 
															Une fausse page de fausse information attribuée au journal « Le Monde »
Les réseaux de propagande russes ciblent l’Arménie avec de fausses nouvelles, des vidéos créées par intelligence artificielle et des sites imitant des médias connus.
À quelques mois des élections législatives en Arménie, la Russie intensifie notablement son activité de propagande. C’est ce que confirment non seulement les spécialistes du domaine, mais aussi une enquête de la radio « Azatutyun » (Liberté). Sur Telegram, l’une des principales plateformes de la propagande russe, plus de 20 chaînes portant des noms arméniens ont été identifiées, dont le nombre d’abonnés varie de 1800 à plus de 36 000. Une partie significative de ces chaînes a été ouverte en Russie, certaines juste après la guerre de 44 jours. On y publie régulièrement des informations positives sur la Russie, tandis que l’Union Européenne est présentée comme une force destructrice pour l’Arménie. Ces chaînes russophones se citent souvent mutuellement, diffusent les déclarations de personnalités pro-russes et le discours des médias d’État russes. La vie politique intérieure arménienne est l’un de leurs sujets de discussion les plus fréquents.
Citations issues des chaînes de propagande :
– « « Contrat Civil » doit comprendre que le vol de voix lors des élections […] mènera à une révolution ».
– « Les élections de 2026 décideront si l’Arménie existera ou non » (si elle continuera d’exister ou non).
– « Les élections législatives approchent en Arménie […] Aujourd’hui, l’Arménie se transforme en centre du principal conflit géopolitique entre la Russie et l’Occident ».
– « Si en 2026 […] vous votez une nouvelle fois pour ce régime, sachez que vous opterez pour la voie turque. C’est inéluctable ».
Intelligence artificielle et organisations suspectes
Ces chaînes utilisent également des vidéos créées par intelligence artificielle (IA). Dans l’une d’elles, le Mémorial du Génocide est transformé en panthéon militaire azerbaïdjanais, et le sommet du monument « Arménie Renaissante » est coiffé d’un croissant étoilé. Les auteurs précisent que cela illustre « ce qui arrivera au pays […] si cette politique stupide et dangereuse de rupture des relations avec la Russie […] se poursuit ». Les chaînes couvrent également les activités conjointes des organisations « Eurasia » et « Mission humanitaire russe » en Arménie. Une enquête de la BBC avait révélé qu’« Eurasia » était impliquée dans un réseau de fausses informations financé par la Russie pour interférer dans les élections européennes. « Eurasia » est sous sanctions des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union Européenne pour corruption de citoyens en Moldavie et propagande anti-occidentale.
Journalistes arméniens investigateurs et experts internationaux
Les journalistes arméniens investigateurs constatent également l’intensification de la propagande russe par des campagnes d’information ciblées et de la désinformation. Ils ont récemment découvert des campagnes utilisant la méthode Doppelgänger, qui crée de faux sites imitant des médias occidentaux réputés (BBC, Le Monde, etc.) pour diffuser de fausses informations (par exemple, la fausse nouvelle sur le transport de déchets nucléaires en Arménie par la société française Orano). Les spécialistes notent que « les traces mènent vers la Russie ».
Le professeur Martin Innes (Université de Cardiff), expert en désinformation numérique, affirme que des mécanismes quasi identiques sont utilisés dans les pays post-soviétiques (Arménie, Géorgie, Moldavie). Les organisateurs de ces campagnes étudient l’opinion publique, identifient les sujets de division, puis élaborent des narratifs et des campagnes adaptés.
Les experts prévoient que plus les élections approcheront, plus les campagnes de désinformation deviendront agressives, utilisant également TikTok et l’intelligence artificielle. Récemment, une campagne comprenant 60 vidéos créées par IA et ciblant l’Arménie en lien avec les élections de 2026 a été découverte. La Russie nie catégoriquement les accusations d’ingérence électorale.