HUMANITAIRE – Des ateliers en Arménie pour les enfants

Les nouveaux défis de l’association « M.E.L.I.N.A. »

Une association importante, fondée en 2023 à l’initiative de Mathias Pirollo Karnikian.

Elle a été créée en mémoire de la sœur de Mathias, Mélina qui a beaucoup œuvré pour l’Arménie notamment au sein de l’Organisation Terre et Culture, et dans le but de transmettre les valeurs qu’elle chérissait à travers la création d’ateliers clowns et musique. Le projet Clownistan s’adresse aux enfants et adolescents arméniens et notamment déplacés de l’Artsakh. 

J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec les fondateurs de l’association, Lea et Mathias.

Depuis sa création, l’association a réalisé beaucoup d’ateliers en France et deux missions en Arménie. La première en 2023 de manière informelle et cette année, en février, une mission préparée pendant plusieurs mois pour proposer des ateliers dans différentes villes d’Arménie. Durant cet entretien, il m’a paru essentiel que les objectifs que s’assigne cette association reçoivent notre soutien, notre engagement et nos efforts.

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— Pourriez-vous nous présenter l’association « M.E.L.I.N.A. » et sa mission ?

— L’objectif de l’association « M.E.L.I.N.A. » est de diffuser et rendre accessible les outils du spectacle vivant, particulièrement le clown et la musique, en France et à l’étranger, et principalement en Arménie. Elle est composée de 80 membres actifs (artistes, médiateurs culturels, professionnels de la santé et de l’éducation, professionnels de l’information, etc.).

L’association a été fondée par nous, Mathias Pirollo Karnikian et Lea Melini, en 2023. Nous travaillons tous deux dans ce domaine en tant que clowns, musicien et comédienne.

— Comment est née l’idée d’organiser des ateliers de clown et de musique pour les enfants déplacés ?

— En 2023, Mathias s’est rendu en Arménie, à Goris et à Erevan, où il a organisé des ateliers de clown spécialement pour les enfants et adolescents déplacés de l’Artsakh. Cette initiative a eu lieu seulement deux semaines après le déplacement forcé organisé par le gouvernement azerbaïdjanais.

— Vous y êtes allés dans une période très difficile. Comment le fait d’être là-bas à ce moment-là vous a-t-il affectés ? Cela vous a-t-il incités à y retourner ?

— Oui, exactement. Cette première expérience nous a montré que les enfants et les adolescents qui vivent des traumatismes n’ont que peu l’occasion d’exprimer leurs émotions. C’est pourquoi, en février 2025, nous avons organisé un projet socio-culturel plus vaste en Arménie. Nous n’avons pas présenté de spectacle, mais avons organisé des ateliers de clown accompagnés de musique, et le dernier atelier était ouvert aux familles. L’objectif de cette initiative est de proposer une série d’ateliers de clown et de musique aux enfants déplacés de l’Artsakh, ainsi qu’à ceux qui sont éloignés des activités culturelles, à l’issue desquels les enfants participants ont partagé ce qu’ils ont fait au cours des ateliers et présenté de petites scènes improvisées. La mission de ce projet est de donner à ces enfants et adolescents la possibilité de s’exprimer et de se recentrer sur leur vie, malgré les violences qu’ils ont subies.

— Pourriez-vous expliquer ce que vous avez fait pendant vos ateliers en février ; quelles ont été les principales difficultés ?

— Dans cette optique, nous avons réalisé en Arménie un programme s’étendant sur trois semaines, une semaine dans chacune des trois villes. Nous avons collaboré avec les structures arméniennes locales pour proposer des ateliers adaptés aux besoins des enfants. Un accompagnement pédagogique et psychologique était également prévu pour soutenir les participants. Nous avons aussi eu l’opportunité d’établir une collaboration avec plusieurs organisations arméniennes opérant sur place, comme la fondation “KASA ”  de Gyumri, l’organisation “Partnership and Teaching” de Goris et la municipalité d’Artashat. Ces structures accueillent notamment des enfants et des adolescents déplacés, dont la santé mentale a été profondément affectée, selon les rapports du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), et comme nous l’avons nous-mêmes constaté en travaillant sur place.

L’un de nos principaux objectifs a été de d’obtenir la présence de psychologues et des professionnelles de l’éducation locaux pour l’organisation de ces ateliers et de collaborer avec eux. Cependant, ce n’était pas une tâche facile et il faut avouer que souvent, nous avons ressenti le manque de tels spécialistes sur place. L’une des plus grandes difficultés était celle-ci, ainsi que la difficulté des enfants à révéler leurs sentiments. Il ne s’agit pas seulement des enfants déplacés de l’Artsakh, mais beaucoup d’autres ont les mêmes difficultés. Il est clair que les conséquences négatives de la guerre ont affecté tout le monde. 

Nous avons dans notre équipe Raphaël Derderyan qui a assuré une partie des traductions et a été suppléé par des traductrices locales des structures pour surmonter la barrière de la langue. D’autre part, lors de la communication avec les enfants, la langue passe parfois au second plan.

L’autre problème important était les difficultés financières. Nous tenons à remercier l’organisation « Terre et Culture », les associations “Pitt Ocha” ; et « Sourires d’Arménie », ainsi que les donateurs de l’association
« M.E.L.I.N.A. », sans le soutien desquels nous n’aurions pas pu réaliser cette mission.

— Où êtes-vous allés cette année pour réaliser vos travaux et comment avez-vous choisi les lieux ?

— Nous sommes allés à Gyumri, avec la fondation KASA et avons réalisé deux ateliers par jour au village d’Ashotsk pendant 4 jours. 

Nous sommes ensuite intervenus à Goris et à Tegh avec l’ONG Partership and Teaching pendant 5 jours. Enfin, nous sommes allés à Artashat, avec la mairie d’Artashat et avons proposé un atelier à Verin, un atelier à Ayguezart et un à Artashat chaque jour pendant 4 jours. 

— Quelles impressions avez-vous eues ? Comment évaluez-vous les résultats de cette initiative ?

— Ces ateliers ont été très utiles. Les participants y ont pris part avec beaucoup d’enthousiasme, et nous avons vu que l’expression créative, les jeux et la musique permettent de créer des moments de partage et de joie qui peuvent contribuer à l’amélioration de l’état psychologique non seulement des enfants, mais aussi de leurs familles. En particulier dans le cas des familles de réfugiés, de tels travaux peuvent alléger la tension de leur vie quotidienne et contribuer au renforcement des liens sociaux.

Les ateliers sont devenus un lieu commun où les participants venaient non seulement pour écouter et apprendre, mais aussi pour créer et construire ensemble. Notre objectif n’était pas simplement d’enseigner, mais de construire ensemble, de partager cette expérience. Cette approche a approfondi les liens entre les participants et créé un environnement de collaboration.

— Je pense que ce projet n’est pas pour vous quelque chose de ponctuel, mais un engagement à long terme. Avez-vous déjà élaboré des plans pour les prochaines étapes ?

— Si nous en avons la possibilité et si nous pouvons assurer un financement, nous aimerions bien sûr poursuivre le travail. Nous voulons à la fois travailler avec les mêmes groupes et trouver d’autres groupes pour créer de nouveaux ateliers, mais ce n’est pas facile. Tout cela demande une grande préparation et les questions organisationnelles sont toujours des défis sérieux. Il faut établir des partenariats plus solides ou trouver des ressources supplémentaires pour que notre travail devienne plus stable.

Nazli TEMIR-BEYLERYAN

Pour en savoir plus sur les activités de l’association « M.E.L.I.N.A. », visitez l’adresse ci-dessous :

https://www.helloasso.com/associations/mouvement-des-electrons-libres-pour-l-initiative-de-nature-artistique

Et l’adresse e-mail pour les contacter est : assoc.melina@gmail.com