ÉDITORIAL : La naissance du « Collectif National Arménie-France »

À Marseille, le 5 octobre, a été créé le « Collectif National Arménie-France » (CNAF) qui a réuni, à ce jour, 74 associations de toutes les régions de France, lesquelles avaient signé en juin dernier un « Appel pour l’Arménie » dont l’objectif est, face aux dangers menaçant l’existence de l’Arménie, de renforcer les liens de la diaspora arménienne de France avec l’Arménie, de soutenir les efforts de l’État arménien pour obtenir une paix juste et durable en établissant la démocratie et l’État de droit, de réaffirmer la souveraineté territoriale de l’Arménie et de renforcer sa sécurité.

Naturellement se pose la question suivante : pourquoi la création d’une telle structure, alors qu’il existe déjà des structures communautaires et nationales telles que le CCAF, l’Église, les organisations caritatives traditionnelles, les partis politiques… Malheureusement, à l’exception du Fonds Arménien de France « Hayastan », les plus grandes structures communautaires arméno-françaises et pan-diasporiques, comme le CCAF, l’Église apostolique arménienne, la FRA-Dachnaktsoutioun et, dans une certaine mesure, l’UGAB, s’opposent à l’actuel gouvernement arménien, pour diverses raisons. Si le cas des trois dernières s’explique, en partie, par la position de leur structure mère dont le siège se trouve hors de France, celui du CCAF reste incompréhensible, celui-ci étant l’organe coordinateur des organisations arméno-françaises dont la fonction principale est la coordination de l’activité organisationnelle de ses associations membres, l’établissement de liens avec les institutions publiques françaises au profit de la communauté arménienne et de l’Arménie. Cependant, dans la pratique, la reconnaissance du génocide et la lutte contre le négationisme sont devenues sa fonction principale, ainsi que l’organisation du dîner annuel auquel sont invités le président de la République française ou son représentant… Cette structure dirigée par deux coprésidents connaît depuis quelques années une grave crise organisationnelle et fait face à un problème complexe : celui d’adopter de nouveaux statuts. La défaite de la guerre du Haut-Karabakh en 2020 et le nettoyage ethnique de l’Artsakh ont brisé l’élan de la lutte contre le négationisme du génocide. Cette fonction qui assurait un consensus dans la diaspora a été perturbée, rendant plus impérative l’élaboration d’une nouvelle stratégie, à laquelle s’ajoute depuis des années la crise du renouvellement de sa direction. Dans ces conditions, faute d’élaborer une stratégie entièrement nouvelle, faute de pouvoir former une nouvelle génération de dirigeants, d’assumer un rôle d’ambassadeur entre les États français et arménien au moment difficile de la survie de l’État arménien, la direction du CCAF mène une politique hostile. Et c’est dans ces conditions que naît le nouveau mouvement, le « Collectif National Arménie-France », qui vient combler un grand vide dans les relations France-Arménie.

J. Tch.

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