Les divers aspects du conflit Arménie-Azerbaïdjan

Grâce aux tweets quotidiens du rédacteur en chef-adjoint du Figaro Magazine Jean-Christophe Buisson, grâce aux prise de positions de Sylvain Tesson et de nombre d’autres intellectuels français, grâce à l’engagement de François-Xavier Bellamy, de Nathalie Loiseau et de plusieurs parlementaires, la question du siège de l’Artsakh reste toujours d’actualité. L’ambassade d’Arménie et la communauté arménienne s’emploient aussi à assurer le soutien du gouvernement français et des instances étatiques à l’Arménie et à l’Artsakh. On peut constater l’activité intense sur les réseaux sociaux des divers groupes condamnant le blocus illégal de l’Azerbaïdjan et les demandes insistantes de levée de celui-ci. La même chose est perceptible chez les Arméniens à travers toute l’Europe.

L’objectif, pour tous, est que le récent tremblement de terre spectaculaire et tragique n’escamote pas la catastrophe humanitaire de l’Artsakh qui s’intensifie de jour en jour. Le conflit arméno-azerbaïdjanais n’est pas seulement militaire, il est aussi médiatique, judiciaire, diplomatique, économique et géostratégique.

Bien que l’assistance fournie par l’Arménie aux victimes du séisme de la Turquie ait été critiquée par l’opposition arménienne et par certains cercles en Diaspora, cette action est importante sur le plan politique et diplomatique pour maintenir la catastrophe humanitaire de l’Artsakh au centre de l’attention de la communauté politique et des médias internationaux. C’est surtout l’occasion pour les autorités arméniennes, ainsi que pour les amis de l’Arménie et de l’Artsakh, de soulever la question de la catastrophe humanitaire de l’Artsakh sur les plateformes et dans les instances internationales.

L’ouverture du poste-frontière de Margara, fermé depuis 30 ans, a été une surprise positive afin d’acheminer l’aide humanitaire de l’Arménie aux sinistrés de la Turquie. Cette ouverture soudaine de la frontière ne préfigure pas le réchauffement des relations arméno-turques et comme le début d’une ouverture durable. Cependant, il s’agit d’une étape politique importante qui peut déboucher à permettre le passage des citoyens de pays tiers. Un accord dans ce sens avait déjà été trouvé lors des négociations entre les représentants spéciaux arménien et turc pour la normalisation, Ruben Rubinian et Serdar Kılıç.

L’ouverture de la frontière entre l’Arménie et la Turquie serait une victoire importante pour l’Arménie. L’Azerbaïdjan s’est, à chaque fois, vigoureusement opposé à toute ouverture de frontière armeno-turque. Dans les conditions actuelles, c’est un sujet encore plus sensible pour la partie azerbaïdjanaise, compte tenu du fait qu’après sa victoire de 2020, elle tente d’arracher à l’Arménie un couloir à travers le Syunik, contre le couloir de Latchine reliant l’Artsakh à l’Arménie.

L’Europe et les États-Unis ont loué l’aide humanitaire fournie par l’Arménie à la Turquie. La partie russe, non seulement, ne s’est pas exprimée à cet égard, mais elle mène une campagne intense afin d’empêcher l’arrivée de la mission d’observation civile européenne le 20 février, déclarant qu’elle aura pour effet d’enflammer les tensions dans la région. À ce sujet, le président de la Duma russe a même déclaré avec une note menaçante que l’entrée de l’Occident en Arménie pourrait même conduire à la perte de l’État arménien.

Contrairement aux relations tendues dans le domaine politique, les relations commerciales entre l’Arménie et la Russie atteignent continuellement de nouveaux records : accroissement de plus 70 % du volume des exportations en 2022. La Russie, qui est la principale fournisseuse de gaz et pétrole de l’Arménie, n’a pas, malgré les relations tendues de ces derniers temps, menacée l’Arménie de coupure d’énergie ou de relèvement de prix. Ce phénomène montre cette fois la forte dépendance conjoncturelle de la Russie vis-à-vis de l’Arménie. En effet, la Russie se sert de l’Arménie pour contourner les sanctions occidentales, comme en sens inverse, l’Europe se sert de l’Azerbaïdjan pour contourner les sanctions, qu’elle a elle-même décrétées, afin d’interdire l’exportation de l’énergie russe.

J. Tch.