Les armes retentissent au Proche-Orient : une vraie menace d’embrasement pour toute la région. La confrontation israélo-iranienne résonne directement dans cette géographie complexe, d’autant plus que l’Iran constitue pour l’Arménie un partenaire économique vital et une voie d’accès cruciale vers le sud, vers l’Inde, la Chine et les pays du Golfe. L’Iran constitue également un vecteur stabilisateur vis-à-vis surtout des visées belliqueuses de l’Azerbaïdjan. Ainsi, l’embrasement aura des conséquences sécuritaires, économiques, stratégiques, militaires, écologiques…
Le plus grand danger reste la catastrophe écologique et sanitaire, à cause des radiations nucléaires, en cas de bombardement des usines d’enrichissement d’uranium. Un acte de guerre interdit par le droit international. Pourtant, c’est ce qu’exige Israël de son allié et protecteur : les États-Unis.
Certaines informations – non vérifiées – circulant sur les réseaux sociaux, laissent croire que des attaques de drones auraient été lancées à partir du territoire de l’Azerbaïdjan, lequel est un allié stratégique d’Israël, qui a même des bases de surveillance militaire sur son territoire. Si cela était avéré, la sécurité des frontières et la stabilité politique du pays seraient atteintes en cas de représailles iraniennes.
L’Azerbaïdjan pourrait profiter de ce contexte pour attaquer l’Arménie sous un prétexte quelconque, afin d’ouvrir le corridor le reliant au Nakhitchevan et au territoire continental.
Pour l’Arménie, le transit iranien est essentiel pour l’acheminement du matériel militaire acheté en Inde. Le commerce avec l’Iran et les pays du Golfe suit une courbe ascendante depuis des années. Rien qu’avec l’Iran, l’intention des deux parties est d’atteindre annuellement les 3 milliards d’euros.
L’instabilité régionale menace directement les corridors de transport, qui s’inscrivent dans le cadre du plan « Carrefour de paix » du gouvernement arménien. Les investissements énergétiques et les échanges commerciaux pourraient être affectés lors d’une escalade prolongée.
Le défi pour Erevan consiste à maintenir une position stratégique et une politique d’alliances équilibrées avec les pays occidentaux, l’Iran, la Russie, la Turquie et le reste du monde, tout en poursuivant sa politique de modernisation économique et technologique. L’objectif est de transformer l’Arménie en un hub régional stable et prospère, capable de résister aux chocs géopolitiques grâce à la diversification de ses partenariats et à la solidité de son économie.
L’Arménie mise sur le développement de son secteur technologique pour réduire sa dépendance aux facteurs géographiques traditionnels. Les investissements dans l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies offrent des perspectives de croissance moins tributaires des aléas géopolitiques régionaux. Avec la guerre israélo-iranienne, les nouvelles technologies sont de plus en plus présentes dans les équipements militaires modernes.
Justement, au moment même de l’embrasement régional, l’Arménie a annoncé un accord majeur pour la construction – avec la société cloud d’intelligence artificielle (IA) « Firebird » et le soutien de NVIDIA – d’une usine d’intelligence artificielle de 500 millions de dollars, constituant le plus grand projet technologique de la région.
Il faut dire que la diaspora est aussi directement concernée par ce conflit. Les membres des communautés arméniennes d’Iran et d’Israël ainsi que leurs biens personnels et communautaires sont menacés par les bombardements massifs et aveugles des belligérants.
J. Tch. ■
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