«Nous devons trouver des solutions intelligentes et être prêts à nous battre »
Depuis la fermeture du couloir de Berdzor par les « écologistes » azéris, les exhortations quotidiennes du ministre d’Etat d’Artsakh, Ruben Vardanian, ses déclarations, adressées aux habitants d’Artsakh, les encouragent, inspirent la confiance en soi, donnent une force nouvelle à l’aspiration nationale, suggérant le juste discernement face à la menace qui pèse sur l’existence de l’Artsakh, la recherche de solutions nouvelles, le renoncement aux clivages politiques internes précisément au moment où le désespoir domine. Sagesse et courage pour endurer, résister, ne pas céder, ne pas quitter la terre.
«Nous devons utiliser tous les moyens pour rendre l’Artsakh indépendant, arménien et doté d’un avenir sûr. Je ferai tout ce qu’il faut pour y parvenir. Je veux que vous entendiez une autre de mes réponses, parce que c’est la plus importante. Je ne veux pas faire de bilan, je ne veux pas me faire d’amis, ou autre chose encore, je suis venu vous dire une seule chose, venez, notre unique but est de protéger l’Artsakh, de préserver l’Artsakh, de créer les conditions telles pour que nous sortions de cette situation. C’est pour cette raison que nous travaillons avec les Nations unies, la France, l’Amérique, la Russie et les casques bleus russes. Toute en respectant nos valeurs, en mettant en sourdine nos divergences nationales, en faisant ce que nous pensons être juste, pour atteindre notre objectif le plus important : préserver et développer l’Artsakh.» Ces propos énoncés au 7e jour du blocus de la frontière de Latchine, lors de la rencontre avec les habitants de la ville de Askeran, n’avaient pas été prononcés depuis longtemps par un dirigeant de la classe politique arménienne.
L’homme d’affaires, l’entrepreneur, qui n’a exprimé son intention d’entrer en politique qu’après la deuxième guerre d’Artsakh, le co-fondateur du prix humanitaire mondial «Aurora», l’initiateur de la construction du téléphérique «Tatevi Tever», le fondateur de l’école internationale de Dilijan, et celui à l’origine de nombreuses autres initiatives, a la capacité de réparer le champ politique arménien depuis 2020. Et la surprise majeure a été son entrée en politique, non pas en Arménie, mais en Artsakh, qui justement mène actuellement une lutte existentielle pour sa survie.
La guerre d’Artsakh de 2020, l’attaque de mai 2021 à la frontière souveraine de l’Arménie, et celle du 13 septembre 2022, n’ont pas changé l’atmosphère politique interne en Arménie. Même le blocage du corridor reliant l’Artsakh à l’Arménie n’a pas provoqué une résistance politique à l’échelle de la nation. L’environnement est resté toxique, l’opposition est revenue au Parlement, mais elle est restée stérile, se limitant à voter une résolution en faveur de la défense de l’Artsakh, alors que les défis adressés par l’Azerbaïdjan sont bien plus dangereux, nécessitent plus d’actions que de paroles, exigent que les divergences politiques soient un instant réduites au silence. Le monde arménien est face à un choix mortifère : soit accepter la demande d’octroi du corridor de Zangezour à l’Azerbaïdjan, soit dépeupler complètement l’Artsakh suite au blocage azéri du corridor de Berdzor. Le travail diplomatique que mènent les autorités arméniennes, que ce soit de chercher à assurer le soutien de l’Occident, ou de pousser la Russie et l’OTSC à une intervention plus ambitieuse, reste vain.
Dans cette situation de crise, un Chevalier blanc, Ruben Vardanian, est soudainement apparu dans le ciel de l’Artsakh et son engagement à s’installer en Artsakh a donné du courage à ses 120 000 habitants. Ses messages sont simples et clairs : «Les Azéris n’ont pas compris que le blocus nous unit et nous rend plus forts». Un message qui n’avait pas été entendu depuis de nombreuses années.
Indépendamment des appréciations de divers analystes et dirigeants politiques concernant l’entrée en jeu de Rouben Vartanyan, en particulier après la guerre de 2020, il faut convenir que jamais un discours aussi cohérent, aussi rassembleur, aussi déterminé n’a été entendu de la part d’un dirigeant politique. Et cette position est exprimée par une personne qui n’est pas Artsakhiote, mais a décidé de s’installer en Artsakh au moment le plus dangereux de son histoire. Contrairement à de nombreux responsables politiques de haut rang qui sont originaires d’Artsakh – deux présidents de la République, un ministre de la Défense, des commandants de l’armée… – qui ont quitté l’Artsakh et se sont installés en Arménie au cours des vingt dernières années.
J. Tch.