Le Premier ministre Nikol Pachinian a nommé vendredi le maire par intérim de la troisième plus grande ville d’Arménie, Vanadzor, cinq mois après l’arrestation controversée d’une personnalité de l’opposition dont le bloc a effectivement remporté les élections locales.
Le nouveau maire, Arkadi Pelechian, a des antécédents de comportement violent. Le parti qu’il dirige a remporté moins de 15 % des voix lors des élections municipales de décembre dernier. Il suivait le parti du Contrat civil de Pachinian et le bloc de l’ancien maire de Vanadzor, Mamikon Aslanian, qui ont obtenu respectivement 25% et 39% des voix.
Aslanian était donc bien placé pour regagner son poste perdu en octobre. Mais dix jours après le vote, il a été arrêté pour des accusations de corruption rejetées par lui comme politiquement motivées.
Plus tard en décembre, le tribunal administratif arménien a bloqué la première session du nouveau conseil municipal de Vanadzor habilité à élire le maire. Il a cité un appel contre les résultats des élections déposé par un autre parti pro-gouvernemental qui s’est mal comporté lors du scrutin.
L’appel a ensuite été rejeté par deux autres tribunaux. Le parti Arménie lumineuse a répondu en faisant appel devant la Cour supérieure de cassation.
Le tribunal n’a toujours pas statué sur l’appel. Des personnalités de l’opposition locales et basées à Erevan l’ont accusé d’avoir exécuté un ordre du gouvernement visant à empêcher la réélection d’Aslanian.
Le mois dernier, Contrat civil a fait adopter à la hâte par le Parlement arménien un projet de loi autorisant le Premier ministre à nommer les chefs par intérim des communautés dont les conseils nouvellement élus n’élisaient pas les maires dans les 20 jours suivant les élections locales.
Les législateurs de l’opposition ont déclaré que l’objectif principal du projet de loi était de permettre à Pachinian de conserver le contrôle de l’administration municipale de Vanadzor malgré la défaite électorale de son parti.
Pelechian, 42 ans, était adjoint au maire de Vanadzor jusqu’au vote. Les autorités chargées de l’application des lois n’ont fait aucun commentaire sur son éventuelle implication dans les pratiques prétendument corrompues de l’ancien maire arrêté.
Pelechian a conclu un accord de partage du pouvoir avec Aslanian en 2017, un an après avoir été brièvement arrêté pour avoir battu le primat de l’Église évangélique arménienne à Vanadzor. Le comité d’enquête arménien a déclaré qu’il avait agressé le révérend Rafael Grigorian pour « ne pas l’avoir soutenu » lors des précédentes élections locales tenues en 2016.
