La réponse du Saint-Siège d’Etchmiadzine aux déclarations du président du Bureau des musulmans du Caucase

Lors d’une récente assemblée du Conseil des Ghazi réuni à Bakou[1], endossant le rôle de diffuseur des mensonges de la machine de propagande azerbaïdjanaise, le Cheikh-Ul-Islam Allahchukur Pachazadé, président du Conseil des musulmans du Caucase, a une fois de plus attaqué le peuple arménien et l’Église arménienne avec haine et hostilité.

Se surpassant dans la diffusion de mensonges, Pachazadé a déclaré que les sanctuaires arméniens qui se trouvent en Arménie et dans la région depuis d’innombrables siècles, dont la cathédrale de Saint Etchmiadzine vieille de 1700 ans, sont situés sur des « terres historiquement azerbaïdjanaises » et que les Arméniens se seraient approprié ces territoires.Pachazadé conclut sa série d’affirmations absurdes en présentant l’Église apostolique arménienne comme « une menace pour les pays de la région ».

Il est ironique qu’à la suite des manœuvres visant à la construction de prétendues « identités nationales » de la part des autorités soviétiques dans les années 1930 – dans la seconde moitié du 20e siècle – le chef spirituel du peuple qui a usurpé l’ethnonyme « azerbaïdjanais » tente de contester l’historicité du peuple arménien dont l’existence, l’héritage spirituel et culturel multimillénaires sont des réalités universellement reconnues.

Il est extrêmement choquant que les accusations portées contre la nation arménienne d’appropriation du patrimoine et des valeurs d’autrui soient formulées par le représentant d’un pays dont le nom même est emprunté à un autre pays et à un autre peuple[2].

Cette opération d’une grande bassesse comporte également des spéculations de Pachazadé autour du nom du diocèse de « Russie et de la nouvelle-Nakhitchevan ». Il faut noter que les localités arméniennes situées autour de la ville de Rostov-sur-le-Don ont été baptisées « Nouvelle Nakhitchevan » par décision des autorités de la Russie tsariste (1830), comme une marque de respect envers les Arméniens qui avaient émigré dans cette région depuis le Nakhitchevan, une région historiquement arménienne.

Ces manifestations très condamnables d’hostilité et de falsification présentes en permanence dans les déclarations publiques du chef spirituel de l’Azerbaïdjan, attestent en utilisant ses propres mots, que c’est l’Azerbaïdjan lui-même qui est une menace pour les pays voisins de la région.

Enfin, il convient de déclarer une fois pour toutes que bien que régulièrement proférés avec beaucoup de vigueur et d’enthousiasme, les mensonges et tromperies de tout genre ne pourront jamais devenir vérité.

Chancellerie du Catholicossat de Tous les Arméniens

Vagharchabad, République d’Arménie.

Le 23 mai 2025

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[1] Selon les informations diffusées sur le site  du Bureau des musulmans du Caucase, cette réunion s’est tenu le 22 mai https://www.qafqazislam.com/index.php?lang=az&sectionid=news&id=3431

[2] Le nom d’Azerbaïdjan a été  volé  à l’Iran pour désigner ce nouvel état créé par la Turquie en 1918. Aucune carte de la région ne porte trace de ce nom au nord du fleuve Araxe, avant cette date. L’usurpation de ce nom qui désigne deux provinces du nord-ouest de l’Iran – l’Azerbaïdjan occidental (Ourmia) et l’Azerbaïdjan Oriental (Tabriz) avait provoqué à cette époque les plus vives protestations de l’Iran, appelé Perse jusqu’en 1935. Dans son Dictionnaire des pays (Muʿjam al-buldān), le géographe médiéval Yakut Al Hamawi distingue clairement l’Arran – les territoires aujourd’hui occupés par Bakou – de l’Azerbaïdjan : « Arran est un nom iranien appartenant à un vaste territoire aux nombreuses villes, dont Janza – que tout le monde appelle Kanja [la Gantzak arménienne] – et Bardhaʿa, Shamkūr, et Baylaqān. Entre l’Azerbaïdjan et l’Arran est un fleuve appelé ar-Rass [l’Araxe]. Tout ce qui se trouve à l’ouest et au nord fait partie de l’Arran et tout ce qui est à l’est [et au sud] fait partie de l’Azerbaïdjan. »