Sur le chemin de la paix à pas mesurés

La signature de l’accord de paix Arménie-Azerbaïdjan avance à pas mesurés. Parallèlement au processus laborieux de paix, la situation de guerre régionale au Moyen-Orient s’intensifie, notamment suite aux agressions menées par Israël, comme l’assassinat des responsables du Hamas à Doha, qui a sabordé les efforts diplomatiques de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas et a mobilisé l’ensemble du monde arabo-islamique contre les violations flagrantes de la souveraineté du Qatar.

La région devient jour après jour plus instable. Le soutien inconditionnel et la complicité des États-Unis à l’égard de l’action génocidaire d’Israël soulèvent des questions sur la sincérité et la légitimité de leur rôle au Moyen-Orient, et par conséquent aussi dans le Caucase du Sud.

Ce phénomène pousse les États arabes et musulmans à reconsidérer leurs relations avec les États-Unis, malgré leurs alliances historiques. Israël se dépasse chaque jour par ses actions en violation du droit international. Le dernier acte fut l’attaque contre le Qatar, allié des États-Unis, qui a ouvert une nouvelle page de méfiance et d’hostilité envers Washington.

Dans quelle mesure ces événements affecteront-ils la signature du traité de paix Arménie-Azerbaïdjan ? Il est clair que l’affaiblissement des positions américaines au Moyen-Orient et la méfiance à leur égard renforcent indirectement les positions de la Russie et de l’Iran, et affectent par conséquent négativement la construction de la route de paix de Trump.

Deuxièmement, compte tenu des relations stratégiques entre Israël et l’Azerbaïdjan, l’attaque d’Israël contre le Qatar isole l’Azerbaïdjan dans le monde arabo-musulman et l’affaiblit.

Malgré tout, la Turquie reste le soutien inconditionnel de l’Azerbaïdjan, particulièrement concernant la construction et la mise en œuvre du chemin de paix de Trump. Et contrairement à la déclaration tripartite pour la construction de cette route appelée « Route de Trump pour la paix et la prospérité », la Turquie, en soutien à son petit frère azéri, n’a pas renoncé à l’appeler corridor ou passage de Zanguezour, malgré l’opposition constante de l’Arménie à cette appellation, comme l’a fait savoir le Premier ministre Pachinian lors du dernier sommet des BRICS.

Tous ces événements n’ont pas empêché la poursuite du processus de normalisation des relations Arménie-Azerbaïdjan et Arménie-Turquie. Et, les États-Unis ont annoncé le premier contrat d’allocation de 145 millions de dollars pour la construction de la route de Trump. De même, le représentant spécial de la Turquie Serdar Kılıç est arrivé en Arménie par le point de passage de Margara et a eu une rencontre avec son homologue Ruben Rubinian.

Vu la déstabilisation de la situation politique au Moyen-Orient, le rôle de la Turquie paraît de plus en plus déterminant. À ce titre, la déclaration du ministre des Affaires étrangères de Turquie Hakan Fidan lors de la conférence organisée à Rome par l’Institut international des relations est révélatrice de la position de force et de la vision de la Turquie concernant la signature de l’accord de paix Arménie-Azerbaïdjan : « Le document signé à Washington n’est pas définitif ; la signature du document final est attendue pour la première moitié de 2026. Quand l’Arménie et l’Azerbaïdjan l’auront signé, la Turquie commencera également à entreprendre des démarches pour normaliser ses relations avec l’Arménie. »

J. Tch.