Annulation et report du synode des évêques convoqué du 10 au 12 décembre

« Compte tenu de la situation actuelle en Arménie, notamment des actes de répression dirigés contre le clergé, y compris des arrestations, et en réponse à la demande des évêques, la convocation du synode des évêques sous la direction du Catholicos de tous les Arméniens est temporairement reportée ».

Le 7 décembre 2025

Commentaire : Ce synode a probablement été annulé du fait du flou qui planait sur sa convocation et sa tenue (absence  probable de quorum, risque de voir le groupe des évêques rebelles se renforcer par de nouvelles adhésions …). Un prêtre suspendu il y a quelques années, ancien porte-crosse et secrétaire particulier des catholicos Karékine I^er et Karékine II, a confié dans une interview télévisée qu’il avait contacté plusieurs évêques de ses connaissances, dont l’archevêque Khajak Barsamyan, représentant du Catholicossat d’Etchmiadzine auprès du Vatican. Ce dernier lui aurait confié qu’un certain nombre d’évêques, dont lui-même, avaient été trompés lors d’appels téléphoniques émanant d’évêques en poste à Etchmiadzine afin de leur faire signer la lettre de soutien au catholicos signée par 27 évêques. 

L’épiscopat dépendant de la juridiction d’Etchmiadzine compte 56 évêques, dont 8 « retraités ». En l’absence de texte organisant clairement le synode des évêques, nul ne peut dire s’il ne concerne que les évêques à la tête d’un diocèse ou la totalité des évêques. Il devrait également concerner les évêques de Constantinople et ceux de Jérusalem.

Avertissement aux évêques qui seraient tentés de rejoindre les rebelles

« Le Saint-Siège condamne fermement les autorités conduites par le Premier ministre qui s’ingèrent grâce aux forces de police dans les célébrations de la messe, violent grossièrement la discipline et les canons de l’Église, ainsi que la Constitution et la législation de la République d’Arménie, heurtent les sentiments religieux des fidèles et sèment la discorde par l’organisation de « messes » dans les églises de divers diocèses. En manquant à sa mission de primat diocésain, en méprisant la discipline et les canons de l’Église, toute participation d’un évêque aux « messes » constitue une violation flagrante du droit canonique, comme cela a eu lieu dans l’église-cathédrale des Sept plaies de la Sainte Mère de Dieu du diocèse de Chirag. Tout en s’abstenant, pour l’heure encore, d’appliquer de sévères sanctions, le Saint-Siège exhorte les évêques qui ont enfreints les canons de l’Église à cesser leur conduite déviante et leurs propose publics aux contenus erronés et fabriqués de toutes pièces, et à revenir à la stricte canonicité, en suivant les traditions séculaires de notre Sainte Église, c’est  dire en œuvrant exclusivement dans le domaine spirituel et avec une conscience aiguë du maintien de la légitimité et de l’unité, ce qui est le devoir, la vocation et la mission de l’évêque en tant que ministre investi de la succession apostolique ».

Saint Etchmiadzine le 8 décembre 2025

Commentaire : Ce communiqué semble viser non pas les 10 évêques qui se sont déjà opposés au Catholicos, mais il constitue un avertissement à tous les évêques qui pourraient les rejoindre dans les jours qui viennent.

Extraits de la déclaration du catholicos Aram 1^er de Cilicie

Évitez toute tentative  de division de l’Église qui pourrait conduire à  la destruction de la nation. 

Ces derniers mois, nous avons suivi avec une profonde inquiétude les événements préoccupants survenus autour d’Etchmiadzine. À plusieurs reprises et par divers moyens, nous avons tenté d’apaiser les tensions et de promouvoir la compréhension mutuelle, en mettant notamment en garde contre toute initiative susceptible de diviser l’Église.

Aujourd’hui, la situation est devenue plus dangereuse encore et elle est porteuse de conséquences imprévisibles. La préservation de l’intégrité et de l’unité interne de saint Etchmiadzine et plus largement de notre Église, ainsi que leur mise à l’abri des menaces internes et externes, constituent une priorité nationale. Fort de cette profonde conscience et de cet engagement, nous lançons un appel:

• ⁠Aux autorités d’Arménie de s’abstenir de mesures anticonstitutionnelles et par conséquent inacceptables et condamnables, consistant à s’ingérer dans la vie interne et les problèmes de saint Etchmiadzine et à semer les graines de la division au sein de l’Église par divers moyens, ce qui pourrait conduire notre Église, notre nation et notre patrie à l’autodestruction.

• A saint Etchmiadzine: avec toute la diligence, la patience et la prudence possibles, prévenir l’apparition de séparations et de situations dangereuses au sein de la congrégation monastique, et de s’unir autour de sa Sainteté le Patriarche, des principes de la vie  monastique, et dans un esprit de fraternité, examiner les problèmes existants avec une approche rigoureuse et réaliste, dans le respect des processus canoniques afin de parvenir avec détermination aux décisions appropriées. L’Église est la maison de Dieu et, en même temps, le temple sacré de la nation. Chaque arménien a le devoir et le droit de s’intéresser aux questions qui concernent l’Église et d’exprimer son opinion, mais dans une démarche constructive et animée par le zèle de la renouveler et de dynamiser sa mission de service.

Commentaire : Petros Ghazarian, le commentateur vedette de la Première chaine publique arménienne de télévision a réagi sur sa page Facebook à la récente déclaration du Catholicos de la Grande Maison de Cilicie, Aram Ier, concernant l’Église apostolique arménienne : « Je viens de lire qu’Aram Ier a appelé à mettre fin au schisme au sein de l’Église … Je pense qu’Aram I^er pourrait prendre une décision exceptionnelle en cessant d’être un Catholicos parallèle et mettre fin au plus grand des schismes ». [Allusion au schisme de 1956].  De son côté, Anahide Atamian, vice-présidente, vie-présidente du Parti Républicain d’Aram Sarkissian a déclaré de son côté que « personne en Arménie n’était dans l’attente de commentaires de la part d’Aram 1^er dont les propos pourraient intéresser, dans  le meilleur des cas, les Arméniens du Liban ». Anahide Adamian a poursuivi son propos en déclarant que l’avis des deux patriarches de Jérusalem et de Constantinople ne l’intéressaient pas plus.