Les Arméniens ne sont jamais aussi unis qu’à la suite des catastrophes : Tremblement de terre, guerre, épuration ethnique de l’Artsakh ….
Après un élan de générosité qui se traduit par un sursaut d’aide humanitaire, de levée de fonds, d’implications personnelles, l’enthousiasme s’estompe, les chicaneries reprennent pour ne pas tarder à favoriser les oppositions frontales souvent issues des postures politiques des vieux partis politiques.
En quoi la situation est-elle nouvelle aujourd’hui ?
• L’évolution catastrophique de la situation géorgienne depuis les dernières élections législatives et la reprise en main par un pouvoir pro-russe devrait nous alerter sur le champ des possibles.
• Le renversement d’alliance entre les Etats-Unis et la Russie, totalement imprévisible il n’y a guère – mais pour combien de temps ? – qui affaiblit considérablement l’Ukraine illustre la fragilité des alliances quelles qu’elle soient
• Les menées de la diplomatie de l’argent de l’Azerbaïdjan auprès du Vatican ouvre un front de lutte d’influence insoupçonné jusqu’à présent.
• La lutte d’influence va certainement se poursuivre dans le futur proche à la suite de l’adoption par le Parlement arménien du texte de candidature à la candidature à l’Union Européenne.
• Dans 2 ans, la présidence de la république française sera entre de nouvelles mains, et on ne peut dire si le soutien à l’Arménie sera aussi déterminé qu’aujourd’hui.
Quelles sont nos propositions ?
Il est urgent de changer de logiciel pour faire face à ces nouvelles éventualités.
Face au délitement progressif du CCAF qui ne tient encore debout que parce que les pouvoirs publics lui reconnaissent une certaine légitimité pour ne pas parler de tranquillité, il faut reconstruire un organe national représentatif ce qui suppose avant tout qu’il soit démocratique et d’une démocratie directe pour une large part.
Les participants de France au sommet de la diaspora de Erevan de septembre dernier ont exprimé un souhait similaire et ont maintenu, au sein d’un mouvement dénommé Collectif de la Diaspora, un lien informel à ce stade. Ce mouvement réfléchit à organiser des Assises de la Diaspora française, en miroir au « Global Summit » bisannuel de Erevan
À quoi pourrait ressembler une nouvelle organisation de la Diaspora ?
Il s’agirait d’une organisation ayant vocation à déployer une « politique nationale » sans bien sûr se substituer aux nombreuses organisations, associations etc. fonctionnant de longue date en France de façon satisfaisante.
Cette « politique nationale » pourrait opportunément couvrir les domaines :
• Culturels
o Maison de Culture et d’Histoire Arméniennes à Paris
o Musée arménien de France
o Troupes de théâtre, orchestre
o Etc.
• Economiques.
o Constitution d’un réseau d’entrepreneurs type CCIFA
o Constitution d’un Réseau des conseillers économiques
o Constitution d’un espace de co-working pour les jeunes entrepreneurs
o Etc.
• Educatifs
o Organiser une approche commune des 8/9 écoles quotidiennes auprès du Ministère de l’Education
o Favoriser le recrutement d’enseignements de haut niveau
o Créer des liens avec le ministère de l’éducation d’Arménie
• Humanitaire
• Sanitaire
Il aurait aussi vocation à déployer une stratégie de soft-power auprès tant des pouvoirs publics que du secteur privé.
• Encourager les jumelages de villes
• Multiplier les forums économiques
• Créer une plateforme de conférences itinérantes sur tout sujet mettant en relation la France et l’Arménie
• Créer des ponts entre les groupes de réflexion et think-tanks arméniens et français
Il devrait réfléchir à disposer d’outils de communication nationaux : Radio WebTV etc…
Quels sont les facteurs clés du succès d’un tel projet ?
• En premier lieu il faut être convaincu que le statuquo n’est plus une option.
• Ensuite il faut proposer une organisation reposant sur une gouvernance claire et démocratique, excluant la présidence à vie ainsi que l’influence d’un ancien parti politique nationaliste qui cherche à assurer sa pérennité plutôt que de consolider la diaspora dans le cadre d’une relation saine et constructive avec l’Arménie.
• Enfin il faut mettre en œuvre un mécanisme de financement qui assure l’indépendance de cette organisation.
Comment avancer ?
Je reviens sur le projet d’Assises développé par le collectif de la Diaspora évoqué précédemment. C’est dans ce cadre qu’on pourra construire une organisation qui dès son origine se voudra réellement démocratique.
Daniel KURKDJIAN
Président du Conseil Français Arméniens ■
© 2025 Tous droits réservés