« Monsieur le Président, il me semble qu’une poignée de mains aurait suffi »

Ce n’est sans doute ni une révélation sociologique ni une découverte psychologique d’affirmer que nous, Arméniens, avons souvent tendance à croire un peu trop vite que tout dirigeant étranger qui nous accueille avec un sourire ou une accolade est un ami. C’est parfois vrai — dans la mesure où les intérêts le permettent. Mais nous voulons aussi croire, à tort, que cette bienveillance se traduira par une hostilité envers nos adversaires. C’est là que l’illusion se brise, souvent douloureusement.

L’exemple le plus parlant reste l’attitude amicale – le moins qu’on puisse dire – du président Macron envers Ilham Aliev lors du sommet pour la paix au Moyen-Orient, tenu à Charm el-Cheikh. Ni le « facteur arménien », ni les multiples déclarations offensantes du président azerbaïdjanais à son égard n’ont semblé freiner cette cordialité, comme en témoignent plusieurs vidéos diffusées à l’issue de la rencontre. Il est d’ailleurs significatif que ce soit Emmanuel Macron lui-même qui ait pris l’initiative d’aller saluer Aliev, alors que celui-ci lui tournait le dos, déjà engagé dans une autre conversation.

Comme nous l’avons dit : ce sont les intérêts qui définissent les limites.

Le phénomène n’a pas non plus échappé à l’œil de l’eurodéputée française Nathalie Loiseau, qui a publié le message suivant sur les réseaux sociaux :

« Monsieur le Président, il me semble qu’une poignée de mains aurait suffi, si ce n’est en souvenir des 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh victimes d’une épuration ethnique, ou de l’ingérence de l’Azerbaïdjan, du moins en raison des insultes qu’Ilham Aliev a proférées contre vous ».

Donald Trump : « Le président Ilham Aliev est un dirigeant très fort »

Il faut croire qu’en ce moment, l’étoile du président azerbaïdjanais brille plus que jamais.

Après l’attitude plus que cordiale de Macron, Aliev a également eu droit aux louanges du président des États-Unis.

Ainsi, Trump a de nouveau mentionné son nom lors de son discours à la cérémonie de signature de l’accord de cessez-le-feu définitif à Gaza, au sommet de la paix de Charm el-Cheikh.

« Merci à tous d’être ici aujourd’hui. J’ai résolu la guerre pour cet homme, pour l’Azerbaïdjan », a déclaré M. Trump en s’adressant à Aliev, avant de poursuivre, en faisant référence au processus de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie : « Il y a eu 32 ans de conflit, mais nous avons résolu le problème en une heure environ, n’est-ce pas ? ».

« C’est un dirigeant très fort ; il fait du très bon travail », a ajouté M. Trump à propos d’Aliev.

Éditorial