À l’occasion de la célébration du 55e anniversaire de l’école nationale Rose et Alex Pilibos de Los Angeles, la communauté arméno-américaine a collecté 5 millions de dollars. Un événement extrêmement réjouissant, sur fond de nouvelles politiques pas très réjouissantes dans l’horizon médiatique arménien. La nouvelle est d’autant plus enthousiasmante quand on considère que ces 5 millions ont été collectés malgré les nombreux dommages matériels subis par les Arméno-américains à cause des terribles incendies en Californie.
Plus enviable encore que la somme recueillie, c’est la capacité de la communauté à se rassembler autour de l’école. L’école est l’avenir d’une collectivité. Plus elle fait l’objet d’attention, plus le développement du collectif se pose sur des bases solides, plus les élèves préparent le terrain pour travailler et coopérer ensemble dès leur plus jeune âge. Le comité de célébration de la collecte de fonds du 15 mars a réussi à réunir la direction de l’école, le conseil d’administration, tous les bienfaiteurs anciens et nouveaux, les anciens élèves, le primat local, même le Catholicos Aram 1er était présent par une lettre de bénédiction lue par l’Archevêque du Diocèse ainsi que les organisations communautaires, les parents, les médias…
Les écoles franco-arméniennes seraient si heureuses si elles pouvaient réaliser une telle collecte. Quel grand avantage ce serait si en plus la collecte devenait l’occasion de rassembler la communauté. Enfin, les besoins des écoles sont grands. Si l’on considère seulement les quatre écoles de la région parisienne, toutes ont d’énormes besoins financiers pour la rénovation, l’ajout de nouvelles salles de classe, le salaire des enseignants, la modernisation de l’école, l’acquisition de nouveaux espaces pour agrandir les possibilités de la cour… L’école Tebrotzassère a dû faire face à de grandes dépenses pour la rénovation du toit de l’école, et l’ouverture du Lycée attend une solution depuis plus de dix ans. L’école Tarkmantchatz d’Issy-les-Moulineaux a besoin de soutien financier pour ouvrir des classes de collège, l’école Hrant Dink d’Arnouville poursuit depuis des années un projet d’expansion. Au fil des ans, les bâtiments scolaires ont besoin de rénovation, ils font face aux nouvelles normes de sécurité et aux nouvelles exigences éducatives. Les associations culturelles ont également des besoins financiers pour organiser des cours du samedi, ainsi que les associations sociales, religieuses, la presse…
Jusqu’à présent, chaque structure s’est débrouillée seule. Peut-être faut-il distinguer de tout cela le cas de l’école Arabian – Saint Mesrop d’Alfortville, qui a bénéficié de l’apport d’une structure indépendante, l’APCAF (Association pour la Promotion de la Culture Arménienne en France), créée à l’initiative de l’archevêque Norvan Zakarian, élu Primat du Diocèse arménien apostolique de France en 2007, qui dès son élection a créé l’APCAF, rattachée au Diocèse dans le but de construire des écoles et de promouvoir le développement culturel. L’école d’Alfortville a eu la chance d’être le premier bénéficiaire du parrainage. Le 15 juillet 2015, l’école Kevork H. Arabian – Saint Mesrop a été inaugurée sous le parrainage des Premiers-ministres de France et d’Arménie. M. Arabian a également souhaité construire la maternelle Mariam Arabian, qui devait ouvrir ses portes en septembre dernier, mais en raison de dissensions entre l’APCAF et l’organisme de gestion de l’école Kevork H. Arabian – St. Mesrop, la gestion de la maternelle a été confiées à une nouvelle structure (AGEFAA).
Voilà, le véritable malheur, le cas de l’école d’Alfortville aurait vraiment pu être enviable, comme celui de l’école nationale Rose et Alex Pilibos de Los Angeles. L’avenir des enfants exige que les parties trouvent un terrain d’entente, se respectent mutuellement et apprécient l’énorme travail accompli.
Finalement, l’APCAF pourrait devenir l’organisme central de collecte de fonds pour la communauté, répondant aux besoins éducatifs et culturels de toutes les écoles. Tout comme le Fonds arménien qui collecte principalement des fonds au profit de l’Arménie. Il suffit d’apprécier correctement le travail accompli dans une atmosphère harmonieuse.
Dans le cas d’Alfortville, il faut également mentionner l’encouragement et la contribution de la mairie, pour que les enfants puissent profiter de tous les avantages d’une école maternelle nouvellement construite.
J. Tch. ■
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