ISTANBUL – Conférence de presse du patriarche Sahak II

Les questions soulevées lors de la visite de Pachinian en Turquie particulièrement débattues

Le patriarche Sahak II a tenu une conférence de presse le 3 juillet avec les représentants de la presse arménienne d’Istanbul. Y ont participé les journalistes des quotidiens « Jamanak » et « Marmara », de l’hebdomadaire « Agos », du magazine « Paros » et de la chaîne de télévision « Luys ». Lors de cette conférence de presse qui a duré plus de deux heures, le patriarche a fait des déclarations sur diverses questions, notamment les développements récents, la visite aux États-Unis, la situation des écoles communautaires et la place de la langue arménienne dans la vie quotidienne de la communauté.

Il a répondu aux questions des journalistes.

Voici quelques détails :

La conférence de presse a particulièrement porté sur les questions soulevées lors de la rencontre du Premier ministre Nikol Pachinian avec la communauté arménienne pendant sa visite en Turquie, la fermeture du patriarcat durant visite mentionnée et les problèmes qui en ont découlé.

S’agissant de la fermeture du patriarcat, Mgr Machalian a déclaré que l’Arménie avait commis une erreur protocolaire en la matière, car aucune demande écrite préalable n’avait été présentée concernant la visite du Premier ministre au patriarcat.

Le patriarche a particulièrement souligné : « Une situation confuse s’est créée en rapport avec la visite du Premier ministre Pachinian à Istanbul. La République d’Arménie est une institution, mais le patriarcat arménien de Turquie l’est également. La République d’Arménie a une histoire de 35 ans, tandis que le patriarcat arménien de Turquie en a plus de 500 ans. »

Le patriarche a précisé qu’ils avaient auparavant reçu au patriarcat le premier président d’Arménie, Levon Ter-Petrossian. Mais pour cette dernière visite, ils n’ont reçu aucune correspondance officielle. Nayiri Petrossian, représentant permanent de l’Arménie à l’Organisation de coopération économique de la mer Noire (OCEMN), a déclaré que le Premier ministre viendrait à Istanbul mais ne visiterait pas le patriarcat, mais plutôt l’église patriarcale Sainte-Marie-Mère-de-Dieu.

Le patriarche Sahak a insisté sur le fait que le patriarcat d’Istanbul n’avait commis aucune erreur protocolaire, l’erreur venait du côté de l’État arménien. S’agissant de l’absence des clercs lors de la visite de Pachinian à l’église patriarcale de Kumkapı, le patriarche a présenté cela comme une « position consciente ».

« L’absence de tout clerc lors de la visite de M. Pachinian à Kumkapı était une position consciente. La raison en est le langage offensant et agressif utilisé par le Premier ministre à l’encontre du catholicos Karékine II », a souligné le patriarche arménien d’Istanbul.

Il a noté que d’autres sièges hiérarchiques de l’Église arménienne avaient également réagi. Notamment, le catholicos de Cilicie Aram Ier a déclaré qu’il était aux côtés d’Etchmiadzine, et le patriarche de Jérusalem Nourhan Manukian a dit la même chose. « Mes frères spirituels qui servent avec moi n’ont pas non plus souhaité se trouver au même endroit que le Premier ministre. La porte d’entrée principale du patriarcat était ouverte et le Premier ministre a ou déposer des fleurs sur le monument à Komitas. La raison des critiques adressées par certains au patriarcat et aux clercs est que les gens ne suivent pas les sujets concernant les développements actuels.

C’est un débat politique et un conflit politique. Nous ne voulons pas que de telles choses se produisent contre le catholicossat de tous les Arméniens, nous ne voulons pas qu’on interfère dans les affaires internes de l’Église motivés par des raisons politiques, nous ne voulons pas que les questions soient résolues par un langage offensant. Et nous avons clairement montré notre position la plus naturelle », a souligné le patriarche.

Au cours de la conférence de presse, il a été rappelé au patriarche Machalian que le catholicos Karékine II avait également une position politique et apparaissait aux côtés des forces d’opposition au Premier ministre. En réponse, le patriarche a déclaré que Pachinian tentait d’interférer dans les affaires de l’Église, qu’il aspirait à avoir un catholicos qui lui soit favorable, afin de pouvoir en changer quand il le voudrait. « Je me trouvais aux États-Unis pour une visite prévue de longue date. Si j’avais été à Istanbul, j’aurais accepté cette visite et j’aurais exprimé mes objections face à face. Mais je n’étais pas là, et cette affaire ne pouvait être confiée à quelqu’un d’autre. Nous avons exprimé une protestation silencieuse et M. Pachinian l’a également comprise », a noté Mgr Machalian.

Il a ajouté qu’il n’avait aucune opinion concernant l’avenir de l’Arménie, soulignant : « Les Arméniens de Turquie souhaitent que les relations turco-arméniennes soient normalisées. Pachinian ne mène pas une mauvaise politique ; nous le soutenons, mais nous ne pouvons ignorer sa position politique envers notre Église. »

« Pachinian n’était-il pas au courant pendant sept ans des affirmations qu’il fait aujourd’hui concernant le catholicos ? »

« L’Église arménienne n’est pas seulement l’Église d’Arménie. Aujourd’hui, les autorités veulent changer le catholicos, mais nous ne pouvons pas le permettre, car si cette voie s’ouvre une fois, il ne sera plus possible d’en sortir par la suite.

Il est très difficile de séparer la personne du patriarche de tous les Arméniens et le Saint-Siège de Sainte-Etchmiadzine.

Nikol Pachinian a été photographié et filmé avec Sa Sainteté lors de nombreuses rencontres cordiales. Jusqu’à présent, n’était-il pas au courant des affirmations qu’il fait aujourd’hui concernant le catholicos ? Les gens ne croiront pas, car ils comprennent que le gouvernement ne s’intéresse pas à la moralité, mais est dans des calculs préélectoraux », a déclaré Mgr Machalian.