Redéfinir les relations avec la Diaspora

Du 28 au 31 octobre, à l’initiative du Haut-commissaire aux affaires de la Diaspora, se tiendra le « Sommet mondial arménien », qui vient remplacer le « Congrès Arménie-Diaspora ». Organisée dans une situation politique difficile, elle sera la première rencontre à grande échelle entre l’Arménie et la Diaspora depuis la révolution de Velours de 2018. Lors des « Congrès Arménie-Diaspora » organisés sous les présidents Kotcharian et Sarkissian, les participants locaux et de Diaspora faisaient preuve d’une entente tacite avec les gouvernements au pouvoir. Cependant, la situation actuelle est différente. Le Saint-Siège d’Etchmiadzine, qui par le passé n’osait en aucune façon critiquer les autorités politiques, s’oppose désormais ouvertement aux positions supposées anticléricales du gouvernement. Quant au Catholicossat de la Grande Maison de Cilicie, il reste sur une ligne plus conservatrice. Naturellement, la position officielle de la FRA reste la plus dure de toutes les organisations de la Diaspora, en particulier envers le Premier ministre et le Haut-commissaire aux affaires de la Diaspora, qui lors de leurs déplacements à l’étranger se sont toujours heurtés à une opposition hostile de la FRA.

Compte tenu de cette situation d’hostilité, le sommet d’octobre devient plus intéressant. Lorsqu’il n’y a pas de front d’opposition, l’événement reste stérile, l’ambiance inintéressante et les questions dénuées de sens. Cependant, le même danger risque de se représenter si le front d’opposition refuse d’y participer, ou bien s’il participe en défendant des thèses complotistes extrêmes qui entravent la libre expression des opinions. Quoi qu’il en soit, la qualité et le nombre de participants à l’événement attesteront du niveau du Sommet et de son succès.

Le programme du congrès a déjà été publié. Il comporte trois jours de travail intenses avec des panels sur la stratégie de sécurité, les relations Arménie-Diaspora, la coopération éducative, culturelle, scientifique, économique et les questions de représentation de la Diaspora.
Généralement, il ne faut pas attendre de résultats sérieux d’événements aussi grands, compte tenu des méthodes de leur préparation. L’ordre du jour du sommet a été préparé par les experts du bureau du Haut-commissaire, confortablement assis dans leurs bureaux. Les sujets des sessions n’ont pas été discutés avec les différents intéressés à l’avance. En ce sens, le forum
« The Future Armenian » organisé par Rouben Vardanian et Noubar Afeyan du 11 au 13 novembre est bien plus moderne dans son approche et son organisation. Des questionnaires et des lettres de consultation ont été adressés au préalable au public pour définir les quinze enjeux qui seront discutés lors de l’événement.

L’initiative « The Future Armenian » de Rouben Vardanian et le parti « Un pays où vivre » de Mané Tandilian sont en étroite collaboration. Lors des prochaines élections arméniennes, « Un pays où vivre » a le potentiel pour être le concurrent le plus sérieux du Contrat Civil. A cet égard, il sera intéressant de suivre les débats du forum « The Future Armenian »

Les relations avec la Diaspora nécessitent une concertation plus large. Après la révolution de Velours, le Premier ministre Pachinian a établi le poste de Haut-commissaire aux affaires de la Diaspora et a nommé l’ancien maire de Glendale à sa tête. Cette décision servait deux objectifs : d’une part, faire de Zareh Sinanian un exemple de retour en Arménie pour les Arméniens ayant émigré, et d’autre part, maintenir la gestion et la coordination des affaires de la Diaspora sous la juridiction directe du Premier ministre, compte tenu de ses multiples fonctions : nationale, politique, économique, éducative, culturelle, etc. Dans la pratique, la situation politique complexe, la pandémie de coronavirus et la guerre ont changé beaucoup de choses. Depuis l’arrivée au pouvoir de Pachinian, le « Sommet mondial armé-
nien » constitue la première tentative sérieuse de redéfinition des relations avec la Diaspora.

J. Tch.