Par Robert AYDABIRIAN
Cela commence par les enseignements à tirer des actions gouvernementales depuis le retour de la souveraineté en 1991. Ce travail d’introspection peut remonter pour les plus obstinés d’entre nous aux origines de la construction identitaire arménienne et on leur souhaite bonne chance, mais comme l’exercice du label qualité nécessite le concours de chacun, nous avons besoin d’eux dès maintenant pour évaluer les pratiques, les méthodes, les défaillances, les pathologies sociales et les défauts de fabrication d’une Arménie à la gueule cassée par l’histoire et à la démarche bancale par la géographie. En deux mots, un audit global pour avancer visage découvert et sans béquille.
Cela se poursuit par l’exemplarité du comportement dans la gestion des affaires publiques mais aussi des affaires communautaires, des affaires républicaines mais aussi des affaires diasporiques, des affaires de là-bas et d’ici. Un Etat aussi petit qu’est l’Arménie ne peut tolérer un tel degré de corruption, véritable gangrène qui ne sert que ceux qui veulent la détruire. Il faut saluer pour cela le travail de cette procureure générale qui a accompli en quelque mois ce qu’aucun ministre de la Justice n’a réalisé depuis 35 ans. La corruption, ce n’est pas seulement un détournement de ressources, un blanchiment d’argent ou un aveuglement népotique. C’est aussi un détournement des compétences, un blanchiment des savoirs et un aveuglement politique. Et ce risque d’intoxication identitaire est aussi bien visible à Erevan que dans toutes les places fortes d’une diaspora gâtée, capricieuse et obèse par ses outrances et parfois irresponsable par ses actes et ses messages.
Rêver à l’union Arménie-diaspora ne mène à rien si la représentation de cet imaginaire d’inclusion se traduit par celle d’une idéologie de l’exclusion. Car si le prêt-à-porter de l’État rassemble les compétences de chacun dans la paix et l’harmonie, tout manteau idéologique le couvre du fléau de la division et transforme le rêve en cauchemar. Rêver en revanche à la construction de la République d’Arménie fondée sur un soft power transnational sublimant les potentialités de chacun, alors dans ce cas et seulement dans ce cas, les projets de reconstruction de l’Etat favoriseront l’inclusion du savoir de chacun dans leur dynamiques d’entraînement. Seul l’ancrage dans le réalisme peut susciter les vocations, attirer les compétences et assurer l’avenir des Arméniens tant au plan institutionnel qu’éducatif, technologique que sécuritaire, social que sanitaire.
Bâtir la maison commune, c’est enfin renouer avec l’esprit d’une gouvernance à la hauteur des enjeux. Cela passe nécessairement par la prééminence de la souveraineté. Sans souveraineté, pas de label de qualité et inversement sans label de qualité, pas de souveraineté. Toute autre idée que la construction de l’État souverain relève du crime de lèse-qualité. Placer un autre objectif que l’État souverain dans ses frontières actuelles reconnues par le droit international plongerait les Arméniens dans le chaos, le tourment et la désolation. En revanche, rêver d’une République d’Arménie moderne, prospère, maline, intégrée, éduquée, libre, démocratique et interconnectée, bref en bonne santé, c’est possible si toutes les énergies et pensées regardent vers l’avenir d’un État fort et juste comme un idéal à atteindre au lieu de ressasser le passé comme le censeur, le fanatique, le sicaire, le charlatan, le bricoleur, le boutiquier, le hâbleur et le plumitif s’amusent à le faire pour mieux servir leur fantasme et leur fonds de commerce.
Si l’on veut rendre hommage à nos martyrs d’hier comme d’aujourd’hui, la seule solution est de construire l’État arménien sur des bases saines, et non de brûler des drapeaux ou de brayer des slogans désuets. Si l’on veut se souvenir dignement des victimes du génocide et des autres tragédies vécues par notre peuple, la meilleure des solutions est de leur bâtir un État arménien où leur mémoire serait vivante où leur âmes planeraient au-dessus d’un pôle d’excellence éducative, d’un pôle d’excellence sanitaire, d’un pôle d’excellence technologique, militaire, etc.…
Tel est le fond d’écran du label de qualité arménien : la foi dans l’esprit bâtisseur de nos anciens et la loi pour tous dans l’excellence des fonctions régaliennes de l’État (administrations centrale et locale, services publics, forces armées, justice et finances). A ce fond d’écran d’un passé de références répond le premier plan du label de qualité arménien, celui de l’Éducation. Ce secteur clé d’une vraie base de données des intelligences de chacun et des valeurs communes et du dévouement à l’intérêt général. Ce label de qualité a pour fonction de valoriser les démarches de travail coopératif conduit par l’enseignant et ses élèves. Il sert également à le valoriser auprès du chef d’établissement, du rectorat et de l’inspection auxquels sont communiqués les projets récompensés dans leur établissement ou leur académie. Le Label de qualité, c’est aussi un moyen de progresser et de partager les bonnes pratiques. L’évaluation du projet offre l’occasion d’obtenir un retour qualitatif sur les activités et des conseils pour de futurs projets. Cerise sur le gâteau, la création d’un Institut d’Études Politiques (IEP), celles de grandes écoles d’administration, d’ingénieurs et d’agronomie sont les priorités absolues du moment. Il est urgent de s’y atteler si l’on veut changer le cours des choses d’ici à 2035 et rattraper le temps perdu.
Que les utopies réalistes des anciens deviennent les folles réalités de notre jeunesse. Que les ambitions englouties de nos disparus d’hier et d’aujourd’hui redeviennent le moteur de haute qualité de nos enfants et de notre postérité.
(Partie 2/2)
St Chaffrey, le 15 août 2025 ■
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