Escalade verbale Erdogan-Netanyahu sur le statut de Jérusalem

Une crise diplomatique majeure oppose depuis plus d’une semaine le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu autour du statut de Jérusalem, marquée par un échange de déclarations particulièrement virulentes.

La tension a atteint son paroxysme mardi dernier lors d’un événement officiel à Jérusalem, où Netanyahu, s’adressant directement à Erdogan, a déclaré : « Jérusalem n’est pas votre ville, Erdogan. Elle sera toujours nôtre et ne sera plus jamais divisée ». Cette sortie faisait écho aux déclarations répétées du président turc qui, depuis 2020, proclame que « Jérusalem est notre ville » et réaffirme régulièrement les droits palestiniens sur Jérusalem-Est.

Erdogan a riposté mercredi lors de la cérémonie de pose de la première pierre du site du ministère turc des Affaires étrangères à Ankara : « Il se peut qu’il ne le sache pas, mais les musulmans ont fait de Jérusalem une ville de paix ». Il a ajouté de manière menaçante : « Netanyahu ne devrait jamais oublier quelle était ma position il y a 27 ans ».

Le ton s’est encore durci, Erdogan déclarant que « en tant que musulmans, nous ne reculerons pas d’un seul pas sur nos droits concernant Jérusalem-Est » et promettant que la Turquie « ne permettra pas que la ville sainte soit souillée ».

Un aspect particulier de ce conflit concerne l’inscription antique de Siloam, actuellement conservée au musée archéologique d’Istanbul. Netanyahu a révélé cette semaine que son gouvernement avait tenté de récupérer cette pièce historique dès 1998, mais Erdogan a catégoriquement refusé tout retour, déclarant que « la Turquie ne donnera pas même un caillou de Jérusalem ».

Cette escalade s’inscrit dans un contexte régional explosif, exacerbé par la guerre à Gaza qui a fait plus de 64 000 morts palestiniens selon les autorités sanitaires locales, et les récentes attaques israéliennes au Qatar. Elle reflète une lutte plus profonde façonnée par le statut contesté de Jérusalem, les rivalités énergétiques en Méditerranée orientale, et le soutien indéfectible des États-Unis à Israël.

La Turquie, sous Erdogan, s’est positionnée comme un fervent défenseur de la cause palestinienne, tandis qu’Israël tente de consolider son contrôle sur l’ensemble de Jérusalem, qu’elle considère comme sa capitale « éternelle et indivisible ».

Rappelons que l’inscription de Siloam, également appelée inscription de Siloé, fut découverte en 1880 par hasard, dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est. Elle décrit la construction du tunnel d’Ézéchias (VIIIe siècle av. J.-C.) pour amener l’eau de la source de Gihon au bassin de Siloé. Rédigée en hébreu biblique avec un alphabet paléo-hébraïque, elle constitue l’une des plus précieuses inscriptions hébraïques anciennes et reste un symbole des revendications historiques concurrentes sur Jérusalem.

Éditorial