlerins arméniens venus des différents coins du monde se sont joints dès les premières heures du matin aux milliers d’autres fidèles venus de divers pays du monde, pour prendre place près de l’autel de la messe, afin de suivre de plus près la cérémonie de canonisation. Outre la communauté catholique arménienne de France, de nombreuses autres communautés catholiques arméniennes étaient présentes : du Liban, d’Allemagne, de Suisse, des États-Unis, du Canada… La participation de la communauté arménienne du Liban était particulière, car Maloyan était moine du couvent catholique arménien de Bzommar, envoyé en mission pastorale à Mardin, en Arménie Occidentale, et martyrisé avec les membres de son troupeau en 1915.
D’ailleurs, de hautes personnalités religieuses et étatiques libanaises, telles que le président, le général Aoun, le Patriarche des Maronites, S.B. Raï, et le Patriarche des Syriaques catholiques, Ignace Youssef III Younan, ainsi que de nombreux fidèles, ont participé à la cérémonie de canonisation, soulignant la proximité spirituelle qui les unit depuis des siècles aux communautés chrétiennes arméniennes catholiques et apostoliques.
La messe de canonisation et la cérémonie ont eu lieu en présence d’environ 70 000 fidèles. Sur l’autel installé sur le parvis de la basilique Saint-Pierre du Vatican, le Souverain Pontife Léon XIV a célébré la messe, ayant à ses côtés comme concélébrant le Catholicos-Patriarche de Cilicie des Arméniens catholiques, Raphaël-Bedros XXI.
Le Souverain Pontife, qui présidait, a choisi comme sujet de méditation dans son homélie la question suivante : « Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Luc 18:8). « Cette interrogation nous révèle que ce qui est le plus précieux aux yeux du Seigneur, c’est la foi, c’est-à-dire le lien d’amour entre Dieu et l’humanité. Aujourd’hui, devant nous, se trouvent sept témoins – de nouveaux saints et de nouvelles saintes – qui, par la grâce de Dieu, ont gardé allumée la lampe de la foi ; plus encore, ils sont devenus des lampes capables de diffuser la lumière du Christ », a-t-il dit.
Les dernières paroles de Mgr Maloyan font écho à l’interrogation du Pape Léon XIV. En effet, avant d’être martyrisé, il déclarait : « Et maintenant, ô mes fils bien-aimés, je vous confie à Dieu. Je vous demande de prier le Seigneur afin qu’il me donne force et courage pour traverser cette vie éphémère par sa grâce et dans son amour et, s’il le faut, verser mon sang pour lui ».
La cérémonie de canonisation coïncidait avec la proclamation par le Pape de 2025 comme Année Jubilaire, qui a lieu tous les 25 ans, donnant l’occasion à la communauté catholique de renforcer sa foi en organisant des pèlerinages au Vatican.
Des centaines de cardinaux et d’évêques de l’Église catholique, ainsi que de hautes personnalités étatiques, ont participé, faisant de la cérémonie du 19 octobre une journée historique mémorable. Du Saint-Siège d’Etchmiadzine, Mgr Khajag Barsamian, et du Catholicossat de la Grande Maison de Cilicie, Mgr Mesrob Sarkissian, étaient présents à cette célébration, ainsi que le Premier ministre d’Arménie, Nikol Pachinian.
Le 20 octobre, des milliers de pèlerins venus d’Amérique du Sud, d’Italie, et de Papouasie-Nouvelle-Guinée… étaient rassemblés dans la salle d’audience du Vatican, en présence du Catholicos-Patriarche Raphaël-Bedros XXI, des évêques, religieux et hauts dignitaires religieux arméniens catholiques, pour recevoir le message de bienvenue et la bénédiction du Pape. Dans une atmosphère très enthousiaste, pendant l’attente, ils entonnèrent divers chants et acclamations. Le Pape fut accueilli debout, par de longs applaudissements, des encouragements et des expressions affectueuses…

Le Pape, prenant la parole, rappela à nouveau les vertus des sept bienheureux et les motifs de leur canonisation. Il encouragea les présents à rester fermes dans leur foi, en prenant exemple sur tous ceux qui ont servi le Christ et ont enseigné par leur vie la doctrine du salut et de l’amour du Christ.
Le même jour après-midi, poursuivant le programme du pèlerinage, les pèlerins arméniens de France, ainsi que de nombreux autres fidèles constitués en groupes, se sont rassemblés sur le Chemin des Pèlerins du Vatican pour suivre le programme du Pèlerinage de l’Espérance, spécial à l’Année Jubilaire Catholique 2025. Les pèlerins arméniens, précédés de la croix processionnelle, se sont dirigés vers la Porte Sainte, accompagnés de Monseigneur Yéghiayan et du père Bedros, avec des chants et des prières. À cette occasion fut lue l’épître pastorale de Saint Paul Apôtre aux Romains (5, 1-5), des psaumes furent chantés, le « Credo » fut récité… jusqu’à l’arrivée devant l’autel de la basilique Saint-Pierre.

Le soir, à 18 heures, en la basilique Saint-Pierre locale, présidée par le Catholicos-Patriarche Raphaël-Bedros XXI, fut célébrée une messe solennelle, à laquelle participa le clergé arménien et étranger, avec la présence particulière du Patriarche des Maronites, S.B. Raï, et du Patriarche des Syriaques catholiques, Ignace Youssef III Younan, qui lurent en arabe les lectures du jour de la Sainte Écriture. La chorale masculine interpréta avec beaucoup de sensibilité et de finesse les chants de la liturgie.

J. Tch. ■