À l’issue de la rencontre entre le président du Conseil européen Charles Michel, le Premier ministre arménien Pachinian et le président azerbaïdjanais Aliev à Bruxelles, le 14 mai, la déclaration du président Michel rappelle la reconnaissance de l’intégrité territoriale des deux Etats avec réciproquement une superficie de 29 800 et 86 600 kilomètres carrés, et une série d’avancées concernant l’accord de paix entre les deux pays. Une déclaration similaire a été faite l’an dernier dans la capitale tchèque, lors de la réunion de Prague avec la participation du président Macron. Les progrès ne sont pas significatifs, surtout quand dans le même temps les attaques frontalières se poursuivent et la crise humanitaire en Artsakh se prolonge. Le seul avantage de cette situation ubuesque est la poursuite des négociations, au lieu d’une guerre à grande échelle, et c’est probablement le but recherché par le gouvernement arménien.
La déclaration de Charles Michel fait abstraction de la présence de la force de maintien de la paix russe, de la crise humanitaire en Artsakh et de la protection des droits de la population autochtone.
Les gouvernements d’Arménie et d’Azerbaïdjan ne pouvaient ignorer le facteur russe, qui dispose d’environ deux mille soldats de maintien de la paix en Artsakh et d’une base militaire située en Arménie. Pour cette raison, les deux pays belligérants ont convenu de se rencontrer à Moscou, sous les auspices du président Poutine, avant la rencontre de Chisinau, capitale de la Moldavie, début juin, à laquelle participeront Charles Michel, Emmanuel Macron et Olaf Scholz.
Et à propos de l’Artsakh, citons ici, la déclaration de Ch. Michel : «Nous avons poursuivi nos échanges sur les droits et les questions de sécurité des Arméniens vivant dans l’ancienne région autonome du Haut-Karabakh. J’ai encouragé l’Azerbaïdjan à se concentrer sur les droits de cette population et à élaborer un plan positif pour garantir sa sécurité en étroite coopération avec la communauté internationale. J’ai également souligné la nécessité d’un dialogue transparent et constructif entre l’Azerbaïdjan et cette population.» Le ministère des Affaires étrangères de l’Artsakh a réagi à cette déclaration, rappelant qu’en tant que président d’une importante structure européenne, il ne pouvait ignorer la non-exécution des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme et de la Cour internationale de justice, la protection des droits de l’homme, la crise humanitaire de l’Artsakh, le siège de 120 000 de ses habitants depuis cinq mois, l’installation illégale de postes de contrôle frontaliers à l’entrée et à la sortie du corridor de Lachine. Le MAE a déclaré que la République d’Artsakh était intéressée par un accord de paix permanent, et que Le Conseil européen n’est pas en droit de décider du sort du peuple d’Artsakh. Il a rappelé qu’en 1991 la République d’Artsakh a voté en faveur de son autodétermination selon le droit international…
Parallèlement, le Premier ministre Pachinian avait lui aussi appelé à l’envoi d’une mission d’observation internationale à Lachine et en Artsakh pour enregistrer les empiètements que subit la population locale contre la population locale et prendre des mesures pour garantir les droits humains.
Tout cela ne pouvait rester sans conséquence dans la vie politique de l’Artsakh. Le président de l’Assemblée nationale a appelé le président de l’Artsakh, Araïk Haroutunian à rétablir le Comité de protection d’Etat et à nommer deux personnalités politiques, Ruben Vardanian et Samuel Papayan comme membre. Si cet organisme s’avère inefficace, il a conseillé au président de la République de présenter sa démission. Avant cela, les partisans de Samuel Papayan avaient organisé une réunion publique pour que ce dernier soit nommé au poste de ministre d’État de l’Artsakh.
J. Tch.