DISPARITION – L’ami, le frère rêvé

Le 26 mars dernier, à Eaubonne, s’éteignait Claude Tchydémian.

Claude était né le 8 mai 1945, le jour de la victoire sur l’Allemagne nazie et de la libération pleine et entière de la France. Tout un symbole, surtout pour son père qui avait été une « petite main » de la Résistance locale sous le nom d’Esméralda.

Tous ceux qui l’ont connu, et ils sont nombreux si on se remémore l’immense foule qui s’était réunie le 2 avril pour ses obsèques, se souviennent de son visage radieux, de son sourire, de sa joie de vivre, de son humour et de sa bonté.

« Chaque arbre se reconnaît à ses fruits » nous dit l’évangéliste saint Luc (6, 44-46). L’arbre dont Claude était le fruit était en vérité un bel arbre. Ses parents, Pierre, plus connu sous le nom de Pierrot, et Jacqueline, formaient un couple magnifique qui avait été  embelli par l’arrivée de quatre enfants : Claude, Annie, Laurette et Isabelle. Le 26 septembre 1971, Annie décédait à l’âge de 23 ans. Sa disparition a été le grand drame de la famille Tchydémian et de tous leurs proches et amis. Claude qui évoquait régulièrement la tragique disparition de sa sœur en est resté profondément meurtri durant toute sa vie.

Claude et ses sœurs sont issus de ce que l’on appelait autrefois un mariage « mixte ». Son père était né dans une famille originaire de l’Empire ottoman, des Arméniens de la région d’Ankara. Sa mère était d’origine vosgienne et bretonne. Un mélange étonnant et détonnant ! Tous deux ont partagé durant des années la vie des parents de Pierre. Parce que ses beaux-parents étaient turcophones, Jacqueline avait appris le turc qu’elle parlait avec un délicieux accent français que mon grand-père adorait. Mais plus incroyable encore, Jacqueline chantait la messe en arménien à l’église arménienne catholique saint Grégoire l’Illuminateur de la rue Henri Barbusse à l’histoire de laquelle la famille demeure étroitement liée.

Tailleur de formation et de profession, Pierre a dans les années 70 une idée de génie : créer une société spécialisée dans la fourniture de pièces automobiles. C’est la naissance de la Société Industrielle de Fournitures Autos (SIFA). L’entreprise devient rapidement l’exemple d’une belle réussite. D’un caractère jovial et ouvert, Pierre, et Jacqueline qui le seconde, deviennent rapidement des figures de cette profession naissante dans toute la région. Claude et ses proches, seront leurs dignes successeurs à la tête de cette entreprise familiale qui a aujourd’hui plus de 50 ans.

C’est également en digne héritier des valeurs de ses parents que Claude a servi durant toute sa vie son prochain. Chrétien, homme de conviction, il s’est consacré durant des décennies aux actions du « Lions club » de Roissy. Aucune cause ni aucun pays ne lui était étrangers. Il a personnellement développé, ou contribué, à des dizaines d’actions en faveur du Cameroun, de la Tunisie de l’Ukraine et bien d’autres pays. Ses engagements embrassaient tous les domaines : recherche et aide médicale, développement et amélioration des conditions de vie des populations, éducation.

Petit-fils d’apatrides survivants du Génocide des Arméniens, il s’est naturellement engagé au service de l’Arménie en réunissant autour du Lions club de Roissy quatre autres clubs français ainsi que le club italien « Rieti Varonne » (province du Latium) et celui de Vanadzor-Spitak qui était un « filleul » du Lions club de Roissy. Il avait, en particulier œuvré pour la remise en état de la maternité de l’hôpital de Massis, la réhabilitation d’une école et la constitution d’une bibliothèque française.

Celui qui nous a quittés avait, outre son attachement atavique à sa famille et son engagement au service de l’homme, une grande passion :  la mer. Ses longues  courses en mer étaient sans aucun doute une manière de se resourcer pour mieux revenir et vivre auprès des siens.

On peut, je crois, affirmer que sa foi a été sa boussole sur l’océan parfois tumultueux de sa vie. Lors de ses obsèques, après les témoignages de ses sœurs, de ses enfants, de ses petits-enfants et de sa compagne, l’un de ses plus proches amis a lu le texte préféré de Claude. Celui du prologue de l’Évangile de saint Jean : «  Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ». Claude a vécu toute sa vie en conformité avec ces lignes de saint Jean, « le disciple que Jésus aimait »

Aujourd’hui, ces mots résonnent pour nous tous qui sommes endeuillés par sa mort comme un véritable testament moral.

Que celui qui était l’homme que tout le monde « aurait rêvé d’avoir pour ami » repose en paix et que son souvenir et sa vie nous inspirent tout au long des jours qui nous restent à vivre.

Merci Claude pour ce que tu as été.

Repose en paix auprès de tes parents et d’Annie.

Ses proches et ses amis se retrouveront le samedi 3 mai à 18 h 30 en l’église arménienne catholique d’Arnouville-Lès-Gonesse (69 avenue Henri Barbusse) pour un office des défunts à l’occasion du quarantième jour de sa mort.

Sahak SUKIASYAN