L’étau se resserre autour du chef spirituel azerbaïdjanais, le Cheikh-ul-Islam Allahchukur Pachazadé. 

Le site web « Savashmedia.az » vient de rappeler un événement de l’année 2015 au cours duquel Vladmir Dorokhine, l’ambassadeur de Russie en Azerbaïdjan, avait remis au cheikh un « diplôme d’honneur » qui lui avait été décerné par le président russe Vladimir Poutine en déclarant que « Pachazadé avait certes déjà été décoré par l’Union soviétique, mais que cela ne diminuait en rien l’importance de cette nouvelle  attention du président russe». 

Citant des « sources fiables », le media écrit que  le cheikh Pachazadé avait autrefois présenté Ramiz Mehdiev (1), alors chef de l’administration présidentielle, « sur instruction de Moscou , à Mubariz Mansimov, un homme d’affaires azerbaïdjanais vivant en Turquie qui s’occupait d’exportation de pétrole russe et possédait alors une compagnie maritime privée». Un an plus tard, la police d’Istanbul arrêtait Mansimov dans le cadre d’une enquête criminelle ouverte en lien avec la tentative de coup d’État militaire en Turquie. Selon les médias azerbaïdjanais, Moscou aurait à cette époque «chargé le cheikh Pachazadé et le primat du diocèse de Bakou et d’Azerbaïdjan de l’Église orthodoxe russe, Alexy, d’écrire une lettre au président turc Recep Tayyip Erdogan pour lui demander de libérer Mansimov ». 

Il est évident que les sources d’information du média de Bakou ne peuvent être que les services spéciaux azerbaïdjanais et l’entourage d’Ilham Aliev. Seules ces institutions pouvaient être au courant des liens existant entre le cheikh Pachazadé et Ramiz Mehdiev, et savoir que l’homme d’affaires Mansimov avait été arrêté en Turquie comme « agent » de Fethullah Gülen, ennemi d’Erdogan. Mehdiev a été récemment accusé d’avoir tenté de renverser l’ordre constitutionnel en Azerbaïdjan par la force, ainsi que de haute trahison (2). 

Associer le nom du cheikh Pachazadé au nom de ce dernier revient à considérer le chef spirituel de la même manière comme un agent du Kremlin et un ennemi politique d’Ilham Aliev. 

Dans ce type de situation, les soupçons sont généralement confirmés par l’arrestation de la personne concernée. 

Pachazadé a été complètement laissé sur la touche par Aliev ces dernières années (3). 

Une procédure pénale sera vraisemblablement engagée contre lui. 

Rappelons que le cheikh est en place en tant que chef spirituel depuis plus d’un demi-siècle (4).

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(1) Né en 1938, homme politique et académicien, Président de l’Académie nationale des sciences d’Azerbaïdjan, Chef de l’administration présidentielle  de 1994 à 2019.

(2) Il a  été arrêté en octobre dernier.

(3) Pourtant, ce dernier sert l’appareil aliévien de propagande avec un dévouement sans faille auprès de tous ses interlocuteurs religieux, musulmans ou non-musulmans.

(4) Il est avec le Catholicos Illia II de Géorgie, le dernier responsable religieux nommé pendant la période soviétique.