L’Artsakh est encerclé depuis 182 jours, coupé du monde, se trouvant dans une situation tragique. 182 jours… Impuissants et âme en peine, nous sommes réduits à compter les jours passés sous blocus. Comme le peuple d’Artsakh, nous vivons aussi avec l’espoir d’un déblocage de la situation, avec l’espoir que demain nous n’aurons plus à additionner un jour de plus sur le nombre total de la veille, et que les souffrances des 120 000 habitants prendront fin.
Dans ces conditions, il est pour le moins surprenant de constater qu’« à l’occasion des 200 jours du blocus », par avance, un concert de solidarité a été annoncé il y a déjà plus de deux semaines, au profit du peuple d’Artsakh. Et à en juger par l’annonce, l’ambassadrice d’Arménie en France et le représentant permanent de l’Artsakh l’honoreront par leur présence.
Alors, devrions-nous percevoir cette initiative comme un accommodement à la situation, ou émane-t-elle de prévisions pessimistes, ou encore, compte tenu du fait que les personnalités susmentionnées en quelque sorte la parrainent par leur présence, serait-ce une manière d’officialiser cette situation lamentable ?
Il n’est pas de notre intention de condamner qui que ce soit ni aucune initiative. Bien au contraire, on ne peut que saluer toute action au profit de l’Artsakh. Cependant, à notre humble avis, une telle décision nécessite des explications. Sur quelle base, quelle logique sont programmées de telles initiatives dédiées aux « périodes marquantes du blocus » à venir ? Le fait de planifier à l’avance un événement qui marque les 200 jours du blocus n’a-t-il pas quelque peu un goût de défaitisme et de fatalisme ? N’est-il pas synonyme d’établir le blocus comme situation ?