ÉDITORIAL – Vers des élections législatives

La crise gouvernementale en France est venue accentuer une crise généralisée marquée par de vives inquiétudes internationales. Dans les conditions actuelles, il devient de plus en plus difficile de lire les relations internationales du point de vue des interactions complexes entre les grandes puissances et les États régionaux influents de poids moyen. Les confrontations à l’échelle internationale créent des déstabilisations dans la vie politique intérieure des pays. Le meilleur exemple est le conflit israélo-palestinien, qui agite toute l’Europe, les États-Unis et les pays arabo-musulmans. Et un autre exemple frappant de perturbation des relations internationales, c’est le cas du bombardement par Israël du Qatar, allié des États-Unis, où ces derniers possèdent leur plus grande base militaire au Moyen-Orient. Avec l’arrivée au pouvoir du président Trump, les relations internationales sont sorties des règles du jeu classique. Les décisions du gouvernement américain sont changeantes au jour le jour et parfois contradictoires. La situation des petits pays dans les zones de conflits armés devient intenable, parmi lesquels figure l’Arménie…

Cependant, les grandes puissances sont elles aussi victimes de la situation politique qu’elles ont créée au fil des années, comme la France, l’Allemagne et l’Angleterre. Et réciproquement, l’instabilité politique en France aura ses conséquences négatives sur la scène internationale, notamment sur le front ukrainien, où la France joue un rôle de premier plan, défendant souvent des positions contraires à celles des États-Unis. De nouvelles élections législatives deviennent inévitables. La physionomie du Parlement va totalement changer. Cette incertitude est aussi préoccupante pour les pays amis de la France dans différentes régions d’Europe et du monde, comme l’Arménie, qui a largement bénéficié depuis la guerre de 2020 des relations amicales avec la France, grâce auxquelles ont été déployés les observateurs permanents européens à la frontière avec l’Azerbaïdjan, des achats d’armements modernes ont été effectués, et un soutien à l’Arménie a été obtenu sur les plateformes européennes et internationales…

Depuis la guerre de 44 jours de 2020, la politique étrangère de l’Arménie a pris une forme plus claire, grâce à la France et à l’Union européenne. La dépendance vis-à-vis de la Russie a diminué, celle-ci ayant complètement échoué lors de la guerre avec l’Azerbaïdjan et pour l’indépendance de l’Artsakh. L’Arménie a diversifié ses partenariats internationaux ; elle a décidé d’agir dans le cadre du respect du droit international, afin d’établir des relations pacifiques et de bon voisinage dans les conditions difficiles de l’après-guerre. Aujourd’hui, cela fait déjà un an et demi qu’il n’y a plus de soldats morts ni d’incidents graves à la frontière, et que les conditions pour parvenir à une paix durable sont plus favorables. La France a joué un rôle important dans ce résultat positif.

Autant une majorité parlementaire stable est nécessaire dans le cas de la France pour réduire la dette astronomique du pays, afin de respecter ses obligations internationales et d’assurer une paix sociale à l’intérieur du pays, autant l’Arménie attend également, avec une certaine inquiétude, les élections législatives de 2026, dans l’espoir de voir des forces politiques plus responsables et coopératives entrer au Parlement. À cet égard, deux nouveaux fronts d’opposition sont déjà apparus : le premier, le parti « À notre manière », de l’homme d’affaires et bienfaiteur du Saint-Siège Samuel Karapetian, qui défend certainement les intérêts russes ; et le second, l’ancien défenseur des droits de l’homme d’Arménie Arman Tatoyan, qui, lors d’une conférence de presse, a exprimé son intention de participer aux élections législatives de l’année prochaine, notamment pour lutter contre la politique conciliante du pouvoir actuel envers l’Azerbaïdjan. La principale question est de savoir dans quelle mesure Tatoyan pourra rassembler tous les partis opposés au « Contrat civil »
de Pachinian. Sinon, dans l’état actuel, le front d’opposition présente un tableau plus fragmenté que jamais, et, dans ces conditions, ses chances de gagner les élections restent très faibles.

J. Tch.

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