Dans une interview accordée à l’Agence France-Presse et publiée le 21 juillet, le Premier ministre Pachinian a déclaré qu’une nouvelle guerre avec l’Azerbaïdjan est très probable, tant que le traité de paix n’est pas signé et ratifié par les parlements des deux pays.
Pachinian a mentionné que l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Arménie, ainsi que les droits et la sécurité des Arméniens d’Artsakh sont des « lignes rouges » pour Erevan.
il a ajouté que les négociations entre les deux rivaux sont entravées par « la rhétorique agressive et le discours de haine de l’Azerbaïdjan à l’égard des Arméniens » et a accusé Bakou de mener une « politique de nettoyage ethnique ».
« Un génocide est en cours »
Évoquant le blocus azerbaïdjanais qui a créé une grave crise humanitaire au sein de l’Artsakh, Pachinian a affirmé : « Il ne s’agit pas d’un génocide en préparation, mais d’un génocide qui est en cours », accusant l’armée azerbaïdjanaise d’y avoir créé un « ghetto ».
« Compte tenu de la disparité des forces, nous pensons que si nous laissons Stepanakert et Bakou face à face, soit Bakou aura la possibilité d’envoyer la question [des droits et da sécurité des Artsakhiotes] dans les oubliettes, soit se trouvera dans un monologue et non d’un dialogue. C’est la raison pour laquelle les outils internationaux doivent être mis en place », a pousuivi Pachinian, ajoutant que « la situation de l’Arménie est compliquée, car l’Azerbaïdjan interprète notre intérêt pour la question de l’Artsakh comme une atteinte à son intégrité territoriale ».
De l’avis de Pachinian, la Russie et l’Occident devraient exercer davantage de pression sur Bakou, en aidant à mettre fin au blocus du corridor de Berdzor.
Bakou convoque une conférence internationale pour les médias à Chouchi occupée…
Bakou a convoqué du 21 au 23 juillet à Chouchi occupée, une conférence internationale ayant pour titre « Nouveaux médias à l’ère de la quatrième révolution industrielle », à laquelle ont participé 150 représentants d’agences de presse d’État, d’organisations internationales et de médias d’information de 49 pays.
Le 21 juillet, le président azéri était le principal orateur de la conférence. Avant sa rencontre avec les journalistes, Aliev a visité les chantiers de l’école et de l’hôpital de Chouchi et a été présent à quelques cérémonies de pose de la première pierre.
Dans son discours devant les journalistes, Aliev a déclaré que la priorité aujourd’hui est l’établissement de la paix dans le Caucase du Sud. Il a attribué un grand rôle à la Turquie à cet égard, puis a évoqué la guerre de 44 jours et les événements d’après-guerre. Aliev a également souligné la raison de convoquer cette conférence à Chouchi. « La ville est un symbole non seulement de la grande victoire de l’Azerbaïdjan, mais aussi de la restauration et du développement », a-t-il précisé.
« Après la victoire, l’Azerbaïdjan a compris qu’il était nécessaire de réformer radicalement son armée, car aujourd’hui c’est le plus fort qui décide et qui domine. En gardant à l’esprit qu’aujourd’hui encore il y a des gens qui vivent avec des rêves de vengeance dans la société et le gouvernement arméniens, il faut toujours être prêt. Aujourd’hui, notre armée est plus forte qu’il y a 3 ans », a-t-il déclaré.
Cependant, selon Aliev, les approches changent progressivement. Les structures internationales, les parties impliquées dans le processus de négociation, ainsi que l’Arménie elle-même sont rendues à l’évidence, à la réalité. « On dit, de plus en plus clairement que le Karabakh est l’Azerbaïdjan. Si cette leçon avait été apprise pendant les années d’occupation, peut-être que la deuxième guerre du Karabakh aurait été évitée », a-t-il ajouté.
Se référant ensuite à l’accord de paix, le président azerbaïdjanais a déclaré : « Si l’Arménie renonce à toute revendication territoriale contre l’Azerbaïdjan, il sera alors possible de signer un accord de paix d’ici la fin de l’année… Autrement, la paix ne sera pas possible. La phase de signature du traité de paix a commencé lorsque l’Arménie a reconnu le Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. Maintenant, l’Arménie devrait faire le pas final… Ils ont déjà accepté que le Karabakh est l’Azerbaïdjan, ils l’ont ouvertement déclaré, et à présent il est arrivé le moment de signer le document correspondant. C’est une dernière étape extrêmement importante. »
Aliev a souligné que le processus de normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan est soutenu par trois parties internationales : les États-Unis, la Russie et l’Union européenne.
La réaction de l’« Union des journalistes » d’Arménie
L’« Union des journalistes » d’Arménie au sujet de la conférence susmentionnée a publié une déclaration, qui précise :
« Les journalistes ont une fonction universelle de protection des droits de l’homme et doivent y être fidèles, s’ils n’ont pas d’autres intérêts.
La participation de nos collègues à cette conférence ne peut se comprendre que s’ils – en tant que journalistes de métier – profitant de cette occasion remplissent leur devoir professionnel et présentent au monde comment le pays qui les a invités tue chaque jour un peuple entier, femmes enceintes, personnes âgées, enfants, y compris les bébés, et appellent à l’ouverture immédiate du chemin de vie de l’Artsakh.
La conférence organisée à Chouchi occupée fait évidemment partie du grand plan de propagande politique de l’Azerbaïdjan, en participant à laquelle nos nombreux collègues légitiment indirectement le blocus de l’Artsakh par ce pays depuis plus de sept mois, qui a conduit à une terrible crise humanitaire et menace de coûter de nouvelles vies humaines à chaque instant.
Chers collègues, vous vous trouvez présentement dans un pays qui s’est emparé des territoires de l’Artsakh – y compris Chouchi, où vous êtes convoqués à cette réunion – et qui y est parvenu en menant une politique génocidaire, des crimes contre l’humanité et qui affame actuellement 120 000 personnes en Artsakh… »