Même en ruines, Ani continue d’ensorceler…

François Mazure est un éditeur, présentateur et journaliste de la télévision belge RTBF. Il vient de réaliser un reportage magnifique et particulièrement émouvant sur les vestiges d’Ani pour la série « Un monde à part ».

Profondément bouleversé par ce voyage, voici ce que le journaliste a écrit sur la page Facebook d’« Un monde à part » :

La visite qui suit m’a bouleversé. Voici Ani, une immense cité aujourd’hui désertée alors qu’elle était jadis l’une des plus grandes et des plus prestigieuses villes au monde… Ani, ancienne capitale de la Grande Arménie se situe à l’extrême est de la Turquie, à la frontière avec l’Arménie, et non loin de la Géorgie. Elle est aujourd’hui un champ de ruines balayé par le vent. De cette ville médiévale mythique, il ne reste que quelques vestiges, témoins d’un riche passé. Situé au carrefour de la Route de la soie, elle accueillait autrefois les marchands venus des quatre coins du monde. En arpentant les ruines de cette ancienne capitale de la dynastie arménienne des Bagratides, difficile de s’imaginer cette ville gigantesque, prospère et fortunée, qui comptait jusqu’à 200 000 habitants. Et pourtant, aujourd’hui, ce fantôme réduit à l’état de poussière rappelle la fragilité des empires, qui vont et viennent, tout comme les croyances et les certitudes. 

L’histoire tragique de ce lieu, pourtant occupé pendant des milliers d’années, nous enseigne une leçon universelle, car c’est précisément la grandeur et le faste de cette cité qui l’ont mené à sa perte. La convoitise des grandes puissances, les guerres insensées et les assauts répétés au fil des siècles ont poussé les habitants à la déserter peu à peu, jusqu’à l’abandon total au 14e siècle. De la ville aux mille et une églises – comme on la surnommait jadis – et des quelques mosquées arrivées plus tard, seuls quelques édifices subsistent çà et là. Du reste, des ruines éparses, à perte de vue. Rarement, dans mes voyages, je n’ai ressenti un tel vertige, en déambulant dans ce lieu saisissant, qui nous rappelle notre faiblesse à l’échelle du temps, sur cette vaste terre qui nous survivra à coup sûr.

Source : Page Facebook
d’« Un monde à part » – RTBF ■